22 août 2016

Poirier : Trevor Harris, le pari de Rick Campbell

Johany Jutras/LCF.ca

GATINEAU – Ce n’était pas le plan imaginé le 9 février dernier…

Lors de cette froide journée d’hiver, le ROUGE et NOIR d’Ottawa a surpris un peu tout le monde en annonçant la mise sous contrat du quart-arrière Trevor Harris pour deux saisons à l’ouverture du marché des joueurs autonomes.

Un geste surprenant, mais pas parce que Harris n’est pas talentueux, loin de là! Mais bien parce que c’est plutôt rare qu’une équipe qui compte sur le joueur par excellence du circuit va chercher un autre joueur de talent à cette même position. Surtout au poste de quart-arrière.

Alors que les amateurs de football et les journalistes voyaient déjà la controverse de quarts se dessiner à l’horizon, la direction du ROUGE et NOIR se donnait des tapes dans le dos d’avoir attiré un joueur de la trempe de Harris dans la capitale nationale.

Le plan de Marcel Desjardins et de Rick Campbell était bien simple : Henry Burris serait partant lors de la saison 2016, alors que Trevor Harris prendrait les rênes de l’attaque en 2017. En théorie, nous ne devions pas voir l’ancien quart arrière des Argonauts diriger l’attaque du ROUGE et NOIR cette année.

Mais, souvent, il existe une grande différence entre la théorie et la pratique.

UN CERTAIN 25 JUIN

Tout le beau plan imaginé par la haute direction du ROUGE et NOIR s’est retrouvé à la poubelle le 25 juin dernier, au milieu du 3e quart du premier match de la saison contre les Eskimos.

Une blessure à un doigt subie par Burris, et voilà que Harris se retrouve aux commandes de l’attaque près d’un an avant la date prévue.

Et Harris a repris exactement là où il avait laissé la saison précédente alors qu’il s’alignait avec les Argos : en dominant les défenses adverses.

En cinq matchs, il a affiché des statistiques qui lui auraient valu d’être considéré comme joueur par excellence de la LCF à la mi-saison s’il n’avait pas été blessé le 22 juillet dernier en Saskatchewan. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 106 passes complétées en 129 tentatives, 1499 verges et neut touchés par la passe, contre une seule interception.

UNE ATTAQUE RYTMÉE

Mais il y a une chose que les chiffres ne disent pas. C’est à quel point l’attaque d’Ottawa dominait pendant cette période. Durant le mois où Harris dirigeait l’unité offensive, tous se demandaient, aux quatre coins de la Ligue, comment arrêter la combinaison entre Harris et le receveur Chris Williams.

Malgré les succès de Burris l’an dernier et tout au long de sa carrière, l’attaque n’a jamais été en mesure de retrouver son rythme depuis que Harris est tombé au combat. Chris Williams, bien qu’encore productif, n’a pas recréé la magie qu’il avait avec le grand numéro 7.

Mais tout n’est pas la faute de Burris. Sa blessure au doigt n’est pas guérie à cent pour cent et la ligne offensive a éprouvé des difficultés contre les Alouettes, vendredi soir.

LE PARI

Une décision devait donc être prise par l’entraîneur Rick Campbell : celle de garder le cap avec le plan initial ou envoyer Trevor Harris à nouveau dans la mêlée. Et l’entraîneur a choisi son camp. Ce n’est pas un désaveu envers Henry Burris, même si je suis certain que ce dernier doit rager de l’intérieur. C’est normal, c’est un compétiteur né.

Mais après l’entraînement de dimanche, Rick Campbell a expliqué qu’il s’agissait de la décision à prendre pour ramener le ROUGE et NOIR sur le chemin de la victoire. Que Trevor Harris jouait à un niveau si élevé avant sa blessure, qu’il devait le renvoyer sur le terrain.

Nous arrivons à la mi-saison dans le cas du ROUGE et NOIR qui disputera son neuvième match de la saison contre les Lions, jeudi soir. Avec une fiche de 4-3-1, l’entraîneur d’Ottawa est tout à fait conscient de l’importance de cette rencontre. Et si Harris doit répéter ses exploits du début de la saison, Ottawa pourrait être l’équipe à battre d’ici la fin du calendrier régulier.

Est-ce que Rick Campbell a parié sur le bon cheval en se tournant vers Trevor Harris? Nous aurons une partie de la réponse dans quelques jours à la Place TD.

Mais celui qui ne risque rien n’a rien.