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21 octobre 2008

Vercheval : la Coupe Grey 1996 et 1997

Par Rick Matsumoto
Collaboration spéciale, LCF.ca

Il aura fallu neuf saisons, mais Pierre Vercheval a finalement soulevé la Coupe Grey au-dessus de sa tête avec les Argonauts de Toronto en 1996.

La photo prise sur la scène où le trophée a été remis permet de voir un Vercheval souriant, qui se tient à côté de Doug Flutie, Mike (Pinball) Clemons, Paul Masotti, Don Wilson et Dan Ferrone, soutenant le calice donné par Earl Grey alors que de gros flocons de neige tombaient. Une image surréelle.

Encore aujourd’hui, Vercheval est reconnaissant envers son entraîneur-chef de l’époque, Don Matthews, pour l’avoir choisi comme l’un des six joueurs qui allaient recevoir le trophée directement du Commissaire du moment, Larry Smith, lorsque les Argos ont remporté la victoire de 43-37 face aux Eskimos d’Edmonton.

«C’était spécial,» a dit Vercheval. «J’ai eu une saison en montagnes russes. C’était ma neuvième saison dans la ligue et ma première Coupe Grey. Le match s’est déroulé dans la neige à Hamilton contre une équipe qui s’appelait Eskimos. Ça n’aurait pu mieux arriver.»

Plus tôt dans la saison, personne ne croyait que le garde étoile allait être sur le podium de la victoire au Stade Ivor Wynne.

Lors du sixième match de la saison, à la fin du quatrième quart d’une victoire de 40-31 contre les Alouettes de Montréal, Vercheval s’est fracturé une jambe.

«Les gens disaient que ma saison était finie,» a dit l’ancien joueur, devenu analyste football à RDS en 2001, dès sa retraite. «J’étais fâché parce que je savais que nous avions une équipe spéciale et que je ne pouvais pas participer à ses succès.»

Mais le joueur originaire de Québec est devenu un rouage important du triomphe des Argos plus tard dans la saison. Il est revenu au jeu pour le dernier match de la saison et pour la finale de l’Est, contre Montréal.

La victoire à la Coupe Grey a été le point d’exclamation d’un revirement complet de situation pour les Argonauts. La saison précédente, l’équipe avait terminé la saison avec une fiche de 4-14 dans la division Nord, la dernière saison de l’expansion ratée en sol américain.

Après être revenue en sol exclusivement canadien, avec neuf équipes, l’organisation de la Coupe Grey a été confiée à Hamilton pour la première fois en 24 ans.

Le jour du match, c’est une chute de neige qui a accueilli les joueurs et les amateurs, des précipitations qui se sont intensifiées au moment du botté d’envoi et pendant tout le match. Les conditions météo n’ont pas empêché les Argos et les Eskimos de livrer l’une des batailles les plus mémorables de l’histoire de la Coupe Grey.

Les deux équipes ont inscrit un total de 80 points et amassé 866 verges d’attaque en dépit de la neige et des vents qui soufflaient jusqu’à 40 km/h. Les deux équipes se sont échangé l’avance à six reprises au cours de la première demie. Les receveurs des Eskimos Eddie Brown et Jim Sandusky ont inscrit des touchés de 64 et de 75 verges respectivement. Malgré la surface glissante, les retourneurs Henry «Gizmon» Williams des Eskimos et Jimmy «Jet» Cunningham des Argos ont retourné des bottés d’envoi sur 91 et 80 verges pour des touchés.

L’issue de la rencontre s’est déterminée avec 1:33 à faire, quand le demi de coin des Argos Adrion Smith a intercepté une passe de Danny McManus pour filer dans la zone des buts, une trotte de 49 verges dans la neige.

Deux de suite!

En 1996, Hamilton était peut-être le paradis de la neige, mais Edmonton l’année suivante était le paradis du froid!

Malgré un mercure qui indiquait -20 C, les Argos étaient en feu et ont écrasé les Roughriders de la Saskatchewan 47-23.

Les Argos avaient les devants 20-9 à la mi-temps et ont inscrit 21 points sans riposte au troisième quart. Le tout avait commencé avec le retour du botté d’envoi sur 95 verges par Adrion Smith.

«Ce fut une grande victoire pour nous,» a raconté Vercheval. «Ça validait l’excellence de cette équipe. Personne ne doutait de l’issue de la rencontre. Ce fut moins difficile pour mon coeur qu’en 1996, où les équipes s’échangeaient l’avance tellement souvent.»

La majorité des amateurs de la LCF reconnaissent que ce qui unit les équipes de 1996 et de 1997 est la présence du quart Doug Flutie.

Et il n’a pas fallu convaincre Vercheval.

«Nous étions talentueux, mais Doug nous rendait bien meilleurs,» a-t-il dit. «Il rendait les receveurs meilleurs, les demis meilleurs. Il nous a facilité la vie.»

«C’était un joueur intelligent qui mettait tout le monde à la position. S’il n’aimait pas le jeu qui arrivait des lignes de côté, il le changeait une fois sur la ligne.»

Vercheval s’est servi de la finale de l’Est de 1997 pour soutenir son affirmation. Quand Flutie effectuait la lecture de la défense montréalaise et qu’il réalisait que le jeu commandé par les entraîneurs n’avait pas de chance de réussir, il changeait le jeu en se penchant au-dessus du centre et criait ses instructions.

Le plus souvent, Flutie changeait le jeu pour un où il conservait le ballon pour courir avec plutôt que de le remettre à un porteur ou de tenter une passe. Il utilisait le code «King» pour indiquer le changement de jeu.

«Il a utilisé ‘’King’’ tellement souvent, j’étais surpris que les Alouettes n’aient pas deviné le stratagème,» a dit Vercheval. «J’étais surpris, ils n’ont jamais allumé.»

Les débuts

Vercheval a grandi dans la région de Québec, à cinq minutes de l’Université Laval, bien avant que l’institution ne possède son programme de football et qu’elle ne devienne la puissance de SIC qui a vu de nombreux de ses anciens joueurs garnir les rangs des équipes de la LCF. Un jour, il a joué au CÉGEP et a participé à un match de championnat dans la région de Toronto, un match qui coïncidait avec la présentation de la Coupe Vanier. Les Mustangs de Western Ontario affrontaient les Thunderbirds de UBC.

«C’est là que tout s’est mis en route,» a raconté Vercheval.

C’est à ce moment qu’il a compris que s’il voulait continuer à jouer au football, il devrait fréquenter une université membre de SIC. Il a choisi Western Ontario.

«Je voulais aussi apprendre l’anglais. Et pour le faire, je devais quitter le nid familial.»

Il a passé qu
atre saisons à Western où il a remporté le trophée Metras en 1987, un trophée remis au meilleur joueur de ligne au Canada. Cette reconnaissance lui a ouvert les portes d’un essai avec les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, mais le rêve de la NFL ne s’est pas réalisé. Il a signé une entente avec les Eskimos d’Edmonton, équipe qui l’avait repêché dans la LCF.

Il a passé cinq années avec les Eskimos, puis a joint les Argos en 1993. Après la conquête de la Coupe Grey en 1997, Vercheval est passé chez les Alouettes. Cette décision a été motivée par sa volonté de préparer son après-carrière.

«C’était la chance de revenir à la maison et de commencer à me créer un réseau de contacts pour la vie après le football. Dans la LCF, on ne fait pas des salaires qui assurent une retraite dorée. Comme joueur de ligne offensive, tu joues tout le temps dans l’ombre.»

«On me connaissait plus au Québec. J’étais un joueur établi, un joueur étoile. Et j’étais un francophone.»

Après quatre autres saisons avec les Alouettes, dont trois où il a reçu le titre de joueur étoile de la LCF (portant ainsi son total à six en carrière), il a pris sa retraite et est devenu rapidement un élément clé de la couverture football de RDS.

En 2007, Vercheval est devenu le premier francophone a être admis au Temple de la renommée du football canadien. Lorsqu’il revient sur sa carrière de 14 saisons dans la LCF, il éprouve satisfaction et compte de nombreux souvenirs.

«J’ai joué avec trois équipes et elles ont toutes une signification particulière pour moi.»

«Edmonton est l’équipe qui m’a repêché. Ils ont vu quelque chose en moi et m’ont donné une chance. L’entraîneur-chef Joe Faragalli m’a donné la chance d’être partant à ma première saison.»

«Toronto est l’endroit où j’ai remporté mes deux Coupes Grey. C’est le but ultime de n’importe qui qui joue dans la LCF.»

«Et le retour à la maison avec les Alouettes. Difficile de demander mieux.»