12 août 2016

Sinotte : L’épreuve d’une vie pour Byron Archambault

Johany Jutras/LCF.ca

MONTRÉAL – Byron Archambault était au septième ciel : capitaine de la première édition des Carabins de l’Université de Montréal à remporter la Coupe Vanier, présence au camp de printemps des Giants de New York, quelque 41 répétitions au développé couché au camp d’évaluation de la LCF, choix de deuxième tour des Tiger Cats lors du repêchage du circuit quelques semaines plus tard… Il était même devenu l’un des meilleurs joueurs sur les unités spéciales de Hamilton, et ce, dès sa première saison.

L’aboutissement de 15 ans d’efforts soutenus. La réalisation d’un rêve pour Archambault qui, à 11 ans, avait annoncé à son entraîneur de l’époque et à sa mère qu’il gagnerait un jour sa vie en jouant au football.

Le secondeur venait de vivre 11 mois pratiquement parfaits. Quelque 11 mois de rêve qui allaient rapidement laisser place à 11 mois de noirceur, de questionnements, d’introspection, d’anxiété et de réadaptation.

L’épreuve d’une vie

Le conte de fées d’Archambault a pris fin le 27 août 2015 face aux Alouettes de Montréal. Sans même être frappé ou touché, son genou a littéralement explosé lors d’un changement de direction. Il n’y avait aucun doute quant à la sévérité de la blessure.

« Dès mon retour au banc des joueurs, le personnel médical savait que le ligament croisé antérieur allait devoir être rebâti », confie Archambault.

L’instant d’un botté, la plus grande épreuve de sa vie allait commencé. Pendant près d’un an, il s’est demandé s’il allait revenir à 100 %, s’il allait pouvoir continuer de gagner sa vie en jouant au football et ce qui avait poussé son corps à l’abandonner ainsi.

Une période de remise en question

La première étape de n’importe quel processus de changement est d’admettre qu’il y a un problème. De son propre aveu, c’est son obstination à devenir plus fort et plus massif qui l’a forcé au rencart.

Le développé couché dictait sa vie. Il pesait plus de 260 livres lors de sa blessure. Quelque 260 livres de muscles qu’il n’avait plus nécessairement l’impression de contrôler.

Il s’est tourné vers trois personnes de confiance pour l’aider à faire cette introspection sportive. Puisque les Tiger-Cats lui ont permis de retourner chez lui pour sa réadaptation, c’est son ancienne famille des Carabins qui l’a accueillie.

« Sans Patrick Gendron [thérapeute sportif], Pierre-Mary Toussaint [préparation physique] et David Ménard [ancien coéquipier et joueur de ligne défensive avec les Lions de la Colombie-Britannique] je n’aurais pas réussi une transformation aussi importante », avoue Archambault.

Ensemble ils ont évalué les failles dans sa préparation et ont trouvé des méthodes alternatives pour la suite de sa carrière.

Quelque 30 livres en trop

La nouvelle approche d’entraînement d’Archambault l’a transformé. En développant mobilité, flexibilité et endurance, le secondeur a travaillé sur des aspects qu’il avait longtemps négligés.

Si sa mission première était de revenir à 100%, Archambault a aussi souhaité laisser sa marque chez les jeunes footballeurs québécois.

« Comparativement au reste du Canada, les footballeurs québécois ont complètement adopté l’entraînement en bas âge, mais trop souvent en priorisant seulement la force brute. Nous sommes souvent bien plus forts que le reste du pays, mais moins mobiles et explosifs », explique Archambault.

C’est dans cette perspective qu’il s’est mis à lancer des défis d’entraînements sur ses médias sociaux. Des mouvements laissant les poids et les haltères de côté au profit d’exercices de charge corporelle.

Workout finisher got me burning some cals @anto.kinum made me do that + 20 sec of ropes and some alternating plank work

A video posted by Byron Archambault (@bobthelifter) on

  My man @langa30 coaching the finishers today. This stuff was brutal. #core #eyesontheprize #thatring #ticats   A video posted by Byron Archambault (@bobthelifter) on

En plus de créer un journal virtuel de ses trois séances d’entraînement par jour (séances cardiovasculaires, de poids et de vitesse), il a souhaité capter l’imaginaire des joueurs d’âge secondaire et collégial qui pourraient, comme lui, être obsédés par la masse gagnée et la charge soulevée.

Il fait maintenant osciller la balance à 233 livres, mais est tout aussi puissant et explosif. Il bénéficie en plus d’une flexibilité supérieure, qui devrait lui permettre une carrière loin de l’infirmerie.

Une gestion des temps libres à revoir

En plus de redéfinir son corps, le défi de demeurer stimuler intellectuellement attendait Archambault.

« C’est difficile de répliquer la sensation de joueur devant 30 000 personnes. Ça te donne une dose d’adrénaline incomparable. Je n’avais pas le choix de trouver une façon pour pallier ce manque de stimulation », souligne le principal intéressé.

Décidant de s’immerger dans quelque chose de complètement nouveau afin de demeurer allumé pendant les longs mois d’hiver, Archambault a réalisé un autre objectif qui lui trottait dans la tête depuis longtemps : il s’est inscrit à l’Université de la Pennsylvanie et a complété, à distance, une spécialisation en administration.

Comme à l’entraînement, c’est en sortant de sa zone de confort qu’il a su garder un équilibre mental.

Un retour au jeu attendu

Avec 30 livres en moins, armé d’une maturité et d’une capacité d’introspection impressionnante, et avec un autre diplôme en poche (il avait obtenu un BAC en études policières lors de son passage à l’Université de Montréal), Byron Archambault s’apprête à boucler la boucle sur l’épreuve d’une vie.

C’est un nouvel athlète qui devrait retrouver, dans les prochaines semaines, le poste qu’il avait involontairement délaissé il y a 11 mois.