12 octobre 2016

Dussault : L’importance d’un leader au sein d’une équipe

Johany Jutras/LCF.ca

MONTRÉAL – Toutes les organisations de la Ligue canadienne de football sont à la recherche de bons joueurs, ça va de soi. Mais la quête pour mettre la main sur les perles rares que sont les leaders n’est pas facile.

Bien des problèmes peuvent être réglés par la haute direction et l’entraîneur-chef. Mais en bout de ligne, un joueur sera beaucoup plus à l’écoute de l’un de ses pairs; quelqu’un qui, comme lui, est sur le terrain, apprend à jouer avec la douleur, apprend à être critiqué par les médias, et qui peut voir sa carrière se terminer à la suite d’un seul jeu fatal. Ceux qu’il côtoie régulièrement sur le terrain lors des entraînements et des matchs comprennent cette réalité. C’est pourquoi, chez les Eskimos d’Edmonton, lorsque le quart-arrière Mike Reilly parle, on écoute! C’est un leader né.

Dans ma carrière d’entraîneur, j’ai vu plusieurs joueurs vouloir assumer ce rôle, certains se levant durant des rencontres d’équipe pour s’adresser à leurs coéquipiers avec des discours remplis d’émotion. D’autres, haranguer les troupes avant un match. Plus souvent qu’autrement, les joueurs se regardaient entre eux en voulant dire « ça achève-tu? ». J’en suis venu à la conclusion que ce n’est pas quelque chose que tu apprends rendu chez les professionnels.

On a créé des catégories de leaders : celui qui prêche par l’exemple, celui qui en impose par sa prestance, son charisme, celui qui est plus vocal, etc. Pour moi, ce n’est pas très compliqué, un leader, c’est quelqu’un qui a une influence positive sur l’équipe dans les bons et les moins bons moments. Surtout les moins bons.

En ce qui me concerne, Mike Reilly des Eskimos est le meilleur leader de la LCF, et ce, toutes positions confondues. Quand il faut changer l’allure d’un match, ça prend quelque chose de spécial!

Mike Reilly mettra de côté tout ce que l’on apprend à un quart-arrière quand vient le temps de se protéger lorsqu’il court avec le ballon. Bien au contraire, non seulement, il n’évitera pas le contact, mais il invitera les joueurs adverses à la confrontation physique. Ce comportement sonnera la charge au sein de son équipe. Mais il y a un prix à payer : Reilly a souvent été blessé. Pour lui, c’est « tout pour l’équipe ».

Je le regardais attentivement lors de la victoire de 40-20 des Eskimos contre les Alouettes. Il s’amenait sur le terrain avec son attaque comme s’il rentrait dans son salon. Calme et en plein contrôle de ses moyens, il plaçait ses joueurs au bon endroit, sans signe de panique, peu importe le temps qu’il lui restait pour mettre le ballon en jeu. Le résultat ne semblait pas l’affecter. Dès le jeu suivant, il reprenait le contrôle. Lorsque la séquence à l’attaque était terminée, c’était le même scénario. Il quittait le terrain calmement tout en encourageant au passage ses coéquipiers, avant d’aller s’asseoir pour préparer la prochaine présence de l’attaque. Toujours aussi calme, il augmentait ou ralentissait le tempo du jeu selon les besoins.

Un leader exceptionnel doit aussi montrer l’exemple par la qualité de son jeu sur le terrain. Mike Reilly répond à tous ces critères, et c’est pour cette raison que j’ose le qualifier de meilleur leader de la LCF. Malheureusement, je n’ai jamais eu l’occasion de lui serrer la main tout en lui disant!