10 novembre 2016

Dussault : L’intensité des matchs sans lendemain

La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Les matchs éliminatoires ne sont pas une nouvelle saison, mais c’est la phase la plus excitante pour les amateurs, les joueurs et les entraîneurs. On ne peut pas balayer du revers de la main les 18 matchs qui nous ont permis d’y accéder. Mais on doit reconnaître que tout est amplifié lors de ces matchs en ce qui a trait à l’intensité sur le terrain et à la préparation dans les salles de réunion.

Je me souviens de ma première participation aux matchs d’après-saison, lorsque j’étais avec les Alouettes. On rentre au bureau et on y retrouve une atmosphère qui nous fait comprendre que nous entreprenons une semaine spéciale : c’est le temps des éliminatoires !

Chez les entraîneurs, c’est toujours aussi fébrile, sauf que la moindre information est échangée entre collègues; qui sait, ça pourrait faire la différence dans le match.

Lors de la finale de l’Est contre les Tiger Cats de Hamilton, j’avais visionné tous les bottés de dégagement qu’avaient effectués les Tiger Cats durant toute la saison, noté d’où ils avaient été faits, la distance, et, bien sûr, l’endroit précis où ils avaient atterri; sur les numéros, au centre, sur les traits hachurés de gauche, de droite, etc.

Je voulais savoir dans quelles situations je devais utiliser deux spécialistes des retours de botté et, surtout, où le ou les positionner parfaitement sur le terrain. Mais là où j’ai compris que ce serait une semaine bien spéciale, c’est lorsque j’ai vu des joueurs arriver beaucoup plus tôt que d’habitude pour visionner des vidéos des Tiger Cats. Tout le monde émettait son point de vue, haut et fort. C’était un échange constant.

Lors de ma première rencontre avec les unités spéciales, tous les joueurs étaient à l’écoute de façon incroyable, même ceux qui n’avaient que peu de chance de se retrouver sur le terrain. On prenait des notes, et au moindre doute sur les changements stratégiques apportés et sur leur rôle à jouer, les questions arrivaient rapidement. Là, ce sont tous les joueurs qui tournaient la tête en direction de celui qui avait posé la question et, bien sûr, vers l’entraîneur qui y répondait. On ne voulait pas qu’un manque de compréhension nous coûte le match.

La pression venait des vétérans. Les jeunes ne devaient pas se présenter à l’entraînement sans bien comprendre leurs responsabilités… Si un joueur commettait une erreur pendant l’entraînement, ses coéquipiers lui faisaient savoir sans équivoque, et ce, avant que l’entraîneur ait pu dire quoi que ce soit.

Les joueurs ne voulaient pas commettre l’erreur qui allait leur coûter le match, et les entraîneurs encore moins. C’était fébrile, mais surtout excitant. Le mot équipe prenait tout son sens. La fatigue, les blessures et les petites chicanes… tout était oublié. C’est ce qu’amène un match éliminatoire sans lendemain!