23 novembre 2016

Mylan Hicks toujours présent chez les Stampeders

LCF.ca

TORONTO – C’est une question qu’Osagie Odiase continue de se poser.

S’il avait été au club, ce soir-là, est-ce que son ami Mylan Hicks serait encore en vie?

« C’est encore pénible », a admis le demi défensif, mercredi. « Ça fait toujours aussi mal, et je suis convaincu que les choses se seraient déroulées autrement si j’avais été là. »

Le 25 septembre dernier, Odiase a choisi de rester à la maison, alors que son colocataire et coéquipier de l’équipe d’entraînement, Mylan Hicks, a préféré aller rejoindre d’autres joueurs de l’équipe dans une boîte de nuit de Calgary.

Hicks, un ancien de l’Université Michigan State, est arrivé tard, et a été mêlé à une altercation. Natif de Détroit et âgé de seulement 23 ans, Hicks a été atteint par balle et est décédé à la suite de ses blessures.

« On m’a dit que l’altercation n’était même pas si grave », a mentionné Odiase. « Il (Hicks) lui a même payé un verre ».

Le décès de Hicks a boulverser le club des Stampeders. Son casque et ses épaulières sont encore en place, dans son casier, dans le vestiaire de l’équipe, et ils y demeureront pour le reste de la saison.

Ce dimanche, ce même casque et ces mêmes épaulières seront en place dans le vestiaire de l’Ouest quand les Stampeders affronteront le ROUGE et NOIR lors de la 104e Coupe Grey, présentée par Shaw.

« On ressent toujours sa présence », a mentionné le demi offensif, Jerome Messam. « Cette année a été très difficile, mais nous sommes restés unis. »

« En tant que coéquipiers, nous sommes toujours là l’un pour l’autre. Mylan était comme un petit frère. Je pense à lui, tous les jours. Nous ne voulons pas que sa vie soit oubliée. »

La mère de Mylan, Renee Hill, son père, Reggie Hill, et sa sœur, Jazzmine Fowlkes, seront tous présents au BMO Field pour le match de dimanche.

« On a déjà dit à madame Hill que nous allions remporter la coupe Grey pour elle », a mentionné le maraudeur Jamar Wall. « Je veux que son dernier souvenir du Canada soit positif. Et nous allons lui donner cette bague. »

En l’honneur de son coéquipier, Wall a changé son numéro pour le numéro 31, soit celui que portait Hicks.

Lors de la finale de l’Ouest, la semaine dernière, Wall a intercepté une passe en fin de deuxième demie, et a couru sur 42 verges pour le touché. Ce majeur donnait les devants 31-0 à Calgary.

« C’était la première fois que je réussissais un gros jeu en endossant ce numéro », a dit Wall. « Porter le numéro 31, et faire le 31e point du match ».

« Je suis un gars religieux. J’ai toujours ce sentiment de l’avoir près de nous. Si ça, ce n’est pas un signe, je ne sais pas ce qui en est un! »

Odiase, natif de Los Angeles, en Californie, a joué six matchs avec les Stampeders cette saison, et avait rencontré Hicks lors d’un camp d’entraînement en Floride.

Hicks aidait Odiase sur le terrain, et les deux hommes partageaient un appartement. Ils distribuaient souvent de la nourriture aux sans-abris qu’ils croisaient sur leur passage, en route vers leurs entraînements le matin.

Environ une fois par semaine, ils invitaient même une personne sans-abris au restaurant.

« Partout où on le voyait, on me voyait », a dit Odiase.

Dave Dickenson, l’entraîneur-chef des Stampeders, a dit que le décès de Mylan Hicks a laissé une cicatrice qui est encore en train de guérir.

« Il y a eu des moments difficiles, et il y en a encore », a-t-il avoué. « Ce n’est pas terminé. »

Dickenson savait qu’il allait y avoir des épreuves lors de sa première saison en tant qu’entraîneur-chef. Voir un joueur perdre la vie à la suite d’une fusillade n’était pas quelque chose à laquelle il était préparé.

« Je ne savais pas quoi faire », a-t-il mentionné. « Je ne savais pas quoi dire aux entraîneurs et aux joueurs. »

« Tu ne veux pas entrer dans un débat politique, mais ça ne devrait jamais arriver. Le jeune vient de Détroit, et a atterri à Calgary. Ça ne devrait jamais arriver. Ça nous touche droit au cœur. Je ne peux pas dire que j’ai bien réagi. Par contre, j’ai fait de mon mieux, et les gars savent que nous avons un but. Nous jouons pour plus que nous-mêmes. »

Les Stampeders ont commencé leur saison avec d’excellents joueurs. Odiase croit sincèrement que la mort de Hicks les a transformés en équipe.

« Notre énergie est phénoménale », a-t-il avoué. « Ça nous a donné un incroyable gain. »

« Lorsque Mylan est décédé, nous nous sommes tous rassemblés. On peut le ressentir lorsqu’on entre dans le vestiaire. Tout le monde sait pour qui nous jouons cette année. Évidement, c’est pour la Coupe Grey, mais c’est aussi pour le numéro 31. »

Messam a dit que l’incident a mis beaucoup de choses en perspective.

« Ça m’a permis d’apprécier la vie et de ne pas tenir les choses pour acquises », a dit le joueur natif de Toronto. « Tu ne sais jamais quand ça sera ton tour ».

Un jeune homme de 19 ans a été accusé de meurtre au second degré pour la mort de Hicks. Il doit comparaitre en mai 2017.

Selon Odiasae, Hicks n’était pas le genre de personne à chercher les problèmes.

« Nous sommes tous les deux assez réservés », a-t-il confié. « Nous n’aimons pas que l’attention soit sur nous ».

Odiase habite toujours dans la maison qu’il partageait avec Hicks. Dans l’ancienne chambre de Hicks, son chandail des Spartans de l’Université Michigan State et son livre de jeu sont étalés sur le lit.

« Tous les matins, je vais dans sa chambre, et je lui fais mes salutations. Pour lui montrer mon respect », a dit Odiase.

On lui demande souvent, pourquoi il ne déménage pas.

« Des fois, je ressens encore sa présence. Pourquoi je quitterais cela? »

D’après un article de Jim Morris publié sur le CFL.ca.