30 novembre 2016

Poirier : La légende d’Henry Burris

Johany Jutras/LCF.ca

GATINEAU – « Je veux gagner un autre championnat. Je veux le gagner ici, à Ottawa. »

Cette citation provient d’Henry Burris. Une courte phrase lancée aux journalistes quelques heures avant le premier match à domicile de l’histoire ROUGE et NOIR, le 18 juillet 2014.

Il était probablement loin de se douter qu’il allait connaître une saison de misère à la tête d’une formation qui n’allait réussir qu’à remporter deux parties cette saison-là.

Probablement qu’il était encore plus loin de penser que cette jeune équipe d’expansion allait devenir une puissance de la Ligue canadienne de football la saison suivante.

Toutefois, je suis certain qu’au plus profond de lui-même, il n’était pas surpris quand il a soulevé au-dessus de sa tête la coupe Grey, dimanche soir, au BMO Field.

Depuis le jour un, c’était son principal objectif. Son but.

Une place dans l’histoire d’Ottawa

Dès le départ, comprenons-nous bien : le vétéran quart de 41 ans n’avait pas besoin de remporter ce troisième titre en carrière pour être considéré comme une légende de la LCF.

Tout comme il n’avait pas besoin de prendre la décision de signer un contrat avec Ottawa et de devenir le visage de cette franchise pendant ses trois premières années d’existence.

Mais il l’a fait. Il a pris cette décision. Il a embrassé ce projet qu’était de relancer une équipe de football dans la capitale nationale.

En connaissant l’histoire de ce sport à Ottawa, plusieurs auraient été découragés de conclure une entente avec cette concession. Après tout, nous parlons des Rough Riders et des Renegades au passé.

Mais Burris a décidé de sauter dans l’aventure. « Smilin’ Hank » a contribué à relancer le football dans cette ville, il est devenu un ambassadeur dans la communauté et il vient de lui donner son premier championnat en 40 ans.

Une ville qui, comme j’expliquais la semaine dernière, a souffert plus souvent qu’autrement en supportant ses différentes équipes sportives, tous sports confondus.

Et je crois sincèrement que cette victoire à la Coupe Grey représente le plus grand moment sportif de l’histoire moderne d’Ottawa.

Boucler la boucle

Henry Burris a 41 ans, dix-sept saisons derrière la cravate, trois bagues de la Coupe Grey, dont deux comme partant, et il arrive au troisième rang de l’histoire pour les verges par la passe.

Il n’a plus rien à prouver dans cette ligue. Et c’était déjà le cas avant même qu’il se joigne au ROUGE et NOIR en 2014.

Avons-nous assisté au dernier rodéo d’Henry Burris? Lui-même ne semble pas connaître la réponse.

« Présentement, je ne pense qu’à passer du temps avec ma famille. Je veux aussi passer du temps avec la coupe Grey. Je ne pense même pas à mon avenir. Je vais consacrer le mois de décembre à mes proches, profiter du temps des fêtes avec eux, et, après ça, on verra ce que le futur me réserve », a-t-il indiqué après la rencontre.

Ce qui est certain, c’est qu’il n’a pas joué dimanche comme un joueur qui semble être prêt à se retirer. Comme un quart-arrière sur le déclin, comme plusieurs de ses détracteurs l’ont laissé entendre cette saison.

Avec une performance de 461 verges par la passe, trois touchés par les airs et deux au sol, et un autre titre de joueur par excellence de la Coupe Grey, le vétéran quart continue de prouver qu’il est encore capable de suivre la parade. Mieux, c’est lui qui mène la parade.

Mais s’il décide que c’est terminé, personne ne lui en voudra.

Il prendra sa retraite comme l’une des plus grandes légendes de la LCF, et il aura marqué l’histoire de cette ligue, autant par ses performances que par sa personnalité unique.

On se souviendra de son caractère, et de quelques interceptions lancées dans des moments critiques, mais on retiendra davantage son sourire et son incroyable désir de vaincre.

Pour les gens d’Ottawa, il sera plus qu’une légende.

Henry Burris et ses coéquipiers du ROUGE et NOIR deviendront des immortels dans la capitale.