23 novembre 2017

105CG : Les Stamps et les unités spéciales

La Presse Canadienne

OTTAWA — Le périple de la semaine de la 105e Coupe Grey se poursuit en ce jeudi 23 novembre, alors que les Argos et les Stamps se sont rendus au Centre Shaw d’Ottawa pour la journée des médias.

Un grand salon. Un beau décor. Des caméras. Des reporters. Et beaucoup de questions.

Des questions de football, bien sûr. Des questions sur l’affrontement de dimanche, certainement.

Les unités spéciales sont l’un des trois aspects du succès d’une formation de football.

Oui, l’attaque. Oui, la défense. Mais « Oh! Que oui », les unités spéciales.

Que sont-elles ces unités, au juste? Et qu’ont-elles de si spécial? Eh bien, le spécial se trouve dans la spécialité. Ce sont des joueurs qui se spécialisent, souvent, dans un seul aspect du jeu.

Pierre-Luc Caron, spécialiste des longues remises, en est un bon exemple, lui qui remet le ballon, telle une torpille lancée en temps de guerre. Cette torpille se fera attraper par le prochain soldat qui la déposera à la verticale, un peu de biais, puis se fera exploser par le pied du « catapulteur ».

Cedit « catapulteur », précis comme pas un, enverra le missile entre les deux poteaux — communément appelés le « H » —, pour trois points additionnels à son équipe.

Souvent, ces trois points font la différence dans un match décisif comme celui de la 105e Coupe Grey qui s’en vient.

Et des trois points décisifs, le botteur des Stamps Rene Paredes en a réalisé tout plein dans sa carrière, lui qui a réussi 53 de ses 58 bottés de placement, cette saison, faisant de lui le botteur le plus précis de l’histoire de la LCF.

Voilà une statistique importante, en vue du match de dimanche prochain.

« C’est très important les unités spéciales », explique Paredes. « On ne le reconnaît pas assez, en général, mais pour nous, joueurs – et pour les entraîneurs —, c’est un aspect du jeu qui est majeur. Qui peut changer l’allure d’un match. »

« Vous n’avez qu’à regarder ce que fait Roy [Finch] sur le terrain. Il retourne des bottés de dégagement d’une façon incroyable, ce qui nous donne beaucoup d’espace pour travailler. »

Roy Finch, avec ses retours de botté explosifs, donne souvent un très bon positionnement de terrain aux stamps (The Canadian Press).

Parlant de Roy Finch, le rapide retourneur a connu toute une saison 2017, lui qui a cumulé 2161 verges de gain au total, le plaçant au cinquième rang de la Ligue canadienne de football (LCF). De plus, il a marqué trois touchés, lors de retours de botté de dégagement, cette année.

Impressionnant pour quelqu’un qui a été blessé pour une partie de la campagne.

« L’un des aspects les plus importants lors d’une rencontre est la position sur le terrain », dit Finch. « Et c’est ce que j’essaie de donner à mon équipe. »

« La formation qui a le moins de distance à parcourir avant d’atteindre la zone des buts et celle qui ne redonne pas le ballon trop souvent a, je crois, 80 à 90 % de chances de remporter le match. »

« C’est gros. Et c’est un aspect du jeu que j’apporte tous les matchs. Ça me donne beaucoup de momentum et de confiance, mais, plus important encore, ça en donne à mon équipe, à mes coéquipiers. »

Voyant Finch courir, lors d’un retour de botté… Son explosion. Son adresse. Sa témérité. On se demande ce qui peut bien lui passer par la tête au moment où il attrape le ballon?

« Lorsque j’attrape le ballon, j’ai la confiance qu’il faut pour aller jusqu’au bout », affirme-t-il. « Si les coéquipiers devant moi font ce qu’il faut, nous sommes imbattables dans ce genre de situation. »

Oui. Il faut rendre à César ce qui est à César. Les blocs que Finch obtient de ses coéquipiers devant lui, lorsqu’il court, l’aide assurément à être aussi dominant.

« Je n’aime pas trop parler de moi », précise Finch. « Je laisse mon jeu parler à ma place. »

Voilà de l’humilité bien placée.

« Lorsque j’attrape le ballon, j’ai la confiance qu’il faut pour aller jusqu’au bout. Si les coéquipiers devant moi font ce qu’il faut, nous sommes imbattables dans ce genre de situation. »

Roy Finch

Avec tous les succès que Roy Finch a connus lors de la saison et pendant les éliminatoires, il y aura certainement un prix sur sa tête. Les Argos ne le laisseront pas filer à toute allure.

« J’ai vraiment l’impression que toutes les fois que je vais mettre le pied sur le terrain, les Argos sauront où je serai. »

« Ils auront deux gars sur moi en tout temps, m’espionnant et me suivant partout où je vais aller. »

« Ce sera un jeu d’échecs. Et pour jouer au football à ce niveau il faut être très intelligent et patient. Alors qu’ils mettent deux gars sur moi, peu importe, j’y suis habitué. Il ne faudra pas que tout ça me fasse sortir de ma zone de confort et de mon plan de match. »

Parions que ce jeu d’échecs nous mènera peut-être à une fin de match dramatique où un petit jeu – qui deviendra énorme, bien sûr – pourrait faire la différence entre les gagnants et les perdants.

C’est là où Rene Paredes pourrait entrer en scène, lui qui nous dit qu’il n’aimerait pas que ça en vienne à ce moment.

« Je ne sais pas combien de bottés de placement victorieux j’ai pu concrétiser dans ma carrière, mais je n’aime mieux pas y penser. Je crois que je n’ai jamais botté un ballon pour la victoire en matchs éliminatoires et c’est très bien comme ça. En espérant que la partie se décide autrement. »

Mais si le moment arrive, où Paredes se doit de le faire.

Dernier jeu du match. Zéro seconde au cadran. 30-28 pour l’équipe adverse. Le botté de la victoire à la pointe du pied. La foule crie. Trompettes. Cloche. Gong. La neige se met à tomber. Bref, la totale.

Comment fait-il pour rester concentré?

« Je procède comme pour tous les autres bottés », explique Paredes. « J’essaie de ne pas trop me mettre de stresse sur les épaules, je reste concentré et je garde la même routine. Je tente de relaxer le plus possible. »

Mais comment rester détendu, lors du match de la Coupe Grey?

C’est ce que l’on appelle être un pro…