25 novembre 2017

Les Stamps veulent gagner, puis festoyer

Patrick Doyle/LCF.ca

OTTAWA – L’odeur attire rapidement l’attention de nos narines. Elle émane du camion de rue du SmoQue, où un cuisinier badigeonne des côtes levées avant de les envoyer dans le fumoir.

Un peu plus loin, deux fiers partisans des Tiger-Cats d’Hamilton partagent un fou rire. À leur droite, sous un chapiteau des Lions de la Colombie-Britannique, un groupuscule accoutré aux couleurs des Eskimos d’Edmonton fait vibrer le pavé en tapant du pied. Il n’y a pas à dire, nous sommes à la bonne place.

Le cœur est effectivement à la fête autour de la Place TD d’Ottawa, arène de la 105e Coupe Grey disputée demain soir entre les Stampeders de Calgary et les Argonauts de Toronto.

C’est bien beau les festivités, mais l’attente a assez duré. Tout a été dit. Tout a été écrit. Mais tout reste à faire.

Éviter le piège

Une fine bruine tombe du ciel ottavien en ce samedi matin à l’occasion du dernier entraînement des Stampeders.

Sur le terrain, l’ambiance est décontractée.

Charleston Hughes y va de quelques pas de danse. Roy Finch distribue les accolades en quantité industrielle.

Un peu plus loin, les colocataires William Langlais et Pier-Luc Caron s’adonnent à des prises d’arts martiaux mixtes dans le vide… ne posez pas de question.

Le tableau blanc a été rangé. Les joueurs connaissent la routine. C’est un refrain qu’ils fredonnent depuis six mois. Pas question que ce soit différent à la veille de la grande messe du football canadien.

On les sent légers, mais également très concentrés.

C’est que l’an passé, certains joueurs des Stamps s’étaient imaginé sabrer le champagne avant même qu’on leur ait remis le sabre. Le Rouge et Noir d’Ottawa en avait toutefois décidé autrement.

Cette fois, pas question de retomber dans le piège.

«La Coupe Grey, c’est le fun. Mais il y a aussi un côté business, a souligné le demi défensif Adam Thibault. Il faut savoir bien les jumeler. J’ai l’impression que l’an passé, certains gars avaient peut-être la tête ailleurs. Mais ce n’est plus cas. On aura du fun quand on gagnera, c’est l’attitude qu’on a adoptée.»

Il faut effectivement gagner avant de festoyer. Et ce privilège, les joueurs ont compris qu’ils devront le mériter.

«L’expérience de l’année passée a été très utile. On a grandi de ça. J’aime notre concentration en ce moment. La tête est à la bonne place. Il y a toujours une nervosité, mais les gars sont calmes. Ça démontre un bon niveau de confiance», a fait savoir le spécialiste des longues remises, Pier-Luc Caron.


 
Une fierté

À l’instar de ses ouailles, c’est un Dave Dickenson détendu et tout sourire qui s’est présenté sur le podium après l’entraînement. À quelques reprises, l’entraîneur-chef ne s’est pas gêné pour tirer la pipe des scribes entassés dans la salle.

Et on peut le comprendre. La formation albertaine est une habituée de ce party.

Au cours des six dernières années, celle-ci a pris part à la dernière danse à quatre reprises. Mais elle n’a festoyé qu’une seule fois. Dickenson n’éprouve toutefois aucun complexe. Bien au contraire. Il en tire plutôt une grande fierté.

«Une des choses dont je suis le plus fier, c’est qu’on se rend plus que n’importe qui d’autre au dernier party, a indiqué Dickenson. Année après année, nous sommes de la finale.»

La défaite crève-cœur contre le Rouge et Noir au compte de 39-33 en prolongation l’an passé ne le hante plus du tout.

«Je suis passé à autre chose, a-t-il dit. Si tu n’as rien appris de ça, c’est que tu es stupide. J’ai la certitude d’avoir appris beaucoup, même si je suis encore la même personne.»

Repos, dodo, boulot

À un peu plus de 24 heures du match fatidique, les joueurs avaient bien hâte de rentrer à l’hôtel afin de faire le vide.

De son côté, le quart Bo Levi Mitchell ne prévoyait pas avoir le nez dans les cartables bien longtemps. Il comptait plutôt s’encloîtrer dans sa chambre et avoir à l’œil son co-chambreur, Alex Singleton, dont les goûts cinématographiques laisseraient à désirer.

«Je vais probablement regarder un film. J’ai laissé Alex (Singleton) choisir le film en début de semaine. C’était une mauvaise idée!», a pesté le numéro 19.

Pour sa part, le pilote des Stamps doit encore besogner.

«La chose la plus difficile sera de déterminer l’alignement, a reconnu Dickenson. Ça me stress un peu. Nous avons quelques joueurs amochés, alors on devra faire des choix. La météo aussi aura un impact important. Nous allons devoir adapter le plan de match en fonction de ça.»

Calgary ou Toronto? Faites vos jeux.