L’histoire de la légende qu’est devenue Joey Moss à Edmonton

Dès le début de ce qui allait essentiellement devenir une vie entière passée dans les vestiaires des Eskimos et des Oilers d’Edmonton, Joey Moss est devenu un élément incontournable des deux clubs.

À la demande de Wayne Gretzky, Moss s’est joint aux Oilers pendant la saison 1984-85, puis aux Esks en 1986. Il a instantanément trouvé sa place au sein de ces deux équipes. Au passage, Moss s’est glissé au cœur de la Ville d’Edmonton.

L’histoire de Moss, aujourd’hui âgé de 54 ans, est un remarquable récit racontant comment deux équipes sportives professionnelles et une ville tout entière ont embrassé et valorisé une personne atteinte du syndrome de Down.

« Les gens d’Edmonton le connaissent depuis si longtemps et sont toujours un peu surpris de le voir encore là, au boulot », a dit Steven, le cadet de Joey. « Il a toujours un sourire accroché au visage. La manière dont il salue la foule; il place ses deux bras en l’air, il reçoit des applaudissements et il affiche un large sourire. »

Steve est le plus jeune d’une famille de 13 enfants, dont Joey (le 12e), qui est cinq ans plus vieux. À 15 ans, Steve est devenu le premier membre de la famille Moss à travailler pour les Oilers, lorsqu’ils ont gagné leur première Coupe Stanley. Joey s’est joint à l’équipe un an plus tard, et, comme Steve le souligne, il n’a jamais regardé derrière lui.

« J’ai eu la chance de le voir travailler dans le vestiaire et de le voir interagir avec les joueurs. L’énergie positive qu’il apporte à ce vestiaire a fait de lui la personne qu’il est aujourd’hui. Ils ne peuvent plus se passer de lui. »

Pendant toutes ces années passées dans les vestiaires et pendant tous ces moments glorieux dont il a fait partie – des personnes au sein des deux clubs soutiennent depuis plusieurs années que Joey est la personne la plus célèbre d’Edmonton sans même le savoir –, Joey est devenu cet agréable visage familier toujours au rendez-vous. Il se trouve aux côtés de Gretzky sur l’une de ces historiques photos d’équipe des Oilers, ou vous pouvez l’apercevoir au bout du banc des joueurs des Oilers, à chanter les hymnes nationaux canadien et américain. Parfois, on pouvait le voir faire du ménage dans les vestiaires des Oilers et des Esks pendant que les joueurs répondaient aux questions des membres des médias après un match.

Au passage, Joey est devenu un symbole à Edmonton. Il a commencé à se faire inviter lors d’événements caritatifs, se souvient Steve, parfois pour chanter l’hymne national, ou tout simplement parce qu’on voulait qu’il soit présent. En 2003, il a remporté le trophée Seventh Man de la LNH, un honneur remis à un membre de la LNH qui fait, dans les coulisses, une différence dans la vie des gens. En 2008, une murale a été dévoilée sur la rue 99 à Edmonton. On y voit Joey portant un manteau vert et doré des Eskimos, saluant la foule dans les estrades du stade du Commonwealth, avec le vieil aréna Northlands Coliseum derrière lui.

De tous les moments magiques qui ont eu lieu au cours des années, voir Joey souffler ses 50 bougies est celui qui se démarque le plus aux yeux de Steve.

« Son anniversaire a duré presque trois semaines », a dit Steve en riant.

Sa famille, ses amis, les Esks et les Oilers, ainsi que l’Association Winnifred Stewart (une organisation qui aide les personnes handicapées à vivre pleinement leur vie dans leur communauté) lui ont organisé une fête pour célébrer cette étape importante. Les Esks lui ont rendu hommage pendant un match, après lequel un gâteau cuit spécialement pour lui l’attendait dans le vestiaire.

« C’était une fête d’anniversaire sans fin. Toute la ville voulait célébrer », a dit Steve. « C’était gros. C’est probablement la fois où ça m’a le plus frappé. »

Peu de temps après l’annonce de l’intronisation de Joey au Panthéon des sports de l’Alberta, en 2015, le gérant de l’équipe des Eskimos, Dwayne Mandrusiak, a mentionné que sa compassion avait fait de lui un morceau irremplaçable de ses équipes.

« Il voit un joueur être retranché, et il sait que ce dernier est probablement triste ou fâché. Il va aller le voir, il va même le serrer dans ses bras, et il va lui dire que tout va bien aller », a dit Mandrusiak au Edmonton Journal. « Nous sommes tous effrayés et nous nous demandons tous ce que nous allons dire à un joueur dans une situation semblable. Puis Joe va voir ce joueur et commence à lui parler. »

Pour tout le plaisir que procure Moss dans un vestiaire – il y a des histoires légendaires de lui ayant des matchs de lutte avec des joueurs, racontant des blagues ou trouvant la phrase pour faire rire tout le monde –, il fait toujours son travail avec diligence.

« J’avais l’habitude de dire aux travailleurs que les enfants m’embêteraient et que je leur dirais : »Je vous échangerais tous contre un autre Joe Moss  » », a déclaré Mandrusiak en 2015. « Le problème, c’est qu’il n’y a qu’un seul Joe Moss. »

D’après un texte de Chris O’Leary publié sur CFL.ca.