La fin d’une époque chez les Lions de la Colombie-Britannique

VANCOUVER – Pendant ses 23 ans sur les lignes de côtés, Wally Buono semblait toujours prêt et avait toujours l’air d’avoir la bonne réponse. Ce fut donc une dernière rencontre avec les membres des médias en tant qu’entraîneur-chef des Lions de la Colombie-Britannique émotive pour Buono, qui peinait à retenir ses larmes mardi.

Buono s’est fait demander comment il pouvait résumer ce qu’il avait accompli comme joueur, comme entraîneur et comme directeur général dans la LCF.

Buono, 68 ans, intronisé au Temple de la renommée du football canadien en tant que bâtisseur en 2014, a pris un long moment avant de prendre la parole.

« La réponse que vous ne vous attendez pas c’est… », a-t-il finalement dit en murmurant. « Pourquoi moi? »

« J’ai été choyé. Dieu a été bon avec moi. Je continue de lui demander, pourquoi moi? Et je n’ai toujours aucune réponse à cette question. »


 
Buono a amorcé la saison 2018 en confirmant que c’était sa dernière. Il a remporté 282 matchs pendant sa longue carrière, les 153 premiers comme entraîneur-chef des Stampeders de Calgary.

S’il avait encore des doutes, le dernier match des Lions, un revers embarrassant de 48-8 aux mains des Tiger-Cats de Hamilton en demi-finale de l’Est, l’a convaincu qu’il quittait le monde du football au bon moment.

« Je n’ai jamais aimé perdre », a dit Buono. « J’ai toujours dit qu’il n’y a rien à gagner quand tu perds. »

« Après une défaite, vous devez faire un deuil, surtout à la fin de la saison. C’est ce que je fais en ce moment. Ça me rappelle pourquoi entraîner est si difficile. Une défaite vous frappe à la tête et vous fait réaliser que vous ne pouvez pas en recevoir trop. »

Pour huit des neuf équipes dans la LCF, le ménage du vestiaire à la fin de la saison est une journée un peu sombre.

À moins d’avoir gagné la Coupe Grey, votre équipe n’a pas réussi à atteindre l’objectif qu’elle s’était fixé lors du camp d’entraînement. Il y a aussi certains joueurs qui font leurs bagages et qui échangent des poignées de mains qui ne seront pas de retour le printemps suivant.

Le dernier rassemblement des Lions était particulièrement triste. Ce n’était pas seulement la fin de la saison, mais la fin d’une époque pour la franchise.

« Cette année, c’est différent », a dit le quart-arrière Jonathon Jennings, qui a vécu des hauts et des bas avec les Lions.

« Je ne me suis jamais senti comme ça au cours de mes quatre ans avec l’équipe. Je ne peux pas vraiment dire pourquoi. Je crois que c’est la fin d’une époque. »

UN BUONO WALLY DÉCOURAGÉ REGARDE LES DERNIÈRES SECONDES D’UNE LONGUE ET RICHE CARRIÈRE S’ÉCOULER, ALORS QUE LES LIONS ONT ENCAISSÉ UN CUISANT REVERS DE 18-8, DIMANCHE (Adam Gagnon/LCF.CA)

Buono quitte la LCF avec un héritage intact. Il a été l’entraîneur-chef de l’année à quatre reprises, il a mené ses équipes 13 fois à la Coupe Grey et en a remporté cinq. Avec son départ, le vent de changement soufflera dans le vestiaire de la Colombie-Britannique, alors que le directeur général Ed Hervey qui prendra le contrôle de l’équipe.

À sa première année comme directeur général, Hervey a ajouté plusieurs vétérans à sa formation, comme Joel Figueroa, Shawn Lemon, Odell Willis, Anthony Orange et DeVier Posey.

Il a donné du crédit à son équipe, qui a terminé la saison avec une fiche de 9-9 dans la très compétitive division de l’Ouest et qui a accédé à la demi-finale de l’Est via la règle du croisement. Mais n’empêche que les Lions ont manqué de constance cette saison, une campagne qui s’est terminée avec trois défaites et par un pointage combiné de 109-33.

« Notre équipe a appris que vous ne pouvez arrêter puis tenter de recommencer », a dit Hervey.

« Je ne suis pas certain qu’émotionnellement, depuis qu’ils avaient obtenu leur billet pour les éliminatoires, ils étaient capables d’avoir assez d’énergie pour jouer et passer à la prochaine étape. »

La première tâche d’Hervey sera d’embaucher un entraîneur-chef. Plusieurs noms comme Marc Trestman, DeVone Claybrooks et Orlondo Steinauer ont été mentionnés comme des candidats possibles.

Hervey ne regardera pas ailleurs que dans la LCF pour trouver son prochain entraîneur-chef.

« Ce sera quelqu’un de la LCF », a-t-il dit. « Je crois que nous trimons dur dans la Ligue pour ses opportunités. Je crois qu’il y a des gens qui travaillent très fort dans cette ligue et qui méritent cette opportunité. C’est comme ça que je vois les choses. »

Puis, vient la question des joueurs qui resteront, de ceux qui quitteront, et de ceux dont les Lions auront besoin.

« L’équipe aura une nouvelle allure l’année prochaine », a dit Hervey. « Évidemment que l’équipe sera différente. »

« Je ne crois pas qu’il y aura un énorme changement dans la formation. Honnêtement, nous devons être plus dynamiques dans certains aspects, et plus rapides dans certains autres. J’aimerais qu’une partie de mon équipe soit plus grande et athlétique. »

Le choix du quart-arrière sera une priorité. Jennings, 26 ans, et Travis Lulay, 35 ans, seront tous les deux des joueurs autonomes et sont à la croisée des chemins dans leur carrière. Hervey ne veut pas commenter pour l’instant le futur de ses deux joueurs.

« Je ne peux pas faire de choix en ce moment, je ne suis pas prêt à le faire », a-t-il dit.

Il y a déjà des plusieurs rumeurs qu’Hervey pourrait mettre sous contrat l’actuel quart-arrière des Eskimos d’Edmonton, Mike Reilly.

Hors du terrain, les Lions devront trouver un moyen de faire revenir les partisans au stade.

La plus grosse foule cette année a été de 24 114 spectateurs, pour le dernier match de Buono au BC Place. Les Lions sont dans un marché dominé par la LNH, avec les Canucks, et se battent aussi contre les Whitecaps dans la MLS. Les Seahawks de Seattle, dans la NFL, ne sont qu’à trois heures en voiture.

Buono félicite le propriétaire David Braley pour son soutien, mais il a souligné qu’il serait temps que quelqu’un d’autre prenne les rênes de l’équipe localement.

« Quelqu’un d’autre doit mener cette organisation », a dit Buono. « Une nouvelle voix doit être entendue.»

Buono pense à sa vie après le football. Partir à la retraite a été plus facile en sachant qu’Hervey avait une vision pour l’avenir des Lions.

« Je crois vraiment qu’Ed est la bonne personne », a dit Buono. « Il s’est engagé à gagner. Il travaille fort. »

« Je croyais que j’étais déterminé et concentré. Je dirais qu’Ed me surpasse moi-même par rapport à ça. »

D’après un texte de Jim Morris publié sur le CFL.ca.