16 mai 2019

Enrique Yenny : D’Aguascalientes à Montréal, avec un détour par Atlanta

Dominick Gravel/Alouettes de Montréal

MONTRÉAL — À le voir s’entraîner en compagnie du spécialiste des longues remises Maxime Latour, le numéro double zéro semble être n’importe quel autre botteur tentant de se tailler un poste au sein d’une équipe de la Ligue canadienne de football.

Mais l’histoire d’Enrique Yenny est tout sauf banale.

Le botteur de 25 ans tente de devenir le premier Mexicain à se tailler un poste au sein du circuit canadien. Son arrivée à Montréal est d’ailleurs l’œuvre du commissaire Randy Ambrosie en quelque sorte. La LCF 2.0 mise de l’avant par ce dernier a mené à la signature d’entente de partenariat avec plusieurs fédérations nationales, dont celle du Mexique.

Les clubs de la LCF ont mené un camp d’essai en mars dernier, suivi d’un repêchage des meilleurs éléments disponibles. Avec la troisième sélection, les Alouettes ont choisi Enrique Gerardo Yenny Romero.

Comme la majorité des jeunes Mexicains, Yenny a d’abord joué au soccer. Le natif d’Aguascalientes s’est ensuite retrouvé à Atlanta pour ses études secondaires. Sans technique, il s’amusait à botter des ballons de football. Un de ses bottés a attiré l’attention de l’entraîneur du club.

«Le botté a franchi près de 60 verges, sans aucune technique. Ça l’a impressionné et il m’a demandé de me joindre à l’équipe, a raconté Yenny lors de la première journée du camp des recrues des Alouettes, mercredi. Je ne voulais pas vraiment au début, mais je me suis dit que je pourrais essayer. Je suis tombé en amour avec le sport.»

Il a ramené cet amour chez lui, où il évoluait pour les Borregos (Béliers) de l’Institut de technologie de Monterrey-Toluca quand les Alouettes l’ont repêché, après l’avoir épié lors de la séance d’essai.

«Ç’a été une grande expérience, l’opportunité d’une vie, a-t-il dit au sujet de cette séance d’essais. Je ne pensais jamais pouvoir jouer ici, mais grâce à Dieu, c’est une réalité. Je travaille très fort pour donner le meilleur de moi-même ici afin de percer la formation. Il faut que j’y aille étape par étape. Ça a été un long parcours, mais je pense que je suis sur le point d’arriver à destination.»

Car Yenny ne vient pas que pour apprendre : il compte rester. Peu importe ce qu’on lui offrira.

«Ils n’ont rien mentionné au sujet de la formation d’entraînement, mais je veux apprendre. Si je dois me joindre à la formation d’entraînement, je n’ai rien contre, a-t-il affirmé. C’est certain que tout le monde veut jouer. Je vais donner le meilleur de moi-même, et si je dois aller sur la formation d’entraînement pendant une saison afin de devenir un meilleur botteur, ça me va.»

Cette soif d’apprendre revient d’ailleurs souvent au cours de la conversation avec le footballeur de six pieds deux et 220 livres.

«Je tente d’absorber tout ce que je peux et j’apprécie chaque seconde de cette expérience. Je veux tout apprendre: comment perfectionner mes bottés, parler français, tout ce que je peux. (…) La prochaine étape est de percer la formation et d’apprendre de tout le monde autour de moi. Il y a toujours quelque chose à apprendre, alors la prochaine étape est d’être un meilleur botteur, une meilleure personne.»

Si on le sent à l’aise sur les bottés de dégagement — il a réussi plusieurs bottés de 55 verges à l’entraînement de mercredi —, les placements, eux, semblent un peu plus laborieux.

«La meilleure partie de mon jeu, c’est les dégagements, car ça ne change pas beaucoup avec le ballon de taille différente. Les plus gros ballons rendent toutefois plus difficiles les placements, mais je m’y habitue tranquillement.»

Yenny croit que cette entente entre le Mexique et la LCF pavera la voie à la venue de plusieurs joueurs de son pays.

«Il y a plusieurs joueurs de football au Mexique. Des gens avec beaucoup de talent. L’équipe nationale a plutôt bien fait au cours des dernières années», a-t-il souligné.

La LCF semble vouloir faciliter la venue de joueurs internationaux: selon les premières informations qui ont coulé, la prochaine convention collective, qui a fait l’objet d’une entente de principe mercredi, laisserait la place à un 45e joueur dans la formation ne comptant pas dans le ratio de joueurs américains et canadiens. De quoi faciliter l’expérience mexicaine ou européenne qu’Ambrosie semble vouloir mettre de l’avant.

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