4 juillet 2019

Originaire de l’Iran, Kousha fait sensation au Canada

DMCI Photography

WINNIPEG – Il a fallu peu de temps à Kiarash (Kia) Kousha pour réaliser qu’il aurait besoin de beaucoup d’énergie, de détermination et d’audace s’il voulait que ça fonctionne.

Kousha voulait jouer au football – un sport qu’il ne connaissait pas du tout.

Son seul contact avec le sport? Devant un écran, à l’autre bout du monde. Il avait regardé un film dans lequel il y avait des séquences du sport. Kousha avait peur et était nerveux par le simple fait qu’il n’y connaissait pas grand-chose en matière de règlement et d’exécution.

Bienvenue dans le monde d’un jeune winnipegois âgé de 17 ans qui, il y a quelques années seulement, habitait dans la capitale de l’Iran. Un pays dans lequel les jeunes sont plutôt tournés vers le sport national de l’endroit : la lutte.

Kousha est arrivé au Canada avec sa famille, et l’ajustement à son pays d’adoption s’est fait lentement. Il fréquente maintenant l’école Daniel McIntyre Collegiate, une institution de Winnipeg fréquentée majoritairement par une population issue de l’immigration. Rapidement, Kousha s’est rendu compte que son école possédait une réputation pour son programme de football.

Kousha prend la pose à l’extérieur de son école secondaire, Daniel McIntyre Collegiate Institute (DMCI Photography)

« Lorsque nous sommes arrivés au Canada, en juin 2017, j’ai remarqué à quel point nous étions libres ici, et, plus tard, à l’arrivée de l’hiver, à quel point il peut faire froid ici », a dit l’élève de 11e année. « J’ai regardé un match de football ici et j’étais gêné par mon ignorance à propos du sport et à quel point les Canadiens sont bons. »

Et la situation a changé rapidement pour l’immigrant de six pieds et de 175 livres.

Un ancien nageur de haut niveau dans son pays d’origine, Kousha a informé ses parents qu’il voulait jouer au football. Il n’avait pas d’expérience et il était conscient des exigences physiques imposées par le sport. Il se souvient de la résistance de ses parents, qui préféraient que leur fils pratique ce qu’ils considéraient comme des sports « plus sécuritaires ».

Mais Kousha était motivé et animé par une volonté de faire une différence.

Il n’a pas dit à ses parents qu’il s’était inscrit pour jouer au football, espérant que ses succès lui permettraient de gagner leur amour et leur respect. Un jour, de retour à la maison avec quelques ecchymoses, il savait bien qu’il ferait face à quelques questions et peinait à trouver des réponses qui rassureraient ses parents. Il a fini par leur dire, tout simplement, et ses parents ont fait de leur mieux pour le soutenir dans sa démarche.

Son histoire ne comprend pas que des moments presque tirés d’un film. Il y a eu des moments enlevants et des hésitations. Avec un potentiel qui semble sans limites et avec sa capacité de réaliser des jeux spectaculaires, le jeune homme voulait tout simplement jouer, d’avoir du plaisir et de tenter d’être à son meilleur chaque fois qu’il mettait le pied sur le terrain.

Il savait qu’il devrait travailler fort pour convaincre ses parents. C’était sans compter un défi qu’il n’anticipait pas du tout et qui s’est présenté très tôt dans sa première saison, lors d’un match contre Miles Macdonell Collegiate : il allait devoir affronter une fille!

« Je ne savais pas trop comment la plaquer », se souvient Kousha, qui jouait comme secondeur à ce moment-là et qui croyait que le football n’était qu’une affaire de garçons. « J’ai rapidement compris avec les conseils de mes entraîneurs. Dans ce sport, si je ne l’arrête pas, c’est elle qui va me renverser! »

Un de ses entraîneurs, John St. Cyr, se souvient très bien de ce moment.

« Il était hésitant et craignait d’avoir à plaquer une fille », a dit St. Cyr. « Elle fonçait vers lui, et notre coordonnateur défensif lui disait qu’il devait l’arrêter. »

St. Cyr se souvient de Kousha comme d’un joueur qui apprenait rapidement et qui, depuis, est devenu un excellent joueur. Il termine aujourd’hui son passage à l’école secondaire et il pourrait bien figurer sur la liste de recrutement de plusieurs programmes universitaires. Ses notes sont excellentes et il désire devenir médecin, de quoi en faire un candidat sérieux et intéressant.

« La première fois que je l’ai vu, il était gêné, humble et n’avait pas de technique. Mais il avait soif d’apprendre et d’essayer, alors on lui a donné une chance », a dit St. Cyr. « Kousha a semblé trouver sa voie en défense. Avec sa vitesse, et voyant qu’il apprenait rapidement, après la semaine 3, on en avait assez vu pour savoir qu’il serait l’un de nos partants. »

« Avec un bon encadrement par des entraîneurs, je n’ai aucun doute qu’il deviendra un joueur élite dans les rangs universitaires. »

– Coach John St. Cyr à propos de Kiarash Kousha

Kousha lors d’un match dans l’uniforme des Maroons (DMCI Photography)

Kousha a appris les concepts de jeux. Certains plus intrigants que d’autres, mais il pouvait les jumeler à ce qu’il voyait sur le terrain et à ce qu’on lui enseignait. Il savait que l’intimidation et les commentaires de ses adversaires, destinés à le déranger sur le terrain, faisaient partie de l’expérience et qu’il allait devoir les ignorer. Ses doutes se sont rapidement effacés pour laisser place à son attitude disciplinée et sa volonté de réussir.

« On avait quelques inquiétudes, considérant que ses parents n’étaient pas d’accord avec sa décision de jouer. On pensait qu’il allait peut-être cesser de jouer », a dit St. Cyr. « Kousha a vu quelque chose dans le football qui l’a rendu ambitieux et qui l’a motivé à s’accrocher. Il suit déjà des cours de niveau universitaire. Avec un bon encadrement par des entraîneurs, je n’ai aucun doute qu’il deviendra un joueur élite dans les rangs universitaires. »

L’initiation au football de Kousha aura eu des retombées positives sous tellement de facettes. À sa première saison, il a intégré une équipe magique qui a remporté le championnat provincial. Sa ténacité et son courage lui ont permis d’accomplir de grandes choses sur le terrain et à l’extérieur de celui-ci.

La fin de l’année scolaire signifie que plusieurs joueurs quitteront l’équipe et que des postes seront ouverts lors de la prochaine saison. Kousha espère convaincre les entraîneurs qu’il peut jouer comme receveur, voire comme quart-arrière. Un autre périple attend Kousha, et c’en est un qu’il est prêt à relever.

D’après un article de David Grossman publié sur CFL.ca.