12 septembre 2019

Alouettes : Le numéro 13 est plus qu’un nombre pour Matthews

Patrick Doyle/CFL.ca

MONTRÉAL – Chris Matthews a connu des hauts et des bas, au cours de sa carrière. Ne pas pouvoir enfiler le chandail numéro 13 n’était donc pas une petite affaire pour lui.

Le numéro 13 a une valeur sentimentale pour Matthews. Mais le nouveau receveur des Alouettes de Montréal comprend tout à fait que ce numéro appartient au légendaire Anthony Calvillo.

« J’étais déçu, mais j’ai compris », dit Matthews, lui qui portera le numéro 12 à ses débuts avec la troupe montréalaise. « Il a été un grand joueur pour l’organisation. Je l’ai vu de mes propres yeux. »

Mais Matthews a de plus grandes choses à se soucier que le numéro sur son chandail, alors qu’il s’apprête à poursuivre sa carrière dans la Ligue canadienne de football (LCF), avec les surprenants Alouettes, lui qui a connu une première moitié de saison difficile avec les Blue Bombers de Winnipeg.

« Merci à Montréal de me donner une autre chance », dit-il. « Je suis heureux d’être ici et de pouvoir jouer. »

Chris Matthews (13) tente d’éviter le secondeur des Eskimos d’Edmonton Vontae Diggs (43) (La Presse Canadienne).

La recrue par excellence de la LCF en 2012, a le potentiel de donner encore plus d’aplomb au groupe de receveurs des Alouettes, qui fait déjà des ravages avec Eugene Lewis, DeVier Posey et Quan Bray. Mais il devra retrouver son élan de la dernière fin de saison passée à Calgary, en 2018.

Il a remporté la Coupe Grey, l’an dernier, avec les Stamps, participant à quatre matchs de saison régulière et deux autres, lors des éliminatoires, captant 19 passes, pour 350 verges et un touché.

Après cela, il aurait aimé connaître un bon second chapitre avec les Bombers.

Mais ce ne fut pas le cas…

Le joueur format géant de six pieds, cinq pouces et 230 livres était excité de retourner à Winnipeg, lui qui avait signé un contrat de trois ans avec les Bombers, durant la saison morte.

Lorsque la formation manitobaine l’a libéré, il a bien sûr été déçu, et ce, même s’il n’était pas surpris.

« J’étais très déçu », dit Matthews, qui a capté 12 passes pour 180 verges et un touché, en six matchs avec les Bombers, en 2019. « Je me sentais chez moi là-bas. »

« C’est là que je voulais bâtir la suite de mon histoire dans la LCF et remporter la Coupe Grey. »

Matthews a commencé la saison avec une blessure au bas du corps, ratant ainsi le premier match des Bombers. Il a ensuite raté d’autres duels puisqu’il avait subi une blessure au doigt, mais, aussi, parce qu’on le laissait de côté.

« La ville de Winnipeg a été incroyable, les partisans ont été fantastiques, les entraîneurs… Tout était super », dit Matthews. « Ça ne fonctionnait tout simplement pas. Je ne peux pas vraiment me fâcher pour ça. Ce sont des choses qui arrivent. Il faut constamment s’adapter. »

Et Matthews sait de quoi il parle. Comme plusieurs joueurs de football, il a fait face à beaucoup d’adversité. À la suite de sa brillante saison recrue à Winnipeg, il a passé la majorité de la saison suivante sur la liste des blessés. Par la suite, il a tenté sa chance dans la NFL, avec les Seahawks de Seattle, là où il a connu tout un match du Super Bowl en 2015. Il aurait même pu être nommé le joueur le plus utile du match, si son équipe avait gagné.

Moins d’un an plus tard, on lui a offert une place sur la formation d’entraînement des Seahawks, mais il a dit non, préférant passer du temps sur la formation active de Baltimore. Les Ravens l’ont libéré en 2017 et il a atterri à Calgary, un an plus tard.

Maintenant qu’il est à Montréal, Matthews a une autre chance de démontrer ce qu’il sait faire. Chez les Alouettes, des visages connus pourront l’aider à s’intégrer, comme son ancien coéquipier des Bombers Henoc Muamba et Jeremiah Johnson, avec qui il a évolué au secondaire.

« Lorsque j’ai su que je ne pouvais pas porter le numéro 13, je leur ai dit de me donner n’importe lequel. J’y arriverai avec n’importe lequel. »

– Chris Matthews

Il aime beaucoup l’énergie des Alouettes et il aime aussi comment ils l’ont accueilli.

« La première chose qu’ils m’ont dit c’est “Allez, au travail!” », dit Matthews.

Il a mentionné quelques joueurs qui l’ont aidé à ses débuts avec les Oiseaux, mais il s’est rapidement ravisé pour mentionner que tout le monde l’a aidé.

« Tout le monde m’aide à m’acclimater. Les entraîneurs font de l’excellent boulot pour m’expliquer le cahier de jeux, afin que je l’apprenne le plus rapidement possible. »

Alors qu’il était sur la formation d’entraînement au moment d’écrire cette chronique, il pourrait être de la partie, cette fin de semaine, à Regina.

« Dès qu’on me le demandera, je serai prêt », affirme Matthews.

Le numéro 13 est plus que chanceux pour Matthews

Lorsqu’on appellera le numéro de Matthews chez les Alouettes, ce sera le numéro 12, mais il a de bonnes raisons d’être si attaché au numéro 13.

Son père, Darel, portait le numéro 13, lorsqu’il jouait au football à Tennessee State et il l’aurait porté s’il avait intégré une équipe professionnelle. Nous ne le saurons jamais puisque Darel a rencontré et est tombé en amour avec une étudiante, elle aussi de Tennessee State, Michele, une vedette de basketball. Ils se sont mariés et ont mis au monde leur fils, Chris.

Le receveur Chris Matthews tente de se démarquer d’un joueur de défense des Esks (La Presse Canadienne).

Darel a donc accepté un poste de policier à Los Angeles. Trente ans plus tard, il se retirera dans un mois ou deux, dit Matthews.

« Il a préféré avoir un emploi stable, pour subvenir aux besoins de sa famille », dit-il. « Lorsque je l’ai su, j’ai tout de suite décidé de porter le numéro 13. »

Ironie du sort, le père de Chris Matthews aurait pu jouer au football professionnel avec les Blue Bombers de Winnipeg. Mais il ne l’a jamais dit à son fils.

« Je fouillais dans les boîtes, cherchant autre chose et je suis tombé sur des documents de Winnipeg », dit Matthews. « Il avait reçu une offre, mais il l’a refusé, à l’époque. »

« Ironique, n’est-ce pas? »

Bien que Matthews aurait aimé porter à nouveau le numéro 13, il ne s’en fait pas trop avec ça. Il a porté le numéro 81 à Calgary et le numéro 84 à Baltimore.

« Lorsque j’ai su que je ne pouvais pas porter le numéro 13, je leur ai dit de me donner n’importe lequel », dit-il. « J’y arriverai avec n’importe lequel. »

De toute façon, il aura toujours le numéro 13 de son père sur lui… Par l’entremise d’un tatouage.

D’après un article de Don Landry, paru sur CFL.ca