7 novembre 2019

Un Gable en santé est tout ce dont les Eskimos ont besoin

Dominick Gravel/Alouettes de Montréal

EDMONTON – Il s’agissait d’un matin de novembre typique à Edmonton.

La température avait chuté la veille, et, avec le facteur vent, il faisait environ moins-20 degrés Celsius quand la ville s’est éveillée et que ses habitants ont amorcé leur journée. On apercevait une mince couche de glace sur la rivière Saskatchewan Nord. Des visages tendus tapissaient les trottoirs de la ville, alors que le vent soufflait sur les personnes qui tentaient de se rendre au boulot.

Au stade du Commonwealth, il y avait quelques tenaces, ces joueurs aux bras et jambes dénudés qui risquent des engelures, voire pire, à l’occasion d’un entraînement en vue d’un match de football éliminatoire.

C.J. Gable n’est pas aussi brave. Le demi offensif des Eskimos d’Edmonton était chaudement vêtu, mercredi, portant une cagoule sous son casque et une épaisse paire de pantalons en coton ouaté au lieu d’une paire de shorts. Lorsque vous avez 32 ans et que vous en êtes à votre huitième saison dans la LCF, vous disposez de quelques trucs pour survivre dans ces températures.

Peut-être, aussi, que Gable préfère conserver les exploits pour dimanche. Il s’est entraîné avec ses coéquipiers de la première unité offensive, mercredi, et il est en voie de jouer pour la première fois depuis qu’il a subi une blessure au genou, le 17 octobre, contre son ancienne équipe, les Tiger-Cats de Hamilton.

Il y avait un petit quelque chose de plus dans ses pas de course à l’entraînement, lui qui a saisi quelques remises avant d’exploser à travers une brèche ou qui a capté quelques passes avant d’essayer de contourner des joueurs défensifs afin de faire progresser le ballon. Ces matins typiques d’Edmonton ne veulent dire qu’une chose pour Gable : c’est le début des éliminatoires, et il est temps qu’il se remette au travail.

« Je me sens vraiment bien. Je me sens aussi bien que lorsque j’ai commencé la saison », a dit Gable après l’entraînement de son équipe. « Je suis prêt à jouer. »


 
Gable a connu des saisons consécutives de 1000 verges au sol, et il a été un atout majeur pour l’attaque des Eskimos lorsqu’il est arrivé par le biais d’une transaction avec les Tiger-Cats à l’automne 2017. Mesurant six pieds et pesant 219 livres, Gable est un demi offensif puissant qui a souvent renversé les joueurs se dressant devant lui au cours des dernières années… lorsqu’il était en santé.

Un Gable en santé est tout ce que les Eskimos souhaitaient à l’aube de la demi-finale de l’Est, qui aura lieu à Montréal, dimanche, contre les Alouettes.

« Ils s’en remettront beaucoup à moi lors de ce match, et je vais faire ce que je sais faire de mieux, comme je l’ai fait lorsque j’ai mis les pieds avec cette équipe pour la première fois », a-t-il dit.

Gable faisait référence aux éliminatoires de 2017, alors qu’il avait foulé la surface d’un frisquet IG Field, à Winnipeg, et qu’il avait porté le ballon 16 fois pour 107 verges et deux touchés. Gable avait été impitoyable ce soir-là, se frayant un chemin dans la zone des buts pour son deuxième touché, même si la moitié de l’unité défensive des Blue Bombers semblait essayer de l’amener au sol. Les Esks ont battu Winnipeg 39-32 ce soir-là pour se qualifier pour la finale de l’Ouest.

« Il faisait froid, et ils s’en sont remis à moi, alors j’ai fait ce qu’il fallait faire », a dit Gable à propos de ce match.

« S’ils veulent faire la même chose, dimanche, je suis prêt à le faire à nouveau. »

« Il est un gros, robuste et physique demi offensif. Voilà ce qu’il est », a dit l’entraîneur-chef des Eskimos, Jason Maas, à propos de Gable.

« Il donne son maximum chaque fois. Il ne se laisse pas rabattre facilement. Il donne son maximum lors de chaque course. Vous ne le voyez pas réussir des courses de 50 ou de 60 verges. Quand il gagne des verges, ce sont des verges après le premier contact. Quelque cinq verges après n’avoir amassé que des poussières de verges. Lors d’un contact, il est plus souvent le marteau que le clou. »

Il ne devrait pas faire aussi froid à Montréal, en fin de semaine, qu’à Edmonton, mercredi, mais les attaques des deux équipes pourraient faire régulièrement appel à la course. On prévoit une journée pluvieuse et neigeuse, avec un maximum de cinq degrés Celsius, mais avec des températures ressenties de un degré Celsius.

Gable (32) a connu sa deuxième saison d’au moins 1000 verges au sol avec les Eskimos d’Edmonton cette année (Walter Tychnowicz/LCF.ca)

Gable semble prêt à toute éventualité. Ce fut une saison difficile pour les Esks, qui ont amorcé l’année avec fiche de 6-8, mais qui ont conclu leur calendrier régulier avec un dossier de 8-10 en raison de blessures, mais aussi de leur inaptitude à remporter les gros matchs. Edmonton n’a toujours pas battu une équipe avec une fiche gagnante cette saison, mais avec le retour au jeu du quart-arrière Trevor Harris, Gable est en confiance.

« Je me sens bien avec mon équipe en ce moment », a-t-il dit.

« Je crois que tout le monde pense que Montréal va nous battre, mais ce sera une bagarre, ce sera une bagarre jusqu’à la dernière minute. Ce sera un bon match. »

ET POURQUOI PAS NOUS?

Avec son équipe dans une situation précaire – aucune formation s’étant qualifiée pour les éliminatoires via la règle du croisement n’est parvenue à franchir la finale de l’Est –, Jason Maas n’a pas eu besoin de chercher très loin pour trouver une raison d’être optimiste.

Maas a fait partie de l’édition de 2008 des Eskimos qui a affronté Winnipeg (alors une formation de la division Est) à la suite d’un croisement éliminatoire. Ce club a été le premier à gagner un match éliminatoire après avoir été impacté par la règle du croisement.

« Quand quelque chose n’a jamais été accompli auparavant, tout le monde pense que c’est impossible », a dit Maas.

« Quand les équipes impactées par la règle du croisement affichent un dossier de 0-11, tout le monde pense que c’est impossible. Et c’est difficile d’argumenter, puisque ça n’a jamais été accompli. Mais quand j’ai fait mes débuts dans la Ligue, en 2000, il y avait eu quatre autres équipes qui avaient tenté de gagner une demi-finale, et elles n’avaient jamais réussi. »

« Tout le monde disait alors que c’était impossible à faire. Puis, en 2008, nous sommes allés gagner ce match et, tout à coup, quelques autres équipes l’ont gagné. »

« Il y aura une première à tout. Quelqu’un va le faire, et pourquoi pas nous? C’est ainsi que je vois les choses. Nous avons travaillé dur toute l’année. Nous savons quel genre d’équipe nous sommes, et quelle équipe nous pouvons être. Je pense que nous y croyons tous, et c’est là que tout commence. »

« Pour accomplir quelque chose qui n’a jamais été fait, pour réussir l’impossible, il faut d’abord croire que c’est possible. Et je peux vous garantir que tout le monde dans le vestiaire croit que c’est possible. »

D’après un article de Chris O’Leary publié sur CFL.ca