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8 novembre 2019

Les Esks traversent à l’Est

Shannon Vizniowski/CFL.ca

MONTRÉAL – Cela fait cinq ans que Sean Whyte a quitté les Alouettes de Montréal, mais ça fait toujours mal. Le botteur des Eskimos d’Edmonton a très hâte de retrouver le terrain qu’il considérait comme étant son lieu de domicile pendant quatre saisons.

« Oh que oui! », dit Whyte, 34 ans, galvanisé par la situation.

« J’aurais aimé que tous ces entraîneurs qui étaient à Montréal, lorsque j’ai été libéré y soit toujours, mais ils sont tous partis. C’est tout de même spécial d’y retourner. Et je veux gagner dimanche. Ça fait un bon moment que j’ai encerclé cette date sur mon calendrier. »

Lors de sa vie post-montréalaise, Whyte demeure l’un des meilleurs botteurs de la Ligue canadienne de football (LCF). Il a été le troisième botteur le plus précis de la Ligue, en 2019, réussissant 87 % de ses bottés de précision (47-en-54). Il a produit une bonne quantité de points pour les Eskimos, et ce, tout au long de la saison régulière, alors que sa formation avait de la difficulté à trouver la zone des buts.


 
Alors que Whyte a tourné la situation de son départ de la métropole québécoise à son avantage, lui qui est maintenant un membre des Eskimos depuis un bon moment, les blessures ne sont pas complètement guéries.

« Je suis trop compétitif pour que ça ne fasse plus mal », dit Whyte.

« Je me sentirai mieux si nous ressortons de ce duel avec la victoire. »

C’est là que les choses se compliquent.

Depuis son apparition dans la Ligue, en 1997, la règle du croisement éliminatoire a permis de constater que les équipes qui en ont profité ont plutôt trébuché. Aucune formation dans l’histoire de la LCF – et ce sont toutes des équipes en provenance de l’Ouest du pays – n’est jamais devenue championne de l’Est en profitant de la règle du croisement éliminatoire, pour ensuite se rendre au match de la Coupe Grey.

Quelques formations sont passées tout près d’y arriver. Mais le plus grand obstacle est bien sûr le plus évident.

Les formations qui ne bénéficient pas de cette règle peuvent jouer contre des équipes de leurs divisions. Elles n’iront donc pas très loin pour tenter de poursuivre leur route lors des matchs éliminatoires. Cette saison, les Bombers voyagent vers Calgary. C’est un vol de deux heures. L’an dernier, Winnipeg est allée encore plus près : à Regina, au Mosaic Stadium.

Les Esks se sont entraînés vendredi matin et sont tout de suite montés dans l’avion pour Montréal, traversant deux fuseaux horaires, lors d’un vol de cinq heures. Ils se rendent à Montréal une journée plus tôt qu’à l’habitude, afin de permettre aux joueurs de s’acclimater plus longtemps, avant le coup d’envoi de la demi-finale de l’Est, à compter de 13 h HE, ce dimanche.

« Ça joue sur notre “timing” », dit le receveur des Esks Ricky Collins Jr., lui qui a connu les difficultés d’un match éliminatoire issu de la règle du croisement. L’an dernier, il faisait partie des Lions de la Colombie-Britannique. Un plus long voyage encore, jusqu’à Hamilton. Mais au Terrain Tim Hortons, les Lions ont été démolis par la marque de 48-8.

« Nous nous sentions d’attaque avant le début du match », dit Collins.

« Mais nous avons vite senti que la partie était hors de portée. Nous avons tenté une remontée, mais ça n’a pas fonctionné. »


 
Whyte a vécu les deux côtés de la médaille d’un match issu de la règle du croisement éliminatoire. Il a amorcé sa carrière avec les Lions et il faisait partie de l’édition 2009 qui avait battu les Ticats en prolongation, pour ensuite être ridiculisé 56-18 par les Alouettes, lors de la finale de l’Est. En 2014, avec les Als, il a battu les Lions 50-17, en route vers la finale de l’Est.

« L’avantage du terrain fait toute la différence, surtout en matchs éliminatoires », dit Whyte.

« Voilà pourquoi nous nous battons si ardemment pour avoir des matchs éliminatoires à domicile. C’est tellement un avantage de jouer à la maison. »

« C’est très difficile d’aller sur la route et de battre quelqu’un alors qu’il est bien installé chez lui. C’est un long voyage jusqu’à Montréal, mais le groupe d’entraîneurs nous a très bien préparés. »

Comme l’a mentionné l’entraîneur-chef des Esks Jason Maas, mercredi dernier, la formation d’Edmonton de 2008 – celle dans laquelle il a joué – a été la première à remporter un match via la règle du croisement, battant Winnipeg. Toutefois, lors de la finale de l’Est, ils ont plié l’échine face à Anthony Calvillo et les Alouettes.

Depuis ce temps, pour les équipes de l’Ouest traversant à l’Est, il y a eu beaucoup de coups tirés, mais qui ont, pour la plupart, raté la cible. Les Roughriders sont passés le plus près d’être les champions de la division Est, en 2017. Mais ils s’étaient fait jouer un tour par les Argonauts de Toronto. Ricky Ray avait lancé une passe décisive à James Wilder Jr., en fin de match, qui avait permis de poursuivre la séquence à l’attaque et d’aller chercher le touché de la victoire. Cette année-là, tout le monde se plaisait à dire que le match via la règle du croisement était le chemin le plus facile pour atteindre le match de la Coupe Grey. L’Ouest était vraiment plus forte que l’Est, à ce moment. Les Argos avaient tout de même choqué la planète football, en l’emportant face aux Stamps, une semaine plus tard, pour mettre la main sur la coupe Grey, à Ottawa, dans le cadre du 150e anniversaire du Canada.

Depuis le début de la semaine de préparation des Eskimos, Jason Maas a martelé la phrase suivante à ses joueurs : « Et pourquoi pas nous? », faisant référence à la difficulté de passer à travers le chemin éliminatoire, via la règle du croisement.

Est-ce que cette stratégie fonctionnera pour sa troupe? Nous le saurons bien assez vite.

D’après un article de Chris O’Leary, paru sur CFL.ca