9 novembre 2019

Les Als et les Esks sont prêts pour une bataille de tranchées

Dominick Gravel/Montreal Alouettes

MONTRÉAL – Lorsque les Eskimos d’Edmonton et les Alouettes de Montréal s’affronteront ce dimanche, lors de la demi-finale de l’Est, au stade Percival-Molson, plusieurs duels seront à surveiller.

Il y aura les styles différents des deux quarts Vernon Adams Jr. et Trevor Harris. Il y aura les demis offensifs C.J. Gable et William Stanback qui tenteront de passer à travers les secondeurs Henoc Muamba et Larry Dean.

Les deux entraîneurs-chefs ont deux tempéraments complètement différents et sont d’anciens quarts également. Selon plusieurs, Jason Maas jouera pour son emploi, alors que Khari Jones n’a rein à perdre, mais sa troupe est bien au courant des enjeux.

Mais le duel le plus robuste, quoique moins sexy, de cette demi-finale de l’Est se situe à la ligne de mêlée. La ligne offensive des Esks a excellé cette saison, protégeant son quart-arrière comme pas une. En effet, elle n’a accordé que 25 sacs du quart, le meilleur total de la LCF.


 
L’entraîneur de la ligne à l’attaque des Esks, Mike Gibson, affirme que la continuité a été la clé du succès, cette saison.

« Lors des quatre saisons que j’ai passées avec ces joueurs, nous avons terminé au premier rang une fois (au chapitre des sacs accordés) et deux fois au deuxième rang. »

« C’est une combinaison de plusieurs facteurs. Les demis offensifs ont bien travaillé. Nos receveurs se sont démarqués. Le quart-arrière sait où lancer le ballon. Une combinaison de tout cela. Ce n’est pas juste la ligne offensive. »

« Elle prendra le blâme lorsqu’il y aura un sac du quart, tout autant qu’elle aura tout le crédit lorsqu’il n’y en aura pas. Nous avons utilisé sept joueurs de ligne offensive, cette saison et nous les avons utilisés à différentes positions. L’éthique de travail a été excellente. Ces joueurs veulent toujours s’améliorer. »

Les 25 sacs du quart accordés sont le deuxième meilleur total qu’une formation de la LCF a obtenu, depuis 10 ans. Les Stampeders de Calgary de 2016 avaient bien protégé le quart Bo Levi Mitchell, n’accordant que 20 sacs du quart. La vingtaine ou la mi-vingtaine est un standard pour les lignes offensives. Les Alouettes de Montréal de 2008 n’avaient accordé que 22 sacs du quart et les Roughriders de la Saskatchewan de 2005 n’en avaient accordé que 23.

Lors des années 2000, les Tiger-Cats de Hamilton ont eu du succès à ce chapitre. En 2004, ils n’ont accordé que 10 sacs du quart, 15 en 2002 et en 2000 et 14 en 2001. Leur total le plus impressionnant a été obtenu en 1999 – la saison de leur dernière conquête de la Coupe Grey —, alors qu’ils n’en avaient accordé que sept.

Le joueur de ligne offensive vétéran Matt O’Donnell explique qu’ils auraient aimé en accordé sous la barre des 20, mais les blessures n’ont pas aidé.

« Tout le monde travaille fort dans ce vestiaire », dit O’Donnell.

Il n’a pas pu participer à la dernière rencontre face aux Als, le 20 juillet dernier, mais lorsqu’il a visionné les vidéos, il a pu y voir des adversaires coriaces qui s’aligneront devant lui, ce dimanche.

« Ils bougent beaucoup et ils impliquent tout le monde pour appliquer beaucoup de pression. Ils sont très agressifs et ils sont très rapides. Nous nous devrons de les frapper là où ça fait mal », dit O’Donnell.

Ce qui rend ce duel si intéressant est le contraste statistique de cette future bataille. La protection du quart des Esks a été bien documentée toute la saison.

Les Als ont connu leur meilleure saison en sept ans, mais leurs statistiques en défense ne sont pas renversantes.


 
Le front défensif montréalais n’a enregistré que 27 sacs du quart, cette saison – au dernier rang de la LCF. Ils ont rabattu 38 passes – aussi au dernier rang de la Ligue. Sur papier, ces statistiques nous font croire que les Esks auront l’avantage. De plus, la température à Montréal, ce dimanche, sera entre 5 et 1 degré Celsius. Les jeux au sol pourraient être légion.

Mais les Als ne le voient pas comme ça.

« Nous n’aurons qu’à jouer comme nous le faisons, selon notre identité », dit le plaqueur défensif des Alouettes Fabion Foote.

« Nous connaissons les statistiques, nous savons qu’ils protègent bien leur quart. Et Harris se débarrasse rapidement du ballon, c’est sa façon de jouer. Nous devrons lever nos bras et nos mains, bougeant de gauche à droite et nous devrons les battre de vitesse. »

Foote a réussi 15 plaqués défensifs et un sac du quart, cette saison. Lui et ses coéquipiers en défense voient leur travail comme en étant un de complémentarité; non basé sur les statistiques individuelles.

« Je crois que nous avons été très bons, cette année. Les statistiques ne le démontrent pas en défense, mais nous générons énormément de pression. Nous sommes dans le visage des quarts », dit Foote.

« Nos demis défensifs sont vraiment bons et nous avons quelques étoiles de l’Est dans ce groupe. Il est vrai que parfois nous accordons des jeux que nous ne devrions pas accorder, mais nous y remédions avec les revirements que nous avons créés, les interceptions et les échappés provoqués. Ce sont nos clés du succès. »

Bien que les Alouettes ne renversent pas les quarts à profusion, ils compensent le tout à l’aide d’autres prouesses. Les Als ont créé 35 revirements (4e de la LCF). Ils n’ont provoqué que 12 échappés, mais en ont recouvert autant; dans les hauts rangs de la Ligue.

« Nous devrons créer des revirements, faire de gros jeux et être constamment sur le ballon », poursuit Foote.

« Je ne crois pas qu’il y ait une autre équipe dans la LCF qui est sur le ballon comme nous le faisons. Nous sommes vraiment intenses dans cet aspect du jeu. »

Woody Baron, un autre plaqueur défensif des Alouettes, dit que collectivement, la défense fait de l’excellent travail.

« Ce qui importe le plus, c’est que nous sommes en matchs éliminatoires. Nous avons remporté assez de victoires pour y être », dit-il.

« Nous en avons parlé dans le vestiaire. L’an dernier, à pareille date, nous étions à la maison. La saison était déjà terminée. Nous nous souvenons de ça. »

« Nous apprécions chaque moment, mais nous savons aussi comment nous nous sommes rendus jusqu’ici. Nous travaillons fort depuis le camp d’entraînement. C’est ça, notre identité. »


 
Si Henoc Muamba est le cœur de la défense des Als, John Bowman en est le visage. L’ailier défensif de 37 ans a mené son équipe avec huit sacs du quart, cette saison. Il n’était pas disponible pour les médias, vendredi dernier, mais, plus tôt cette semaine, il a dit que la défense a fait ce qu’elle devait faire pour gagner, cette saison.

« Dans plusieurs matchs, cette saison, nous avons été en mesure de contenir les meilleurs joueurs des équipes adverses », a-t-il dit.

« Tout est dans l’effort que nous y mettons. Et, cette année, nous avons eu la chance de remporter assez de matchs. Il ne faudra pas donner trop de terrain, dimanche. Si ton adversaire commence à mi-terrain, il est normal que sa possession à l’attaque soit courte et qu’il marque des touchés. »

« Notre travail sera de sortir vainqueur. Ils peuvent bien marquer 60 points. Si nous en marquons 61 et que nous sommes capables de les neutraliser, eh bien, nous aurons le dessus. »

D’après un article de Chris O’Leary, paru sur CFL.ca