Une question de « timing » pour le receveur français Mahoungou

PARIS – Anthony Mahoungou a presque fait partie des Blue Bombers de Winnipeg et les Eskimos d’Edmonton lui avaient donné un essai, mais, heureusement pour lui, il a refusé une offre et l’autre ne s’est tout simplement pas concrétisée.

Mahoungou, l’un des deux joueurs sélectionnés parmi les 23 athlètes présents au camp d’évaluation mondial de la Ligue canadienne de football (LCF) à Paris, en France, vendredi dernier, et qui a reçu une invitation afin de participer au camp d’évaluation New Era en mars prochain à Toronto, avait été approché par les Bombers lorsqu’il avait été libéré par les Eagles de Philadelphie, en 2018. Et les Esks avaient fait de même.

« Je sais que ça peut paraître étrange, mais je suis très heureux aujourd’hui d’avoir fait ces choix », a dit Mahoungou. « Si j’avais accepté les offres, je n’aurais pas été éligible au statut de joueur mondial dans la LCF. »

Anthony Mahoungou a été l’un des deux joueurs présents au camp d’évaluation mondial de la LCF, en France, à être sélectionner afin de participer au camp d’évaluation de la LCF à Toronto, en mars prochain (CFL.ca).

L’athlète de six pieds, trois pouces, 215 livres et originaire de Paris, qui a commencé à jouer au football dès l’âge de 13 ans par l’entremise de son grand frère, a capté des passes pour l’Université Purdue Boilermakers. Bien qu’il aime jouer en défense – son idole est le joueur légendaire des Ravens de Baltimore (NFL), le maraudeur Ed Reid —, il est un receveur naturel et à Perdue, le « timing » a aussi été très important. Il n’est pas arrivé à son plein potentiel avant sa dernière année, mais le tout est arrivé au bon moment, le plaçant sur le radar des recruteurs. Il a presque été repêché lors du repêchage 2018 de la NFL, mais lorsqu’il ne l’a pas été, les Eagles se sont entendus avec lui comme joueur autonome. Il a été libéré juste avant le début de la saison 2018.

« Ç’a été un dur coup à prendre », a dit Mahoungou. « Je croyais connaître une bonne présaison, mais lorsqu’on ne m’a pas envoyé dans la mêlée, au cours du dernier match du camp d’entraînement, je savais bien que quelque chose n’allait pas. Je crois que j’ai été pris dans un jeu de statistiques et de positions. L’équipe avait besoin d’un ailier rapproché. Ç’a été dur. »

Alors il s’est tourné vers l’Allemagne et il s’est joint à l’une des meilleures formations de la Ligue allemande en 2019 : le Universe de Frankfurt. En neuf matchs, il a capté 42 passes pour des gains de 692 verges et 10 touchés. Mais il avait un objectif bien précis.

« Je savais que Frankfurt avait une excellente tertiaire et je voulais m’entraîner contre celle-ci », a dit Mahoungou. « Surtout contre l’ancien joueur de l’Université de l’Iowa BJ Lowery. Je voulais me mesurer à lui tous les jours, lors des entraînements. »

Il est très heureux de la tournure des événements avec la LCF. Il a réalisé à quel point le football canadien s’appuie sur le jeu aérien.

« Je l’admets, je ne connaissais pas grand-chose à la LCF avant, mais lorsqu’Edmonton m’a approché, j’ai fait mes devoirs », a dit Mahoungou. « Ce grand terrain, ce mouvement perpétuel sur celui-ci, ainsi que le format à trois essais sont faits pour les receveurs. J’ai très hâte. »


 
Lorsqu’il a commencé à jouer au football au début de son adolescence, ses amis et sa famille se posaient des questions. Le football est un sport très niché, dans un pays fou du soccer. Ce n’est que lorsqu’il a joué pour l’équipe nationale française qu’il a commencé à faire tourner les têtes. Et son aventure avec l’Université Perdue n’a fait qu’en rajouter. Mais tout cela constituait somme toute un fardeau.

« Je recevais des messages de gens à travers la France et l’Europe », a dit Mahoungou. « Je réalisais à ce moment que je représentais mon pays, ainsi que mon continent. C’est devenu une grande responsabilité, mais, aussi, une sorte de bénédiction. Quelque chose que j’ai transformé en fierté. »

Greg Quick, le directeur du recrutement international de la LCF, a bien aimé ce qu’il a vu de Mahoungou.

« Il a été très impressionnant et, techniquement, il a été le meilleur receveur que nous avons vu », a-t-il dit. « Il capte et protège bien le ballon et il parcourt ses tracés avec aisance. Il est très accompli. J’espère le voir évoluer dans la LCF. »

Avec le poids de tout un continent sur ses épaules et les espoirs des gens de football à travers le monde derrière lui, peut-être que cette fois-ci, pour Mahoungou, cedit « timing » sera le bon.

D’après un article de Roger Kelly, paru sur CFL.ca