27 janvier 2020

Les Esks dans le Nord du Canada, à la rencontre des communautés inuites

Allan Watt/CFL.ca

EDMONTON – Ryan King se dirigeait dans la noirceur et les températures glaciales, lorsqu’il s’est rendu compte qu’il vivrait une expérience extraordinaire.

Le spécialiste des longues remises des Eskimos d’Edmonton était sur une motoneige, à l’extérieur d’Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, au début du mois de janvier, en route vers une cabane de chasse qu’une famille locale utilisait.

« Nous avons pu discuter avec quelques-uns des meilleurs chasseurs de la communauté à propos de leurs techniques de chasse et de leur utilisation de la lune, en tant que chasseur. »

Ryan King (à gauche) et David Beard (à droite) ont joint une équipe de l’organisation des Eskimos d’Edmonton, lors d’un voyage à Inuvik, au cours du Sunrise Festival (Allan Watt/CFL.ca).

King, son coéquipier David Beard, joueur de ligne offensive des Esks et le porte-parole de l’équipe albertaine Allan Watt ont fait le voyage à Inuvik, dans le cadre du Sunrise Festival, qui a eu lieu du 3 au 5 janvier 2020. Au début du mois de décembre, à Inuvik, le soleil disparaît à l’horizon pour à peu près 30 jours. Son retour est célébré par les habitants de la ville avec de la nourriture, de la danse et des activités hivernales. Le festival culmine jusqu’à un gigantesque feu et des feux d’artifice.

« Ç’a été un vrai privilège de participer à ces événements », a dit Beard.

« Étant un membre de l’équipe, d’avoir pu aller dans le nord pour la deuxième fois, d’être un témoin des relations que nous avons bâties et d’être en mesure d’en développer d’autres, a été un réel privilège. »

Ce voyage faisait partie d’un projet de développement des relations entre l’organisation des Eskimos et les communautés inuites du Canada. Le tout a commencé avec l’ancien président de l’équipe Len Rhodes, qui avait fait le voyage jusqu’à Yellowknife et Inuvik en 2018, lorsqu’il a été demandé aux Esks de changer leur nom. Les visites et les discussions se sont poursuivies, même si Rhodes a cédé sa place de président, l’an dernier. Watt a été autour de l’équipe lors de plusieurs mandats de communications et de marketing et il ne voyait aucun problème à aller dans le nord du pays afin de continuer à développer les relations avec ces communautés.

King en était à un second voyage dans le Nord du Canada. En octobre dernier, lui et son coéquipier, le demi défensif Godfrey Onyeka se sont rendus à Inuvik et Tuktoyaktuk, en compagnie du coordonnateur des relations communautaires de la formation des Esks Andrew Jones afin de donner des conférences sur le football et sur la prévention de l’intimidation vis-à-vis des jeunes. Ils ont passé quelques jours avec les habitants de la place, lors de la semaine de congé de l’équipe et, avant leur départ, ils ont été invités à prendre part au Festival Sunrise.

« Je crois que j’étais aussi excité qu’eux à l’idée de revenir les voir », a dit King.

« Nous avons rencontré plusieurs jeunes dans les écoles et plusieurs habitants de ces communautés et nous avons instantanément créé de belles relations avec eux. Il est donc super agréable de faire un suivi.»

« Je sais que la communauté était vraiment excitée de nous recevoir à nouveau, à son festival. La première fois que j’y suis allé, nous y étions pour redonner à la communauté et pour parler à tous les jeunes. Cette fois-ci, nous avons pu prendre part au festival qui a été l’une des expériences culturelles les plus enrichissantes que j’ai connues. »

Nous parlons souvent du manque de luminosité au Canada, lors des mois de décembre et de janvier. King et Beard ont affirmé que les cinq jours qu’ils ont passés à Inuvik ont été un défi pour eux, à cause de l’absence complète de lumière avant le festival.

« J’ai fait mes recherches avant de partir », a dit King. « Mais avant de le vivre vraiment, vous ne pouvez pas savoir. Je n’avais jamais vécu ça avant. »

Ryan King est avec des enfants inuvialuits, lors du Sunrise Festival, à Inuvik (Allan Watt/CFL.ca).

Beard connaît bien les défis du Nord du Canada. Lorsqu’il était enfant, sa famille a déménagé dans les Territoires du Nord-Ouest – son père est un officier de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) et sa mère est une professeure —, ce qui leur a permis de vivre à Ulukhatok, aussi connu sous le nom de Holman. Ils ont vécu près d’Inuvik à Fort McPherson et à Tulita. Ils se sont éventuellement établis dans les environs d’Edmonton, là où Beard a commencé à jouer au football. Aujourd’hui, ses parents sont de retour dans les Territoires du Nord-Ouest, vivant au nord de la frontière de l’Alberta à Hay River, sur le bord de Great Slave Lake.

« Participer au Sunrise Festival a ajouté une autre saveur à ma présence dans le Nord du Canada », a dit Beard.

« J’avais déjà été au nord avec ma famille, mais c’était tellement plus spécial de voir et d’entendre parler de ce territoire par les locaux. Mais ce fut difficile physiquement. »

« Parler à quelques-uns de mes nouveaux amis là-bas, entendre les histoires, comprendre pourquoi ils se sentent différents et pourquoi ils fêtent le retour du soleil… Cette période vous met presque dans un état dépressif. C’est très difficile pour les gens là-bas, alors le retour du soleil est super important pour eux. C’est un gros festival qui permet à tout le monde de célébrer et se rassembler. Ils ont été super accueillants. »

Les joueurs ont passé du temps à se mêler avec les habitants de la place, lançant des mini-ballons de football avec eux, mangeant des mets locaux et profitant du festival, et ce, malgré la température de moins-50 degrés Celsius. Lorsque King s’est vu offrir une occasion de voir une famille locale chasser, il a sauté dessus.

« Les portes se sont ouvertes et j’ai pu connaître un peu plus leur culture et leurs mœurs », a dit King.

Il a appris l’histoire de la famille en question à propos de la chasse et quelques astuces en ce qui a trait au trappage. Il a vu des fourrures et des peaux d’ours polaires, des renards arctiques et des phoques.

« Ç’a été inspirant de voir à quel point cette communauté semble heureuse, et ce, même si leur vie n’est pas facile, avec le cycle de lumière et les températures glaciales. Cette communauté a été tellement accueillante, chaleureuse, invitante et ouverte à la discussion. Elle voulait faire partie de notre culture également, dans un sens. Ils nous ont invités à prendre le thé afin de voir leurs œuvres d’art. »

« C’était quelque chose de pouvoir amener quelqu’un avec moi qui n’avais jamais vécu cette expérience.»

À la suite du premier lever et coucher de soleil de l’année à Inuvik, les habitants célèbrent avec un grand feu et des feux d’artifice (Allan Watt/CFL.ca).

Le soleil s’est finalement montré le bout du nez, le 7 janvier. Il est apparu à travers les nuages et, 51 minutes plus tard, il avait disparu.

« Ç’a été un moment vraiment important », a dit Beard, à propos du moment où le soleil est apparu. «Nous avons appris à apprécier l’importance du lever du soleil, nous avons entendu et vu comment c’était de vivre ici, dans le noir, pour une assez longue période. »

Le débat sur le changement de nom se poursuivra pour un bon moment et l’organisation des Esks continuera d’écouter les communautés inuites à ce sujet. Que c’ait été Rhodes, Watt ou les joueurs qui ont fait le voyage dans le nord, tous ceux qui y sont allés ont apprécié l’expérience et le développement des relations entre les communautés. À la suite du voyage de l’équipe à Inuvik, en octobre dernier, les Esks ont accueilli des enfants inuvialuits qui avaient remporté des prix pour la jeunesse. Ils les ont fait venir sur le terrain avant le match et, plus tard, lors de cette fin de semaine, les ont amené à une partie des Oilers d’Edmonton.

C’est quelque chose que les Esks veulent continuer à faire dans le futur.

« Je savais que je vivrais des expériences passionnantes en endossant l’uniforme des Eskimos », a dit Beard, lui qui a amorcé sa carrière dans la LCF en 2015.

« Je n’aurais pas pu imaginer que le tout aurait été aussi fantastique! »

D’après un article de Chris O’Leary, paru sur CFL.ca