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21 avril 2020

Alouettes : Une 15e saison pour John Bowman?

Dominick Gravel/Montreal Alouettes

MONTRÉAL – Comme c’est le cas pour plusieurs, la pandémie de COVID-19 a chamboulé la vie de John Bowman.

Ces jours-ci, l’ailier défensif des Alouettes de Montréal sort rarement de chez lui et n’a pas eu de contacts physiques avec d’autres personnes depuis plus d’un mois.

Avec les salles d’entraînement qui sont toutes fermées, Bowman ne peut pas s’entraîner comme il le fait habituellement. Il s’entraîne donc à la maison.

Le début des camps d’entraînement des formations de la Ligue canadienne de football (LCF) a été reporté, tout comme le début de la saison 2020, causant encore plus d’incertitude en ce qui a trait à l’avenir du vétéran. Si la saison est annulée, la carrière de Bowman, 37 ans, serait terminée.

Lorsqu’il sent que son destin se dessine de lui-même, Bowman pense à une de ses amies, une infirmière qui a une fille de 16 ans.

« Puisqu’elle pratique le métier d’infirmière, elle ne peut pas être avec sa fille, afin de ne pas risquer de lui transmettre la maladie », a expliqué Bowman. « Sa fille n’est donc pas avec elle. Cette situation est bien pire. Je ne sais pas si je pourrais vivre ça. »

L’ailier défensif des Alouettes de Montréal John Bowman met de la pression sur le quart-arrière des Blue Bombers de Winnipeg (Dominick Gravel/Montreal Alouettes).

Si Bowman sent la colère ou la frustration monter en lui, il pense à sa famille qui vie toujours à Brooklyn, New York et à ses deux sœurs. L’une d’elles est policière et l’autre travaille dans les services sociaux. Les deux sont des travailleuses de première ligne dans une ville qui compte plus de 118 000 cas confirmés de COVID-19 et plus de 10 000 décès.

« Elles sont toujours là-bas, en première ligne, à faire leur travail », a dit Bowman.

Il pense aussi à un de ses oncles qui travaille dans un refuge à New York, lui qui a été infecté par le virus, mais qui s’en remet tranquillement chez lui.

« Il va bien », a dit Bowman. « Il est en quarantaine. »

Tout ceci met les choses en perspective pour Bowman.

« C’est dur pour tout le monde. Pas seulement pour ma famille », a-t-il dit. « Partout, tout le monde est à la recherche de réponses. »

« Je le dis souvent, mais les joueurs de football, les acteurs, bref, les gens de la sphère publique, nous sommes souvent mis sur un pied d’estale. Mais on ne devrait pas. Ce sont les gens qui travaillent souvent dans l’ombre, qui ne reçoivent pas de gloire ni d’envie que nous devrions applaudir. »

« En ces temps de crise, la santé est au premier rang des priorités. Tout le reste vient après. Le football, les sports, la télévision en direct, peu importe, tout cela est au bas de la liste. »

Bowman, lui qui passe tout son temps à Montréal depuis les sept dernières années, est né à Brooklyn et il affirme que près de 90 % de sa famille y est toujours. Il y reste connecté grâce à FaceTime et Skype.

« Nous rions ensemble, afin de nous changer les idées », a-t-il dit. « Nous tentons de demeurer positifs, bien que les temps soient durs. »

Comme plusieurs personnes à travers l’Amérique du Nord, Bowman s’adapte au confinement.

« Personnellement, je n’ai pas côtoyé un autre être humain depuis le début du mois de mars », a-t-il dit. «C’est dur, mais je dois m’y faire. »

« Nous réalisons en ce moment à quel point nous tenons nos sorties au magasin et avec un ami pour acquises. »

Avec plusieurs membres de sa famille vivant à New York, John Bowman est à Montréal, lui qui tente de remettre les choses en perspective (Dominick Gravel/CFL.ca).

Bowman utilise de l’équipement d’entraînement qu’il a à la maison. Il profite du « plus beau printemps que Montréal ait connu depuis les 15 dernières années » afin de s’entraîner seul, à l’extérieur.

Cette interruption affectera certainement les joueurs de la LCF.

« Cela dépend du type de joueur que vous êtes », a dit Bowman. « Si vous êtes le genre de joueur qui doit prendre quatre ou cinq matchs avant d’être dans le rythme de la saison, il est certain que ce sera difficile. »

« Mais si vous êtes le genre de gars qui arrive prêt à tout moment, il n’y aura pas de problème. »

Lui qui a terminé sa 14e saison avec les Alouettes l’an dernier, Bowman a cumulé 46 plaqués défensifs, huit sacs du quart, un échappé provoqué, en plus de réussir sa première interception en carrière, en 2019. Il a été nommé sur l’équipe d’étoiles de la division Est pour la neuvième saison d’affilée.

En 230 matchs dans la LCF, Bowman a enregistré 451 plaqués défensifs et 134 sacs.

Comme d’autres ligues sportives professionnelles, la LCF a été obligée de mettre sa saison sur la glace, pour le moment. Bowman pense donc peut-être à la retraite.

« S’il n’y a pas de saison 2020, l’histoire s’écrira d’elle-même », a dit Bowman.

Avant le déclenchement de cette pandémie, Bowman était en train d’organiser quelques trucs en dehors du football.

« Ça aussi a été mis sur la glace puisque tout le monde procède à des mises à pied temporaires », a-t-il dit.

Et même si la saison 2020 s’amorçait, rien ne garantirait le poste de Bowman avec les Oiseaux.

« Le football c’est ingrat », a-t-il dit. « Il faut aller au camp d’entraînement et compétitionner pour un poste. »

« Je fais tout ce que je peux pour demeurer actif. J’essaie de meubler mon temps intelligemment, afin de ne pas trop prendre de poids et de transformer cette situation difficile en situation positive. »

D’après un article de Jim Morris, paru sur CFL.ca