Calvillo veut impressionner un autre public

MONTRÉAL – Durant sa carrière de 15 saisons avec les Alouettes de Montréal, Anthony Calvillo a souvent été le joueur calme et stoïque de l’équipe. Peu importe qui se présentait devant lui sur le terrain, le quart-arrière et le membre du Temple de la renommée du football canadien n’a jamais flanché.

Calvillo voulait toujours gagner. Et il savait qu’à chaque fois qu’il faisait son travail adéquatement, son équipe l’emportait.

Il sera donc bizarre de savoir que Calvillo sera devant son écran vendredi soir, lui qui se regardera performer sur le réseau TSN, lors d’une soirée dédiée à ses exploits.

Les choses changent pendant la retraite. L’homme qui a passé 20 ans à ne pas se soucier du bruit de la foule dans les estrades a maintenant un nouveau public.

« Je veux regarder ça avec mes filles », a dit Calvillo à propos de ses deux filles, Olivia et Athena.

« Ils ont 12 et 14 ans et elles se souviennent un peu de m’avoir vu jouer. En ce moment, nous nous entraînons ensemble. Nous joggons ensemble, nous jouons au basketball dans notre entrée de garage et je suis toujours en train de me blesser. Chaque fois que je m’étire quelque chose, mes filles rient de moi. »

« Je leur dis toujours qu’elles ne savent tellement pas ce que leur père a pu accomplir dans le temps. J’ai donc très hâte de regarder ces matchs avec elles et avec toute ma famille. »

En compagnie de l’ancien commissaire de la LCF Mark Cohon, Anthony Calvillo savoure le moment, alors qu’il est devenu le passeur ayant accumulé le plus de verges de gains de l’histoire du football professionnel (CFL.ca).

Calvillo a pris sa retraite en janvier 2014, mettant fin à une incroyable carrière qui s’est amorcée avec le Posse de Las Vegas en 1994. Il a ensuite évolué avec les Tiger-Cats de Hamilton de 1995 à 1997 avant d’atterrir avec les Alouettes en 1998, avec qui il aura marqué l’histoire au poste de quart-arrière. Calvillo a remporté trois coupes Grey avec les Als, en plus de participer au match de championnat à huit reprises entre 2000 et 2010.

Le réseau TSN diffusera, ce vendredi à 19 h 30 HE, l’accomplissement statistique le plus mémorable de Calvillo. Le 10 octobre 2011, Calvillo est devenu le quart-arrière du football professionnel ayant cumulé le plus de verges de gains aériens de tous les temps, dans une victoire des Alouettes aux dépens des Argonauts de Toronto.

Lorsqu’il se remémore cette partie, Calvillo se souvient que la possibilité d’atteindre cet objectif entourait l’équipe à partir du camp d’entraînement jusqu’à ce match pivot. Et il s’est rendu compte que c’était plus une distraction qu’autre chose.

« Il y avait beaucoup d’attention dirigée sur ce possible événement. Il y avait beaucoup de couvertures médiatiques lorsque la saison a commencé », a dit Calvillo.

« Partout où j’allais, tout le monde m’en parlait : “Qu’en penses-tu? Seras-tu capable d’y arriver?” Il fallait vraiment que je sois préparé mentalement pour affronter ça toute l’année. Mais je crois que j’ai bien fait mon travail. »

« Lorsque j’y repense vraiment, ç’a été une vraie distraction pour toute l’équipe. Mes coéquipiers se faisaient poser d’autres questions, mais celles-ci menaient presque toujours à ce match. »

Calvillo le savait bien que ledit record était à sa portée s’il pouvait demeurer en santé tout au long de la saison et s’il jouait à la hauteur des attentes chaque semaine. Lorsque le duel contre les Argos est enfin arrivé, il a été surpris de voir un décompte sur le tableau indicateur du stade Percival-Molson. Il saurait donc à la suite de chaque passe complétée où il était rendu.

Il avait vu d’autres grands records être battus dans d’autres sports et la partie s’arrêtait pour commémorer le moment. Il ne voulait pas ça, mais ce fut inévitable. Ce qu’il ne savait pas c’était que les Oiseaux avaient pris le temps de concocter une vidéo hommage avec des témoignages d’autres quarts de la LCF et de la NFL, incluant Warren Moon, Dan Marino et Damon Allen, pour ne nommer que ceux-là.

Le quart-arrière Anthony Calvillo a passé 15 saisons dans l’uniforme des Alouettes de Montréal (La Presse Canadienne).

« Je me souviendrai toujours de ce moment », a dit Calvillo.

« Je suis chanceux de l’avoir partagé avec tous mes coéquipiers, mes entraîneurs et les partisans, mais surtout avec toute ma famille. Mes filles, ma conjointe et ma mère y étaient. »

« Voilà pourquoi j’ai hâte de voir ce match, parce que nous pourrons voir ce moment. Je pourrai revivre ce moment avec elles. J’ai très hâte. »

À 22 h 30 HE, le réseau TSN présentera le match d’ouverture de la saison 2010, qui était une revanche de la Coupe Grey 2009. Calvillo et les Alouettes ont voyagé jusqu’au Mosaic Stadium pour y affronter les Roughriders de la Saskatchewan pour la première fois depuis cette rencontre enlevante du mois de novembre. Cette partie était émotive à souhait, avec du drame et une pénalité pour trop de joueurs sur le terrain donnée à l’équipe hôtesse (encore!). Les Riders ont tout de même pu remporter le duel par la marque de 54-51 en prolongation.

« Il faisait chaud, bien sûr, c’était la fête du Canada et je me rappelle que c’était un match au pointage élevé. Nous les avons attaqués pas mal », a dit Calvillo, lui qui a cumulé 368 verges de gains, quatre touchés et une interception, au cours de ce match mémorable.

« Mais Darian Durant les a ramenés dans le match. La partie était un festival offensif. Je ne me rappelle plus quand est survenue la pénalité pour trop de joueurs sur le terrain. Je crois que c’était pendant la prolongation et ça nous a donné une chance. C’était l’un de ces matchs que nous avions hâte de jouer afin de bien amorcer la saison avec une victoire. Malheureusement, nous n’avons pas gagné, mais ce fut très excitant pour les partisans. »

Durant a terminé la rencontre avec des gains de 481 verges par la passe et cinq touchés. Alors que ce match a certainement été émotif pour les partisans des Riders, eux qui se souvenaient de la même pénalité donnée au cours du dernier match de la Coupe Grey, Calvillo ne sentait pas la même chose.

« Je leur dis toujours qu’elles ne savent tellement pas ce que leur père a pu accomplir dans le temps. J’ai donc très hâte de regarder ces matchs avec elles et avec toute ma famille. »

– Anthony Calvillo

« Je ne me souviens pas avoir senti de la pression, mais chaque fois que vous sautiez sur ce terrain, au Mosaic Stadium, les partisans étaient incroyables. Les partisans sont tellement intelligents », a-t-il dit.

« Lorsque leur attaque a le ballon, c’est silencieux, il n’y a pas de bruit et tout à coup, l’adversaire reprend le ballon et l’atmosphère change du tout au tout. Je me souviendrai toujours de ça. »

Comme tout monde, Calvillo tente de transformer la situation de la pandémie de COVID-19 en moments positifs. Il profite de tous les moments passés à la maison, à Montréal, avec sa famille et il poursuit son travail d’entre-saison avec les Carabins de l’Université de Montréal. Calvillo a été embauché en décembre dernier en tant qu’adjoint à l’entraîneur-chef de la formation universitaire. Il y a eu plusieurs rencontres virtuelles entre lui et les autres entraîneurs et les rencontres avec les joueurs augmenteront alors que la session d’hiver tire à sa fin.

Il se souvient de tous ses entraîneurs dans la LCF, surtout Don Matthews et Marc Trestman. Deux inspirations au cours de son processus de « formation » d’entraîneur.

« On se souvient toujours de nos derniers entraîneurs. Don Matthews a changé le cours de ma carrière lorsqu’il a dit “A.C., nous construirons cette équipe autour de toi”, en arrivant à la barre des Alouettes en 2002 », a dit Calvillo.

« D’avoir ce genre de confiance de la part de mon entraîneur-chef… Nous avons connu beaucoup de succès. »

« Mais sa philosophie était totalement différente de celle de Marc Trestman. Il y a tellement de façons d’y arriver. Je me souviens de tout ce que j’ai appris par l’entremise de tant d’entraîneurs, mais je me souviendrai toujours de ce que Marc a fait pour moi, de son style, de sa communication et de toute son attention aux détails. »

« Beaucoup de ce que je tente d’accomplir maintenant est directement lié à ce que j’ai appris de Marc et Don. »

D’après un article de Chris O’Leary, paru sur CFL.ca