5 mai 2020

O’Leary-Orange : « Le plus beau coup de téléphone de ma vie »

Nevada Athletics

WINNIPEG – Au son du téléphone à Reno, au Nevada, le cœur de ce jeune homme s’est tout de suite mis à battre très fort.

Quelques instants plus tard, à plus de 2000 km, à Toronto, la même nouvelle a retenti dans un écran d’ordinateur et la famille au grand complet a soupiré de soulagement, alors que tout le stress relié au repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF) était tombé.

Ça, c’était l’histoire de la soirée de repêchage de Brendan O’Leary-Orange en direct du Nevada – là où il va à l’université – et de celle de sa famille, installée au sud de l’Ontario. Il peut maintenant commencer à écrire le prochain chapitre de sa carrière de joueur de football, lui qui a été repêché par les Blue Bombers de Winnipeg.

Il sait tous les efforts et les sacrifices que sa famille a dû réaliser afin de lui permettre de se rendre dans les rangs professionnels. Surtout Doyle Orange, un homme qui a sa propre histoire dans la LCF.

« Je suis tellement heureux d’avoir été repêché », a dit O’Leary-Orange. « J’ai encore tant d’émotions reliées à ce moment. »

« J’ai eu l’appel de l’entraîneur-chef Mike O’Shea et il m’a dit que j’avais été sélectionné par les Blue Bombers… Le plus beau coup de téléphone de toute ma vie! J’ai tout de suite commencé à pleurer parce que j’ai dû surmonter tant d’adversité pour atteindre mon objectif. »

Le receveur Brendan O’Leary-Orange a été sélectionné au 37e rang par les Blue Bombers, lors du dernier repêchage de la LCF (Nevada Athletics).

En effet, O’Leary-Orange a dû faire face à plusieurs blessures lorsqu’il était avec le Wolf Pack, incluant celle où il est atterri sur son cou et sa clavicule, ce qui lui a causé une commotion cérébrale, au cours d’une victoire du Nevada aux dépens d’Oregon State en 2018.

Il y a eu la blessure au tendon qui l’a empêché de jouer autant qu’il le voulait, lors de sa dernière saison universitaire, elle qui s’était amorcée en grand pour O’Leary-Orange. Il était considéré comme le meilleur espoir de son équipe. Il a eu des difficultés à l’école, au cours de sa transition du secondaire à l’université. Être un étudiant-athlète n’est pas toujours facile.

« Je suis passé du jeune homme qui arrivait en retard à l’athlète vétéran qui voulait donner l’exemple », a dit O’Leary-Orange. « Maintenant, j’arrive à l’heure à mes traitements et j’arrête chez un plus jeune joueur afin de l’amener avec moi voir le médecin. »

« Je pense à ça puisque je suis reconnaissant de pouvoir être considéré comme un athlète professionnel. Je crois que tout ce que tu reçois tu dois d’abord le mériter. Il faut travailler fort. Rien n’est gratuit. »

Son père, Doyle, est né à Waycross, en Géorgie, en 1951 et il a passé son football universitaire à Southern Mississippi, pour ensuite être repêché au sixième tour par les Falcons d’Atlanta en 1974. Par la suite, il s’est rendu au Canada pour y jouer avec les Argonauts de Toronto.

Il a cumulé 870 verges de gains au sol en tant que recrue et il a été nommé sur l’équipe d’étoiles de la division Est en 1975, lui qui a amassé 1055 verges de gains en seulement 13 matchs. Les blessures l’ont limité à seulement 10 parties en 1976-1977 avec les Argos et les Tiger-Cats de Hamilton. Mais à ce moment, Orange avait trouvé un emploi aux Services des parcs et des loisirs de la ville de Toronto.

Il a aussi connu l’adversité, lui qui a grandi en se battant contre la discrimination au sud des États-Unis en passant par son cheminement de joueur de football, trouver un domicile fixe, rencontrer sa future conjointe et élever une famille au Canada.

O’Leary-Orange est le fils de l’ancienne vedette de la LCF, le demi offensif Doyle Orange (Nevada Athletics).

« Ma conjointe et moi étions avec nos deux autres fils et nous regardions le tout sur TSN, tout en ayant nos ordinateurs portables ouverts et nous étions en train de crier de joie », a dit Orange, en riant.

« Nous étions très heureux et excités de le voir réussir, lui qui y a mis tant d’effort. Je me suis mis à penser à tous ces moments où je le trimbalais partout et tous ces matchs de petites ligues, des choses comme ça. »

Il y a de la fierté dans la voix d’Orange et il se précipite pour affirmer que ses deux autres fils – Liam et Daniel – connaissent aussi leur part de succès. Daniel est un consultant financier à la Banque TD à Toronto, alors que Liam est présentement un membre des Rams de Ryerson, une équipe de basketball.

« Nous voulons qu’ils aient du succès dans ce qu’ils font », a-t-il dit. « Ma conjointe et moi avons travaillé fort pour leur offrir le meilleur. Ma conjointe est très catholique, les garçons sont donc allés à l’école catholique et je me suis converti au catholicisme. »

« Tout ce que nous avons tenté de faire, c’est de leur donner de bonnes bases. Je leur ai parlé de mes expériences de vies et de mes difficultés pour ainsi leur faire comprendre qu’ils devaient réaliser de grandes choses. »

Ceci explique en partie toute l’émotion engendrée par la sélection d’O’Leary-Orange, jeudi soir dernier.

« Lorsque j’étais petit, mon père m’a beaucoup influencé », a-t-il dit. « Puisque j’ai grandi à Toronto, tout le monde connaissait l’histoire de mon père. On me posait souvent la question à savoir si je voulais être comme lui, si je voulais devenir un joueur de football comme lui. »

« J’ai résisté à tout ça pendant un certain temps, mais j’ai toujours été bon au football. Et mon père m’a guidé dans tout ce processus. Toute cette sagesse et mon éthique de travail, ça vient de lui. »


 
« Voir mes parents se lever chaque jour et être aussi engagés envers nous, sans arrêt, ç’a allumé le feu en moi. Mon père nous a toujours aidés. Il m’a appris que si tu veux être bon dans quelque chose, il faut y mettre le travail. Rien ne te sera offert sur un plateau d’argent. Je ne peux tout simplement pas assez le remercier et ma mère aussi, pour toute leur aide. »

« J’ai hâte d’amorcer le travail et je suis excité de porter les couleurs des Blue Bombers. Je ne peux pas assez les remercier de m’avoir sélectionné et de croire en moi. »

Nous ne savons pas encore ce qui arrivera. Mais O’Leary-Orange est sûr qu’il enfilera bientôt l’uniforme des Bombers et que sa famille pourra venir à Winnipeg pour le voir jouer. Ce serait la première visite de Doyle Orange à Winnipeg depuis un bon moment.

« Ça fait tellement longtemps », a dit Orange, en éclatant de rire. « La dernière fois a été avec Toronto ou par la suite avec Hamilton. Nous jouions sur l’ancien terrain dans ce temps-là. Nous voyions ces gros jets passer en haut de nous lorsque nous étions en train de nous échauffer. C’était comme un film de Star Wars. »

« J’ai de très bons souvenirs de toutes mes visites dans les villes de la LCF. J’ai vu le nouveau stade à la télévision et c’est l’une des premières choses que j’ai dit à Brendan : il aura la chance de jouer dans un très beau stade. »

« Je lui ai dit de s’armer de patience, de croire fermement qu’il est à sa place. Nous voulions tellement qu’il trouve quelque chose de bon pour lui. Nous sommes vraiment contents pour lui. »

D’après un article d’Ed Tait, paru sur CFL.ca