12 mai 2020

Choisi au dernier rang, Kambamba veut être le prochain joueur d’impact

Western Mustangs

TORONTO – Avant de se concentrer sur le repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF), Bleska Kambamba regardait ce que plusieurs partisans de sports regardent à travers le monde en ce moment.

« J’étais un gars de basketball, alors Micheal Jordan était mon idole », a dit le demi défensif de l’Université Western, en direct de sa demeure à London, en Ontario. Il est en train de regarder la série documentaire de Netflix, The Last Dance, qui retrace les péripéties de la dernière saison de Jordan avec les Bulls de Chicago, en 1997-1998.

« Je veux toujours puiser au plus profond de moi-même pour gagner et je le fais grâce à mes idoles. J’ai été choisi au dernier rang et maintenant il y a Michael Jordan qui me le remet en pleine face “Que vas -tu faire de cette situation?” »

Kambamba a ri un peu lorsqu’il a dit ça, mais il était tout de même sérieux. Le dernier choix du repêchage 2020 de la LCF – 73e au total par les Blue Bombers de Winnipeg – est vraiment excité d’avoir la chance de faire sa place dans une équipe du circuit Ambrosie. Tout de même, il aurait aimé être sélectionné plus tôt.

Il n’avait pas d’attentes en ce qui a trait au dernier encan canadien. Mais au fur et à mesure qu’il voyait les noms sortir sur les ondes de TSN et par la suite sur CFL.ca, la patience de l’athlète de cinq pieds, 11 pouces et 184 livres en prenait pour son rhume.

Kambamba – au Défi Est-Ouest sur la photo -, est prêt à saisir sa chance avec les Blue Bombers de Winnipeg (Western University athletics).

« Tout au long du processus, je me disais que ça importait peu à quel rang je serais choisi », a-t-il dit. « Si j’ai ce qu’il faut, je serai sur le terrain en train de jouer. »

Lorsque son nom est sorti en dernier, il a dit qu’il était plutôt soulagé qu’excité.

« C’est très inspirant », a dit Kambamba. « Je vais tenter de prendre ce 73 et le transformer en quelque chose de positif. »

En étant choisi en dernier, Kambamba a rejoint des joueurs qui ont été sélectionnés au dernier échelon et qui ont connu de brillantes carrières professionnelles ou, du moins, qui sont en voie d’en connaître de très belles. Être choisi en dernier peut être décourageant, mais plusieurs joueurs ont utilisé cet état de fait comme un point de départ de leur carrière.

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« Ce fut une longue soirée remplie de suspense. Ça, c’est certain », a dit Colton Hunchak.

Ça fait maintenant un an de cela, il regardait et entendait des noms se faire appeler pendant le repêchage 2019 de la LCF. Avec deux équipes et deux choix à faire – Ottawa et Calgary –, l’athlète originaire de Calgary était à la maison de son agent et il se préparait à partir. Trop stressant pour lui.

« J’étais tellement tanné de regarder l’écran. J’ai décidé d’aller faire une marche pour me calmer un peu », a-t-il dit.

Il était à l’extérieur de la maison lorsqu’il a entendu des cris à l’intérieur. Les Stamps venaient de le sélectionner au 73e rang.

« Ce fut l’un des meilleurs moments de ma vie », a dit Hunchak.

« Avoir la possibilité de déménager à Calgary avec ma copine et ma fille pour pouvoir jouer devant ma famille… »

Lui qui était dans les plans tardifs de repêchage des Stampeders, Hunchak a eu un impact au cours de sa saison recrue. Il a participé à 14 matchs et il a capté 16 passes pour des gains de 231 verges.

« J’étais tellement content d’avoir une occasion de me faire valoir », a dit Hunchak.

« L’une des choses que j’avais en tête au départ c’est que j’aurais moins de pression que si j’avais été un choix de premier, deuxième ou même de troisième tour, mais que j’aurais moins d’occasions de montrer ce que je savais faire. »

« Mais lorsque vous êtes sur le terrain, vous ne jouez pas avec des choix de premier, deuxième, ou peu importe le tour. Tout le monde a la même chance de se faire valoir. Il faut simplement saisir cette chance et en faire quelque chose d’extraordinaire. »

D.J. Lalama a saisi sa deuxième chance dans la LCF, lui qui a connu la meilleure saison de sa carrière avec les Alouettes, en 2019 (Dominick Gravel/CFL.ca).

Même chose pour D.J. Lalama lorsque les Eskimos d’Edmonton l’ont choisi au dernier rang du repêchage 2016 de la LCF. Le secondeur originaire de Winnipeg a été sélectionné au 70e rang par les Esks, eux qui venaient de remporter la Coupe Grey. Lalama était très heureux de rejoindre une équipe gagnante et il se disait que plusieurs joueurs pourraient lui apprendre beaucoup de choses.

« Ç’a été toute une semaine », a dit Lalama. Lui qui arrivait des Bisons du Manitoba, en plus d’avoir passé un peu de temps avec les Giants de New York, à leur mini-camp, il croyait qu’il serait sélectionné au milieu du repêchage.

« Dès que vous franchisez la porte du repêchage, quelqu’un possède vos droits de négociation. Que vous ayez été sélectionnés au premier ou au septième tour, tout le monde a les mêmes droits. Vous avez franchi la porte, le reste il faut le créer. »

« Prenez tout ce que vous avez à prendre de tous les vétérans autour de vous. Pour ma part, je me suis beaucoup appuyé sur Donny Oramasionwu et Eddie Steele pour me rendre au camp d’entraînement. Dès que j’arrivais, je m’appuyais sur Almondo Sewell. Travaillez fort, montrez à tout le monde que vous voulez tout faire pour le succès de l’équipe et n’oubliez pas d’être vous-mêmes. »

Lalama est retourné au Manitoba pour terminer l’école en 2016 et il a été libéré tardivement par les Esks, au cours du camp de 2017. Il s’est promené entre Montréal et les Bombers, avant de trouver son aire d’allée à Montréal l’an dernier. Lui qui a cumulé 25 plaqués défensifs – son meilleur résultat en carrière —, en plus de réaliser son premier sac en carrière en 2019, Lalama a signé une prolongation de contrat d’un an avec les Alouettes, au cours de l’entre-saison.

De son côté, Luc Brodeur-Jourdain (LBJ) se rappelle toujours de certains noms de joueurs de ligne offensive qui ont été choisis avant lui. Quelques-uns ont été sélectionnés par d’autres équipes et d’autres ont été sélectionnés par les Alouettes de Montréal, qui ont éventuellement choisi LBJ au 48e et dernier rang de l’encan de 2008.

Le dernier choix du repêchage de la LCF en 2008, Luc Brodeur-Jourdain a appris que la polyvalence le mènerait loin, lui qui a connu une brillante carrière de 11 saisons avec les Alouettes (Dominick Gravel/Montreal Alouettes).

Il se souvient également d’un camp d’évaluation qui n’avait pas été comme il le voulait. Il était le joueur de ligne offensive le plus lourd du camp et, bien qu’il ait assez bien couru et qu’il ait assez bien fait à l’épreuve du développé couché, il semblait y avoir des idées préconçues à son sujet. Au cours des entrevues avec les formations de la LCF, il avait dit à l’une d’entre elles que si ce n’était pas d’un garde qu’elle avait besoin, il ne valait pas la peine de le repêcher.

« J’ai toujours été quelqu’un qui allait droit au but », a-t-il dit, en direct de sa demeure de la Rive-Sud de Montréal. Après avoir pris sa retraite l’an dernier, il est maintenant l’adjoint à l’entraîneur de la ligne offensive des Oiseaux.

« J’ai probablement eu de mauvaises entrevues. Je sais que j’avais connu de mauvaises épreuves à un contre un. Ce que vous voulez voir d’un jeune joueur, c’est sa capacité à bien bouger ses pieds et à quel point il enclenche rapidement. »

« Si vous ne regardez pas les autres vidéos et que vous focalisez simplement sur le camp, je crois que vous n’obtiendrez pas tout ce dont vous aurez besoin. Ce n’est pas qui vous êtes, ces exercices ne représentent pas nécessairement tout ce que vous êtes. »

« Je me suis présenté au repêchage et on disait à l’époque que je devais sortir au deuxième tour. J’avais été nommé deux fois sur l’équipe d’étoiles d’U SPORTS, j’avais été nommé sur l’équipe d’étoiles de la conférence dans laquelle je jouais avec le Rouge et Or de l’Université Laval et j’avais remporté la Coupe Vanier. »

Comme Lalama, il est retourné à l’école. Il a utilisé cette dernière année universitaire afin de peaufiner son jeu. Il ne voulait plus simplement jouer au poste de garde. Il était maintenant plus ouvert. Lorsqu’il est revenu avec les Alouettes, il a fait le saut au poste de centre et il a connu une brillante carrière de 11 ans dans la métropole québécoise. Il faisait tout ce que l’équipe lui demandait de faire. À sa septième saison, il est revenu d’une blessure grave et il a joué sur les unités spéciales.

Lorsqu’on lui a demandé quels conseils ils donneraient à Kambamba afin de bien amorcer sa carrière professionnelle, les mêmes thèmes revenaient à l’avant-plan.

« Sois ouvert d’esprit », a dit LBJ.

« Ne t’attache pas trop ce que tu crois être. Tu pourrais être surpris. »

« La chose la plus difficile à faire, c’est de continuer de croire en toi », a dit, quant à lui, Lalama.

« Tous les 73 gars qui ont été repêchés, c’est cette confiance en soi qui leur a permis de se rendre là où ils sont. Il faut bien sûr saisir sa chance, mais continue de croire en toi. Baisse la tête et saute dans la mêlée. Fais tout ce qu’on te demande. »

« Je me souviens que Jason Maas m’avait demandé de jouer à la position de centre-arrière, au cours du camp des Esks. Calvin McCarty et Mike Miller étaient blessés. Plus tu en fais, plus tu apprends et plus ça pourra t’aider. »

«C’est très inspirant. Je vais tenter de prendre ce 73 et le transformer en quelque chose de positif.»

– Bleska Kambamba

« Sois reconnaissant de la chance que tu as », a dit Hunchak.

« Il faudra que tu travailles plus fort que tout le monde. Il faut que tu fasses en sorte que tout le monde se dise que c’est une erreur de ne pas t’avoir repêché plus tôt. C’est ce que je me disais tout au long de mon camp d’entraînement. »

« Il faudra aussi que tu fasses des sacrifices. C’est ce que j’ai fait l’année dernière. Je me levais très tôt et j’étais le premier arrivé chaque jour. Je crois que ç’a beaucoup aidé ma cause. Ça donne une belle impression lorsque les entraîneurs te voient prendre tout ce processus au sérieux. »

Kambamba semble avoir cette même volonté, ce même feu intérieur. À la suite de son repêchage, le directeur général des Bombers Kyle Walters a vanté sa polyvalence dans le champ arrière et ce qu’il avait pu accomplir au cours de ses quatre saisons avec les Mustangs. Il a terminé sa carrière avec 87 plaqués défensifs, cinq interceptions, 16 passes rabattues, trois échappés provoqués et deux échappés recouvrés, en plus de remporter la Coupe Vanier en 2017.

« Il était trop bon pour ne pas le repêcher », a dit Walters. « Il nous donnera beaucoup de profondeur en défense. »

« En tant qu’ancien joueur de Western, je sais ce que c’est de remporter un championnat et j’ai très hâte de ressentir cela dans les rangs professionnels », a dit Kambamba.

Avec les Bombers, il a franchi la porte. Il a maintenant hâte d’entrer dans la danse.

D’après un article de Chris O’Leary, paru sur CFL.ca