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22 mai 2020

Temple de la renommée : DeNobile est le fil qui relie toutes les légendes

Kevin Sousa/LCF.ca

HAMILTON – Ce soir, lorsque TSN présentera deux matchs de la Ligue canadienne de football (LCF) à compter de 19 h HE, les partisans verront certains des plus grands noms des dernières années dans l’univers du football canadien être admis au sein de son Temple de la renommée.

Il y a les noms que tous les amateurs connaissent, ceux qui apparaissent au dos des chandails, que l’on voit prendre la parole lors des entrevues d’après-match et dont on raconte les exploits tout au long de la saison.

Derrière tous ceux qui finissent par se tenir sur une scène à Hamilton pour faire un discours à leurs pairs et voir leur buste faire son entrée dans le Temple de la renommée, on retrouve Mark DeNobile. Il est directeur général du Temple de la renommée du football canadien depuis 2008.

Sur TSN, on verra les intronisations d’Anthony Calvillo, de Geroy Simon, de Mike O’Shea et de Jon Cornish, pour ne nommer que celles-ci. DeNobile est le fil qui les relie au reste des joueurs et des bâtisseurs intronisés au Temple de la renommée.

Sa journée préférée au travail survient lorsque le scrutin est terminé et qu’il y a une nouvelle cuvée de joueurs et de constructeurs prête à être intronisée au Temple de la renommée. Son deuxième jour préféré survient lorsqu’il parvient à décrocher le téléphone et à transmettre la bonne nouvelle aux intronisés.

« C’est un monde complètement différent », a confié DeNobile depuis son domicile à Hamilton.

« Faire ces appels change la vie des gens. Il y a toujours celui qui dit : ‘‘Je pensais que vous m’aviez oublié!’’ Et il y a ceux qui sont tout simplement abasourdis et qui ne savent pas quoi dire. »

La cuvée 2019 du Temple de la renommée du football canadien lors de la cérémonie d’intronisation le 10 août à Hamilton (Kevin Sousa/LCF.ca)

Ce n’est pas intentionnellement un secret soigneusement gardé, mais le processus de scrutin du Temple de la renommée du football canadien se fait discrètement. Il se déroule généralement en janvier et en février, et DeNobile commence à passer ses coups de fil et à prendre des dispositions peu de temps après pour une annonce en mars et une intronisation en septembre. Les intronisés de 2020 ont été déterminés, mais la pandémie de la COVID-19 a pour l’instant mis sur pause le reste du processus.

DeNobile est témoin d’une panoplie d’émotions de la part des joueurs. Il se souvient que l’ancien joueur de ligne défensive des Lions de la Colombie-Britannique, Brent Johnson, avait failli avoir un accident de voiture lorsqu’il avait appris la nouvelle en 2018. Cette année-là, l’ancien joueur de ligne offensive des Alouettes de Montréal, Tom Hugo, avait été intronisé à titre posthume. Soixante ans après sa carrière, 23 membres de sa famille s’étaient rendus à Hamilton, en provenance d’Hawaï, pour la cérémonie. C’était comme s’ils avaient amené l’esprit de leur père avec eux.

« Je trouve que les appels les plus difficiles sont ceux pour les intronisés à titre posthume », a admis DeNobile.

« La famille… Il n’y a que des larmes et tout le monde aimerait que leur père soit là. Je me souviens quand Gino Fracas a été admis à titre posthume, nous avions fait participer sa famille à la cérémonie de dévoilement de son buste. Avant son décès, il avait écrit son propre discours pour son intronisation au Temple de la renommée, et son fils l’a lu. C’était vraiment touchant. »

Une fois que les joueurs ont prononcé leurs discours, récupéré leurs bagues et leurs vestes et célébré leur carrière, leurs bustes font leur entrée dans le Temple de la renommée du football canadien, qui se trouve au Terrain Tim Hortons depuis deux ans. L’entrée de la salle est bordée de ces bustes : les nouveaux joueurs qui y figurent rejoignent ainsi les rangs d’une nouvelle équipe d’élite.

« Je leur dis: ‘‘Vous devenez maintenant une œuvre dans un musée. Vous êtes un artefact. » Ils n’aiment pas nécessairement entendre cela », confie DeNobile en riant. « Mais c’est la réalité. Ils sont intronisés pour toujours. »

« C’est spécial parce que les joueurs et les bâtisseurs ne font pas ce travail pour être admis au Temple de la renommée. Ils le font pour gagner des championnats. Leur admission n’est que la cerise sur le gâteau. »

Quand DeNobile repense à ses années passées au travail, il se rappelle les noms de certains des grands qu’il a vus être admis au Temple de la renommée. Doug Flutie, Michael « Pinball » Clemons, Tracy Ham, Danny McManus, Damon Allen, Milt Stegall, Dave Dickenson, Anthony Calvillo… Une incroyable lignée de joueurs, sur le terrain, s’est transformée en un groupe tout aussi impressionnant de membres du Temple de la renommée.

« Quelque 20 joueurs ou bâtisseurs ont été intronisés dès leur première année d’admissibilité depuis 1963. La carrière de ces hommes a pris fin, puis, trois ans plus tard, ils ont été admis. Les autres attendent leur tour. Ils attendent 40 ans, 60 ans. Parfois, ils nous ont quittés, mais leur famille apprécie le fait que le nom de leur être cher vivra à jamais. »

« Je leur dis : ‘‘Je ne peux pas vous faire jouer, je ne peux pas vous échanger, et je ne peux pas vous payer, mais votre nom fera partie du Temple pour toujours.’’ C’est toute une équipe. Quand vous regardez tous les joueurs qui ont pratiqué le football canadien, pas uniquement les joueurs de la LCF… Nous ne comptons que 309 membres. Il faut soustraire 90 bâtisseurs de ce nombre en plus; ça ne fait pas beaucoup de joueurs. Je crois que c’est un peu moins de 0,2 % de tous les joueurs qui font partie du Temple de la renommée. »

DeNobile regardera les matchs ce soir et repensera à ces souvenirs pas trop éloignés en regardant ces joueurs faire à nouveau leur entrée dans le Temple de la renommée. Il espère une saison en 2020, mais, comme beaucoup d’entre nous, il ne sait pas à quoi cela pourrait ressembler en ce moment. Le père de DeNobile, Geno, a joué pour les Tiger-Cats de 1957 à 1964. Il a joué à l’Université Concordia, puis un court essai avec les Argonauts au début des années 1980 a mis fin à ses aspirations de jouer chez les professionnels.

Présentement, DeNobile attend et profite de son emploi au Temple de la renommée pour passer le temps. Il possède plus de cent ans d’histoire de football canadien au bout des doigts.

La LCF a déjà vu neiger et a toujours trouvé le moyen de survivre au fil des années. DeNobile le sait mieux que quiconque. Aujourd’hui, il s’appuie là-dessus et espère que de meilleurs jours seront bientôt de retour.