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29 mai 2020

Harris : Le meilleur joueur canadien de l’histoire de la LCF?

Dave Chidley/CFL.ca

TORONTO – Lorsqu’Andrew Harris a débarqué sur la scène d’après-match de la 107e Coupe Grey, à Calgary en novembre dernier, il savait fort bien qu’il venait d’écrire une page d’histoire.

Personne n’était obligé de dire au Winnipegois d’origine que les Blue Bombers avaient mis fin à leur disette de 29 ans. Avec leur victoire de 33-12 aux dépens des Tiger-Cats de Hamilton, les Bombers ont mis la main sur leur première coupe Grey depuis 1990. La plus longue disette sans championnat de la Ligue avait finalement pris fin.

Peut-être bien que Harris était au courant qu’il avait de fortes chances d’être nommé le joueur par excellence de la 107e Coupe Grey. Il a transformé 18 courses en 134 verges de gains et un touché, cette soirée-là, à Calgary, en plus d’ajouter 35 verges de gains et un touché, en cinq réceptions. Il a été le catalyseur de l’attaque des Bombers, elle qui a produit chaque fois qu’elle en a eu l’occasion.

À voir Harris sur cette scène, dans le moment présent, le trentenaire ne semblait pas savoir ce qui s’en venait pour lui.

« Pour la première fois dans l’histoire de la Ligue », a dit James Duthie de TSN aux partisans des Bombers qui étaient restés au McMahon Stadium afin de célébrer, « le joueur canadien par excellence de la Coupe Grey est aussi le joueur par excellence de la Coupe Grey. » Harris a accepté les deux prix et à ce moment, ça lui a éclaté en pleine figure. Il a donc tenu ses trophées à bout de bras et il a célébré, prenant le temps de savourer ces mots : le premier de l’histoire; le joueur canadien par excellence, le joueur par excellence…

Au cours des trois dernières saisons, Andrew Harris a été presque impossible à arrêter (Trevor Hagan/CFL.ca).

Bien que ces moments télévisuels précieux restent gravés dans le temps, dans la réalité, ceux-ci vont à la vitesse de la lumière. Tout est calculé au quart de tour. La célébration, la remise des prix individuels et la présentation de la coupe Grey se succèdent à un rythme endiablé.

Alors peut-être que maintenant, six mois plus tard – surtout maintenant, vu les circonstances dans lesquelles nous sommes installées —, ces mots auront le temps de se rendre à lui, alors que Harris pourra les laisser entrer un à un. La Ligue canadienne de football (LCF) a vu tant de talent canadien au fil du temps. Mais la Ligue n’a jamais connu un autre joueur comme Andrew Harris.

Le doublé des prix individuels lors de la dernière Coupe Grey – et la fin de la disette —, place Harris dans une classe à part. Il se démarque d’un groupe de joueurs aussi talentueux que Jon Cornish, Ben Cahoon, Dave Sapunjis, Rocky DiPietro, Tony Gabriel, Russ Jackson et Normie Kwong, pour ne nommer que ceux-là.

La performance de Harris contre la défense des Ticats qui n’avait accordé que 344 points en 2019 – la meilleure équipe de la LCF à ce chapitre – a été comme un couronnement. À la suite d’une saison remplie de rebondissements pour Harris – vous souvenez-vous de sa suspension? —, il a utilisé la plus grande scène du circuit canadien afin de démontrer toute sa domination.

La controverse l’a frappé de tout bord tout côté : les partisans, les autres joueurs et les votes pour le Gala d’excellence de la LCF… Et tout cela lui a collé à la peau bien au-delà de ses deux matchs de suspensions. Avant cette suspension, il était dans la conversation pour le titre du joueur par excellence de la LCF ainsi que pour celui du joueur canadien par excellence, au cours de la dernière saison. Il a soulevé la coupe Grey et il a prouvé à tous ces gens qu’ils avaient tort.


 
Il a admis après le match que le fait d’avoir été questionné sur son intégrité l’avait mis à l’envers et que ce fut la situation la plus difficile qu’il ait eu à vivre au cours de sa vie.

« J’ai eu beaucoup d’attention négative pendant toute l’année », a dit Harris, lors de la conférence de presse d’après-match.

« D’avoir remporté ces deux honneurs individuels, ça, c’est pour tous ceux et celles qui ont écrit quelque chose de négatif à mon sujet ».

« Je voulais simplement jouer mon meilleur match et j’ai été en mesure de le faire. Je suis tellement fier de mes coéquipiers, eux qui m’ont appuyé, tout comme mes amis et ma famille. C’était un match important pour moi et je voulais être à la hauteur. »

C’est ce qu’il a fait, en plus d’accomplir quelque chose qui n’avait jamais été accompli auparavant. À 32 ans, Harris a son nom inscrit partout dans les livres de records. Que ce soit les matchs de 100 verges ou plus (il en a 26) ou les saisons de 1000 verges ou plus (il en a cinq et trois d’affilée), il pourchasse et dépasse les meilleurs porteurs de ballon de la Ligue, peu importe le passeport qu’ils ont.

Il a dépassé Kwong l’an dernier, pour devenir le meilleur demi offensif canadien de tous les temps (au chapitre des verges de gains au sol) et bien qu’il aura de la difficulté à combler les quelque 7000 verges qui le sépare de George Reed et Mike Pringle, pour le meilleur demi offensif de tous les temps (au chapitre des verges de gains au sol), Harris est déjà l’un des meilleurs joueurs à avoir évolué dans la LCF.

Et ce qui s’en vient pour le reste de sa brillante carrière – peut-être qu’il réussira une saison de 1000 verges au sol/1000 verges sur des réceptions – ne sera que le glaçage sur le gâteau, alors que l’histoire continuera de s’écrire sous nos yeux.

D’après un article de Chris O’Leary, paru sur CFL.ca