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3 juin 2020

Jefferson : « On veut juste que les choses changent »

BlueBombers.com

WINNIPEG – Willie Jefferson a une voix et une plateforme qui lui permet de la faire entendre et il l’utilise à bon escient.

Et il espère que les choses puissent un jour changer.

L’ailier défensif des Blue Bombers de Winnipeg, avec sa conjointe, Holly, ont été très actifs sur les réseaux sociaux, eux qui veulent parler et sensibiliser leurs abonnés à ce qui s’est passé au sud de la frontière, par rapport au meurtre de George Floyd à Minneapolis et aux manifestations qui ont suivi.

« Nous voulons que les gens nous regardent d’un autre angle, d’un autre point de vue, nous voulons qu’ils changent de perspective, afin qu’ils nous regardent comme des humains de couleur noire et pas seulement comme des personnes de couleur noire », a dit Jefferson.

Et c’est bien plus que ça aussi, a insisté Jefferson. Le racisme est partout et il affecte des millions de personnes partout à travers le monde. Mais le meurtre de Floyd a été la goutte qui a fait déborder le vase. Cet événement tragique a touché les gens et les a amenés à s’exprimer sur le sujet, incluant les Jefferson.

« Ma conjointe me dit toujours qu’elle a peur pour ma vie, chaque fois que je quitte la maison, et ce, à cause de tout ce qui se passe ces jours-ci, ou chaque fois que nous prenons la voiture et que nous empruntons l’autoroute », a dit Jefferson. « Vous ne savez jamais dans quel genre de situation vous serez impliqués si jamais vous vous faites arrêter. Il faut toujours marcher droit… Personne ne veut risquer de mourir devant sa famille. »

« Et ça ne se passe pas seulement ici, mais à travers le monde. Les Noirs ne sont pas traités justement. Mais c’est un problème qui dépasse la communauté noire. C’est tout le monde. Nous voulons que tout le monde puisse voir que ce qui se passe n’est pas normal, que c’est mal. C’est la réalité et ce n’est pas quelque chose qui n’arrive qu’aux Afros-Américains ou qu’à des personnes de couleur. C’est quelque chose qui arrive à beaucoup de monde. Parfois, le problème est caché ou mis de côté. »

« Je ne veux pas non plus que tout le monde pense que ce n’est qu’une affaire américaine », a ajouté Jefferson. « Il y a du racisme partout… Pas seulement les Noirs, mais les peuples autochtones également. Lorsque je publie un “tweet” ou que ma conjointe en publie un ou peu importe qui fait une déclaration sur le racisme ou sur les inégalités et que les gens répondent “Venez au Canada”, eh bien, c’est de l’insensibilité et de l’inconscience par rapport à ce qui se passe dans ton propre pays. »

Les Jefferson ont pris part à une manifestation pacifique à Austin, au Texas, la fin de semaine dernière et plusieurs personnes issues de toute sorte de communautés ethniques y étaient. Jefferson a dit que les discours qu’il a entendus étaient éclairants et puissants. Il a aussi apprécié la déclaration que les Blue Bombers ont envoyée dimanche dernier :

« Nos amis, nos collègues et nos voisins continuent de vivre de la violence et se sentent menacés à cause de la couleur de leur peau. En tant qu’organisation et en tant que communauté aussi diverse que la nôtre, non seulement nous en prenons conscience, mais nous souffrons énormément pour toutes les personnes qui sont affectées par le racisme. Pour toutes les personnes qui ont peur de s’exprimer à cause des possibles répercussions. Pour toutes les personnes qui sont témoins ou qui vivent cette violence et qui tentent de trouver un sens à la vie, à notre humanité. La discrimination contre quelqu’un à cause de la couleur de sa peau n’a pas sa place dans la société, ici, comme ailleurs. S’exprimer contre le racisme sous toutes ses formes, se regrouper et choisir l’échange et l’écoute au lieu de la haine et la violence sont les seuls moyens à prendre pour commencer à bâtir une meilleure société. Garder le silence n’est pas une option. »

« Je suis fier que mon équipe ait fait cette déclaration en réaction à tout ce qui se passe », a dit Jefferson. « Ça démontre que l’organisation winnipegoise est derrière nous, et pas seulement derrière moi. Beaucoup de Noirs appuient l’organisation, il y a beaucoup de joueurs de couleur noire qui jouent avec tout leur cœur pour cette formation et plusieurs joueurs de couleur noire sont passés par cette organisation. »

« Wade (Miller), Kyle (Walters), Darren (Cameron) et toutes ces autres personnes qui constituent le bureau en chef sont de bonnes personnes, très terre-à-terre qui vous traite comme un être humain et pas seulement comme un autre morceau qui les aidera à remporter un autre match. Ils prennent soin de vous, de votre famille et ils sont toujours là pour vous aider. »

« Je les salue pour cette déclaration. »

L’ailier défensif des Blue Bombers de Winnipeg Willie Jefferson embrasse sa fille, Kelley, à la suite d’une séance d’entraînement (BlueBombers.com).

Ce qui préoccupe Jefferson et bien d’autres c’est que les manifestations, les déclarations et l’indignation s’essoufflent. Et que d’autres incidents rallument le feu.

« C’est ce que tout le monde tente de combattre, en ce moment », a-t-il dit. « Nous ne voulons plus que tout ça se produise encore et encore. L’histoire se répète. Mon père, ma mère, le père de ma conjointe ainsi que sa mère ont tous et toutes été témoins ou ont vécu ça dans les années 1960 et 1970, lorsqu’ils et elles étaient plus jeunes. Ils ont bien de la difficulté de constater que ça se produit toujours aujourd’hui. »

« Tout ce que nous pouvons faire c’est d’essayer de changer les choses pour nos enfants. Nous voulons juste que les choses changent. Nous voulons l’égalité pour tout le monde, pas juste pour les Noirs. J’enseigne à ma fille qu’elle n’est pas meilleure que les autres, que nous sommes égaux. Je souhaiterais que tout le monde enseigne ça à leurs enfants, parce que le racisme n’est pas là à la naissance, il se construit avec les personnes qui vous entourent. »

« Je traite les gens avec respect et avec bonté, peu importe la couleur de leur peau, peu importe leur âge, peu importe leurs origines… C’est comme ça que j’ai été élevé. Et je souhaiterais recevoir le même traitement, mais ce n’est malheureusement pas le cas pour le moment. »

« De rester silencieux n’est pas une option. De ne pas s’exprimer sur ce qui se passe n’est vraiment pas une bonne idée. C’est juste mal. »

D’après un article d’Ed Tait, paru sur CFL.ca