18 juin 2020

Hervey : L’épuisement dû au racisme

Johany Jutras/LCF.ca

TORONTO – La Ligue canadienne de football (LCF) s’est engagée à partager les histoires de ses joueurs et du personnel des quatre coins de la Ligue, pour que leurs voix soient entendues parmi le mouvement « Black Lives Matter » qui s’active partout sur la planète.

Aujourd’hui, nous vous invitons à lire le mot écrit par Ed Hevery, le directeur général des Lions de la Colombie-Britannique.


Lorsqu’on m’a demandé si je souhaitais partager mes réflexions sur la discrimination raciale en écrivant cet article, j’ai d’abord hésité. La principale raison de mon appréhension est que je me demandais si j’étais en mesure de rédiger un message digne de ceux qui ont tout risqué pour exprimer leur mécontentement, mais qui ont continuellement été ignorés. Cependant, le silence n’est plus une option.

Pour moi, cette conversation est profonde et complexe, et a été réservée à la famille et aux amis proches jusqu’à aujourd’hui. Toutefois, la conversation a marqué l’actualité non seulement aux États-Unis, mais dans le monde entier.

J’ai grandi dans la région de Los Angeles, où j’ai vu et vécu suffisamment d’expériences pour remplir toute une vie. J’ai regardé ce qui est arrivé à George Floyd dans son intégralité, et cela m’a rappelé la nouvelle de Rodney King, qui a été violemment battu par des officiers de la police de Los Angeles le 3 mars 1991. Un peu plus d’un an plus tard, le 29 avril 1992, Los Angeles avait été le théâtre d’une explosion de violence, de pillage et d’incendies en réponse à l’acquittement des quatre policiers liés à la raclée flanquée à King. Je m’en souviens comme si c’était hier.

Je veux être parfaitement clair; la douleur et l’épuisement mental de la discrimination contre les Afro-Américains vont au-delà de la cruauté observée dans les vidéos inquiétantes de la mort de George Floyd et de la raclée subie par Rodney King. Les Afro-Américains demandent et supplient d’être entendus depuis la proclamation d’émancipation.

Il ne s’agit pas uniquement de brutalité policière. Cela ne représente qu’une partie du problème. Le racisme est une réalité constante dans nos vies.

Les athlètes sont admirés, vénérés et souvent critiqués. Je me souviens d’un article écrit le 21 juillet 2015 par le chroniqueur du Edmonton Sun, Terry Jones. L’article contenait des propos offensants et honteux à l’endroit de l’ancien membre des Eskimos d’Edmonton, Odell Willis. Près de cinq ans plus tard, je n’arrive toujours pas à croire ce que j’ai lu en 2015. Il y avait un paragraphe dans l’article qui franchissait franchement la ligne et qui était tout simplement discriminatoire.

« Willis a un historique. C’est un récidiviste. Donnez-lui assez de corde, et il se pendra. Mardi, les Eskimos ont repris l’entraînement, et les membres des médias étaient réunis pour voir s’il avait un nœud coulant autour du cou. » – Terry Jones

La référence est une image offensante, en particulier pour les générations d’Afro-Américains qui connaissent son histoire. Elle représente l’exécution d’au moins 3446 personnes noires aux États-Unis entre 1882 et 1968, selon le NAACP.

J’ai fait part de mes préoccupations au sujet de l’article lors de notre réunion hebdomadaire de direction, et j’ai fait un suivi avec le président de l’équipe à l’époque, mais je ne peux pas confirmer si des mesures ont été prises ou non.

C’est un problème qui est enraciné dans la société, en ce qui a trait à la manière dont nous nous voyons. Tant que ces opinions ne seront réprimandées, de telles remarques continueront de poser un problème.

Nous avons besoin que notre pouvoir de parole soit clair pour nous, d’abord, puis pour nos amis, nos familles et pour notre gouvernement ensuite.

Nous devons nous écouter les uns les autres, travailler ensemble pour trouver des solutions et abolir la mentalité de la discrimination raciale. Il faut augmenter le nombre d’électeurs inscrits et élire des femmes et des hommes politiques qui ont de la compassion et de la sympathie pour celles et ceux qui sont continuellement victimes d’inégalités, de discrimination et d’injustices sociétales, et pour les pertes de vie noire, trop fréquentes aux mains de la brutalité policière. Ce n’est plus tolérable; nous devons dicter le changement pour toute l’humanité et rejeter la discrimination raciale.

– Ed Hervey