Repêchage
Tour
-
19 juin 2020

Deux défaites crève-cœur des Riders

The Canadian Press

TORONTO – Il y a une vieille chanson de Billie Holiday qui sied parfaitement à la programmation de « CFL Encore », ce soir, sur TSN.

À 20 h HE, Ricky Ray et les Argonauts de Toronto se qualifient pour le match de la Coupe Grey 2017. Et à 23 h HE, les Blue Bombers de Winnipeg ont fait de même, une victoire qui les a menés à la Coupe Grey 2019. Ces deux gains sont survenus aux dépens de l’équipe la plus aimée et la plus populaire de la Ligue canadienne de football (LCF).

Chacun de ces matchs s’est décidé dans les derniers instants. À Toronto en 2017, Ray avait repéré la recrue de l’époque James Wilder Jr., au cours d’un troisième essai, ce qui permettait à l’unité offensive des Argos de demeurer sur le terrain, pour finalement marquer le touché de la victoire. En 2019, Cody Fajardo a regardé dans la zone des buts, mais il n’a trouvé que le poteau des buts, semant l’émoi à travers la province. Le touché de Fajardo n’a pas eu lieu. Fin de la partie. Une chanson familière retentit.

À travers leurs 110 ans d’histoire, les Riders ont dû apprendre à vivre avec les défaites crève-cœur comme nulle autre équipe de la LCF. Au cours de cette longue séquence, il y a eu de plus grandes sources de souffrances que les deux défaites de 2017 et de 2019. Tony Gabriel hante la Saskatchewan, lui qui a empêché la province de remporter la coupe Grey en 1972 et en 1976.

Ted Provost, lui qui surveillait Gabriel au cours de son jeu menant au touché de la victoire pour la coupe Grey en 1976, est cité dans le livre de Rob Vanstone « 100 Things Roughriders Fans Should Know and Do Before They Die » et le tout se lit comme suit : « Un seul jeu et la saison est ruinée. »

Par la suite, bien sûr, il y a le fameux 13e homme. La pénalité qui a coûté la victoire aux Riders, lors de la Coupe Grey il y a de cela plus de 10 ans. Et comme Vanstone l’écrit dans son livre, Gabriel était dans les gradins cette soirée-là à Calgary, lui qui a été témoin du cœur brisé de la « Rider Nation ».


 
Lorsque nous nous remémorons la défaite de 2017, les Riders se retrouvaient devant un défi plutôt difficile à relever. Ils s’étaient qualifiés via la règle du croisement éliminatoire dans l’Est et ils tentaient de devenir la première équipe à se qualifier pour la Coupe Grey dans de pareilles circonstances – et aucune équipe n’a réussi l’exploit, même à ce jour. Malgré une grande dose de vert dans les estrades du BMO Field, les Argos étaient devenus la formation que tout le monde voulait être. Ils avaient mis une fiche de 0,500 derrière eux et avaient ouvert la machine. Ils avaient la parfaite combinaison de vétérans, un quart digne du Temple de la renommée du nom de Ricky Ray et un entraîneur-chef qui s’était rendu à la Coupe Grey à trois reprises, du nom de Marc Trestman. Wilder était l’homme à surveiller, lui qui apportait un élément imprévisible en attaque et la défense de Corey Chamblin était agressive et opportuniste. Et nous avons pu voir tout cela porter ses fruits une semaine plus tard, alors que les Argos avaient causé la surprise à la Place TD d’Ottawa, battant les Stampeders de Calgary, pour remporter la coupe Grey.

La défaite de 2019 semble être la plus difficile à avaler des deux. Fajardo avait subi une blessure aux muscles abdominaux et il n’était pas certain d’être à son poste pour la finale de l’Ouest. Au Mosaic Stadium, l’attaque des Riders a eu maille à partir contre la défense de Richie Hall. En effet, les Riders ont eu toutes les misères du monde à trouver la zone des buts. Chaque fois que la Saskatchewan semblait avoir une chance de marquer, que les 33 000 spectateurs étaient debout, encourageant leur équipe, les Bombers trouvaient toujours le moyen de garder le contrôle du match. Le retour de botté de dégagement de Nick Marshall s’est presque rendu jusque dans la zone des buts, avec les Riders qui tiraient de l’arrière par sept points, avec cinq minutes à faire. Mais le spécialiste des unités spéciales des Bombers Shayne Gauthier a sauvé les meubles en effectuant lui aussi un retour – défensif, de surcroît —, réussissant le plaqué du match.

Bien que Winnipeg ait mené presque tout le match, les Riders auraient pu l’emporter. Ils étaient dans le coup, tout le long.

Ensuite, avec quatre secondes à faire, les Riders tirant de l’arrière 20-13, Fajardo a décoché une passe dans la zone des buts.

« J’ai dit à mon entraîneur que la barre transversale est faite à 80 % d’air et à 20 % d’acier », a dit Fajardo, à la suite de la rencontre, avec Craig Dickenson assit à ses côtés. « Et j’ai frappé la barre. »

« Je me souviens que lorsque j’ai atteint la barre, le stade s’est tu. Je n’entendais que l’écho de l’acier, que le ballon avait atteint. »

L’Histoire a été dure pour les Riders, et ce, bien que son cours ait changé pour la formation verte et blanche depuis quelques années. Après seulement deux victoires à la Coupe Grey (1966 et 1989), les Riders ont remporté le précieux trophée en 2007 et en 2013, la plus belle des victoires, à domicile et quatre ans après l’horrible revers de 2009.

Il y a quelque chose de spécial chez les équipes qui remportent rarement la coupe Grey, qui battent leurs rivaux, qui surmontent les obstacles, afin de finalement soulever le trophée. Tous les partisans espèrent voir leur équipe favorite devenir une dynastie, mais lorsque les équipes qui travaillent fort pour y arriver finissent par goûter au champagne, tout semble plus significatif. Nous avons pu le constater l’an dernier avec les Raptors de Toronto, les Chiefs de Kansas City et les Bombers, ces derniers ayant mis fin à une disette de 29 ans sans remporter la coupe Grey.

Fajardo est déterminé à mettre cette défaite crève-cœur derrière lui ainsi que les partisans des Riders.

« Restez derrière nous », a-t-il dit sur le podium de la conférence de presse, à la fin de la saison 2019 des Riders. « Je sais que c’est dur maintenant, mais l’avenir sera beau. »

D’après un article de Chris O’Leary, paru sur CFL.ca