2 juillet 2020

Bombers : Awe continue de bûcher, sur le terrain et hors de celui-ci

Argonauts.ca

WINNIPEG – Plus jeune, le football était secondaire pour Micah Awe : ses parents voulaient qu’il se concentre davantage sur ses études.

« J’aurais pu ne pas devenir un joueur de football », a confié Awe. « Lors de mon avant-dernière année à l’école secondaire, l’entraîneur des secondeurs de mon équipe m’a dit que je devrais participer à des camps. À ce moment, je lui ai dit : ‘‘Oui, mais mes parents ne sont pas très préoccupés par le football.’’ »

« Il a redoublé d’ardeur a m’a dit : ‘‘Donne-moi le numéro de téléphone de ton père. Je vais lui faire réaliser que si tu ne vas pas à ces camps, tu n’auras pas toute la visibilité dont tu as besoin et, lors de ta dernière année, tu ne recevras aucune offre.’’ »

Awe a pris part au camp Nike SPARQ, il a réussi le deuxième saut vertical le plus haut de sa position, et on connaît tous le reste de l’histoire.

L’Université Texas Tech est la seule école à lui avoir offert une bourse d’études. Cependant, il avait besoin qu’un seul programme croie en ses habiletés.

Ses parents l’ont encouragé à choisir un programme qui allait lui permettre d’obtenir un emploi plus tard, peu importe la manière dont allait se conclure sa carrière dans le monde du football. Il a donc opté pour le programme d’ingénierie pétrolière de l’Université Texas Tech, ce qui lui a donné un bon défi à relever au départ, lui qui tentait de s’adapter à la vie d’un étudiant-athlète à temps complet.

« À un certain moment, l’un de mes entraîneurs à l’université m’a carrément dit de considérer un autre programme que celui d’ingénierie », a dit Awe. « J’étais en situation d’échec dans chacun de mes cours cette session-là, mais j’ai finalement obtenu des A et des B. Mais ça n’a assurément pas été facile. »

« Lors d’une journée normale, je me levais à 5 h afin de prendre part à un entraînement à 6 h. De 6 h à 8 h, j’effectuais un entraînement universitaire complet, ce qui est extrêmement difficile. Je retournais chez moi et mangeais rapidement un déjeuner en me rendant à mes cours, j’assistais à mes cours de 8 h 30 à 15 h, puis je participais à l’entraînement de l’équipe de 15 h 30 à 18 h 30. Le reste de la soirée, je faisais mes devoirs, je me lavais, et le tout recommençait. Les jours les plus agréables étaient les jours de match, puisque je n’avais pas de devoir à faire. Tout ce que j’avais à faire, c’était jouer au football. »

Immédiatement après la fin de ses études à l’université, les équipes de la NFL ont commencé à lui téléphoner. Awe a signé un contrat avec les Buccaneers de Tampa Bay, en 2016, à la suite d’un mini-camp avec eux. Il n’a pas réussi à se tailler une place au sein de la formation de 53 joueurs, et, après que des entraînements avec les Jets de New York et les Jaguars de Jacksonville n’aient donné aucun résultat, Awe a commencé à évaluer ses autres options.

Son agent lui avait dit que quelques équipes de la LCF lui avaient fait part de leur intérêt envers son client, alors il a commencé à étudier ses options au Canada.

L’entraîneur-chef des Lions de la Colombie-Britannique Wally Buono voulait que Awe se joigne à son club en amont de la saison 2017, ce que le jeune homme de 26 ans avait considéré un honneur.

À sa première campagne dans la LCF, Awe a contribué de nombreuses manières aux succès de son équipe, alors qu’il a réussi 54 plaqués défensifs, 16 plaqués sur les unités spéciales et un échappé provoqué en 18 parties de saison régulière.

Au cours de la saison morte, en 2018, Awe a pu travailler comme assistant de recherche pour l’Illinois State Geological Survey, qui travaille sur un certain nombre d’études importantes concernant les informations sur les sciences de la terre, telles que la qualité de l’environnement et la sécurité publique.

Awe conduisait parfois 5 h par jour, chaque jour, dans le but de travailler sur certains projets importants.

« J’ai pu travailler sur des projets qu’ils avaient réalisés, mais c’était vraiment mon travail de les améliorer », a dit Awe. « J’ai donc pu diriger et être un peu comme un superviseur pour les jeunes étudiants qui travaillaient également là-bas. Ç’a été une expérience vraiment cool, et j’ai assurément connu les différentes conditions météorologiques de l’Illinois – la glace et la neige. Tout au nord était très différent. »

En plus d’être sur la route pendant de longues périodes chaque jour pour faire un travail critique pour l’Illinois State Geological Survey, Awe essayait également de garder un certain équilibre entre sa vie comme travailleur et le fait d’être un athlète professionnel.

Il devait se préparer pour la saison à venir, et, pour y parvenir, il devait continuer à s’entraîner d’arrache-pied, tout en travaillant à temps plein.

« Je devais gérer mon temps de manière très intelligente, un peu comme à l’université », a déclaré Awe. « J’ai commencé en novembre ou en décembre, juste après la saison, donc les entraînements n’étaient pas aussi importants. Mais j’ai bien planifié mon travail; plus la saison approchait, plus je m’entraînais, et moins je travaillais. »

« C’était vraiment difficile. Parfois, je ne pouvais pas m’entraîner parce que je devais conduire pendant cinq heures. Heureusement, mon corps est en excellente forme, et j’ai pu omettre quelques entraînements. En fait, ç’a probablement permis à mon corps de se reposer un peu plus après une longue saison. »

Au cours des mois qui ont mené à la saison 2018, les Lions ont libéré Awe afin de lui permettre d’explorer des opportunités dans la NFL. Il a signé un contrat avec les Jets, mais il a été libéré en avril, et il est retourné avec les Lions en août.

Il a réussi à jouer sept matchs avec la Colombie-Britannique cette saison-là, et, malgré une blessure, il a effectué un retour au jeu lors du dernier match de saison régulière en carrière de l’entraîneur-chef Wally Buono. Il n’était pas à 100 %, cependant, et il a donc été laissé de côté lors de la demi-finale de l’Est contre les Tiger-Cats de Hamilton.

En 2019, Awe est devenu joueur autonome pour la première fois dans la LCF. Après avoir écouté les offres de quelques équipes, une discussion avec l’entraîneur-chef des Argonauts de Toronto Corey Chamblin et avec le directeur général du club Jim Popp l’a convaincu de se joindre aux Argos.

Après les 10 premiers matchs du calendrier régulier 2019, Awe était en voie d’établir de nouveaux sommets personnels. Il avait réussi 40 plaqués défensifs, six plaqués sur les unités spéciales, un sac, une interception et un échappé provoqué en amont d’un affrontement classique de la fête du Travail contre Hamilton.

Il a réussi quatre plaqués défensifs lors de la semaine 12, mais une blessure à un muscle pectoral a finalement mis fin à sa campagne. Il a donc été contraint de regarder la deuxième portion de la campagne de son équipe le long des lignes de côté.

« Quand tu ne joues pas, les gens semblent t’oublier et perdre un peu d’appréciation à ton endroit », a dit Awe. « C’était plutôt motivant, puisque c’est quelque chose qui m’est arrivé à plus d’une reprise au cours de ma carrière. Mais je crois qu’il s’agissait de l’un de mes meilleurs matchs, donc le fait de ne pas l’avoir terminé, et de ne pas avoir joué du reste de la saison, ça m’a fait mal. »

« J’ai voulu utiliser cette douleur comme Michael Jordan l’aurait fait. Je voyais les classements être publiés, et quand tu es blessé, les gens t’oublient, ce qui est normal. Ça fait partie du sport. Mais c’est aussi une source de motivation, pour travailler encore plus fort et pour prouver aux gens qu’ils ont tort. »

L’hiver dernier, Awe intéressait quelques équipes, et il a reçu encore plus d’offres lorsque les plans de certains clubs avec certains joueurs ont échoué. Les Blue Bombers de Winnipeg, qui avaient fait partie des équipes intéressées par ses services l’année d’avant, faisaient partie des clubs qui ont laissé les meilleures impressions.

Les champions en titre lui ont offert beaucoup en ce qui a trait aux opportunités, mais le facteur le plus important a été l’environnement de l’équipe; ces anciens coéquipiers chez les Argos Ian Wild et Kevin Fogg lui avaient dit qu’elle était incomparable.

Alors que Awe est devenu habitué d’être partant, rien n’est garanti dans le monde du football, surtout chez les Blue Bombers, qui regorgent de talent à la position de secondeur. Au centre, on retrouve Adam Bighill, qui est encore à ce jour l’un des meilleurs de la LCF à son poste. Du côté court, Kyrie Wilson a connu la meilleure saison de sa carrière, et il luttera assurément pour conserver son poste de partant.

« J’ai grandi au Texas, et j’ai joué au football au Texas, alors la compétition a toujours fait partie de ma vie, et je ne peux pas m’en défaire », a dit Awe. « Je sais que si j’obtiens de la bonne compétition de la part de mes coéquipiers, je deviendrai un meilleur joueur de football, peu importe ce qui arrive, et j’aurai la chance de prouver mon talent. C’est moi, tout simplement. Un jour, je souhaite être le meilleur, et si vous voulez être le meilleur, vous devez vous entraîner et lutter avec les meilleurs. »

Pendant son temps à l’extérieur du terrain cette saison morte, Awe a travaillé fort pour développer une application appelée PurpleShift. L’application est conçue pour permettre aux athlètes de s’affronter avec le reste du monde dans différents tests, tels que le sprint sur 40 verges – un test tenu lors des camps d’évaluation et que les partisans connaissent bien. Il existe un système de classement en direct, et l’application permettra aux entraîneurs et aux recruteurs d’obtenir des temps précis et mesurables pour les joueurs qui gravissent les échelons.

« Le sprint sur 40 verges est l’un des tests les plus importants de la vie d’un joueur de football. J’ai remarqué pendant que je m’entraînais que mon entraîneur utilisait un chronomètre manuel », a dit Awe. « Je courais et obtenais un certain temps, puis je courais à nouveau, mais j’obtenais un résultat différent. Au Pro Day de l’Université Texas Tech, nous n’avions pas de chronomètre électronique; nous avions tous des résultats enregistrés manuellement. Donc une personne pouvait être évaluée électroniquement, alors qu’une autre l’était manuellement. Selon moi, il devrait y avoir un moyen sur lequel tout le monde devrait s’entendre. Donc si un joueur obtient un chrono de 4,40 secondes, ce résultat est légitime. »

« Cette application va essentiellement se débarrasser de la suggestivité et elle rendra le tout objectif. J’espère que ce qui arrivera, c’est que l’athlète A courra un sprint sur 40 verges en 4,40 secondes, mais qu’il viendra d’une toute petite ville quelque part en Ontario. Normalement, un recruteur universitaire ne se rendrait jamais là-bas parce qu’il n’aurait tout simplement pas assez d’argent. Mais si vous réussissez ce temps et que le tout est vérifié grâce à l’application, les recruteurs pourraient investir de l’argent pour aller rencontrer tel ou tel joueur en personne. »

« Le sport devrait être objectif. Ça devrait être à propos d’une personne plus vite qu’une autre, ou d’une personne meilleure qu’une autre. Le tout devrait être clair et précis. »

Awe, 230 livres, a testé l’application et soutient qu’il a obtenu un temps de 4,45 secondes au sprint sur 40 verges – à titre de référence, il a obtenu un chrono de 4,67 secondes lors de son Pro Day.

Il a aussi dit qu’il espère pouvoir commercialiser l’application dans les prochaines semaines, et il rêve qu’un jour elle soit utilisée lors d’un camp d’évaluation.

Quand on pense au jeu de Awe, sur le terrain, on ne se pose jamais la question. Il est une brute, capable de se rendre rapidement au ballon et de plaquer aussi fort que les meilleurs de la Ligue. Mais son désir de connaître du succès, à l’extérieur du terrain, est ce qui le rend aussi unique.

D’après un article d’Austin Owens publié sur CFL.ca.