Peu de joueurs en ont fait autant que Kory Sheets en si peu de temps
Derek Mortenson/CFL.ca
TORONTO – Par moments, Kory Sheets met sa bague de la Coupe Grey sur son doigt.
« Je la mets même quelques fois lorsque je sors », a dit l’ancien demi offensif des Roughriders de la Saskatchewan, au téléphone, en direct de sa demeure à Tampa Bay, en Floride. «Ça brise la glace de plusieurs conversations. La plupart des gens croient que c’est une bague du Super Bowl. »
Comme sa bague, la carrière de Sheets dans la Ligue canadienne de football (LCF) a été brillante.
En 33 matchs, au cours des saisons 2012 et 2013, il a cumulé 2875 verges de gains et 23 touchés, en 516 courses. Sa moyenne de 87,1 verges de gains par match est la plus haute des 12 porteurs de ballon en nomination pour l’Équipe de la décennie, présentée par LeoVegas.
« Je crois que ça allait bien avec mon style », a dit Sheets, 35 ans, de la LCF. « J’étais probablement dans la bonne équipe au bon moment. »
« Ce sont les meilleurs moments de ma vie, pour être honnête avec vous. Je parle encore à plusieurs gars avec qui j’ai joué durant ces deux saisons. Plusieurs de ces gars sont plus proches de moi que certaines personnes que je connais depuis toute ma vie. »
Kory Sheets a connu tout un match de la Coupe Grey en 2013. Nous le voyons ici tasser d’une main le DD des Ticats Delvin Breaux, en route vers une victoire de championnat au Mosaic Stadium (Derek Mortenson/CFL.ca).
Au cours de ses deux saisons dans le circuit canadien, Sheets s’est souvent mesuré à Jon Cornish des Stampeders de Calgary pour le titre du meilleur demi offensif de la LCF. Cornish, lui qui était un pouce plus grand et neuf livres plus lourds que le joueur de cinq pieds, 11 pouces et 208 livres qu’était Sheets, a porté le ballon à 516 reprises, pour des gains de 3270 verges et 23 touchés en 35 matchs durant cette séquence.
« Je crois que c’était bon pour la Ligue », a dit Sheets, à propos de sa guerre terrestre contre Cornish. « Il y avait beaucoup d’excitation semaine après semaine. Peu importe où nous étions au pays, nous parlions toujours de cette course. »
« Pour une ligue où le jeu aérien est roi, je trouvais ça drôle que l’histoire des demis offensifs prenne toute la place à cette époque. »
Cornish a été le demi offensif ayant cumulé le plus de verges au sol au cours de ces deux saisons. En 2012, il en avait 180 de plus que Sheets. En 2013, il a terminé avec une avance de 215 verges.
À l’extérieur du terrain, Sheets et Cornish ne se sont rencontrés qu’une seule fois. Ce fut lors du Gala de la LCF 2013, pendant la semaine de la Coupe Grey, là où Cornish avait été nommé joueur par excellence de la LCF et joueur canadien par excellence de la Ligue.
« C’était comme dans un film », s’est souvenu Sheets. « Il a tourné le coin et ce n’était que nous deux qui nous regardions. Nous nous sommes fait un sourire. »
« Je jouais encore, mais pas lui. »
Né à Manchester, au Connecticut, Sheets a joué son football universitaire à Purdue. Lui qui n’a pas été repêché au cours de l’encan de la NFL, il a eu des essais avec San Francisco, Miami et la Caroline, avant de s’entendre avec les Riders.
Sheets se souvient de la première impression qu’il a eue de Regina, lorsqu’il regardait la ville de son hublot dans l’avion.
« Lorsque je suis arrivé en avion, la ville avait l’air de mesurer cinq pieds », a-t-il dit. « Au début, je croyais que ce serait ennuyant et plate, mais il y a pas mal de trucs à faire dans cette petite ville. »
« Ce sont les meilleurs moments de ma vie, pour être honnête avec vous. Je parle encore à plusieurs gars avec qui j’ai joué durant ces deux saisons. Plusieurs de ces gars sont plus proches de moi que certaines personnes que je connais depuis toute ma vie. »
– Kory Sheets, à propos de ses deux saisons dans la LCF
« La première année a été difficile, mais une fois que j’ai compris le rythme de la ville, tout allait mieux. Mon temps à Regina a été vraiment super. Tout le monde qui connaît un peu l’équipe et cette ville sait que les gens de cette ville prennent soin des joueurs. J’étais l’un des gars qui jouaient bien, alors j’ai eu un peu plus d’attention. »
Sheets a mis du temps avant de s’ancrer dans son rôle avec les Riders.
« Cette équipe m’a obligé à accepter un rôle de leader », a-t-il dit. « Je ne voulais pas de cette responsabilité. Je ne voulais pas me faire remarquer, je voulais juste être un bon joueur. Mais vous ne pouvez pas faire ça. »
Sheets a été un élément clé de la saison 2013 des Riders, eux qui ont terminé au deuxième rang dans l’Ouest, avec une fiche de 11-7. La Saskatchewan a par la suite battu les Lions et les Stamps au cours des éliminatoires avant de remporter la Coupe Grey par la marque de 45-23 aux dépens des Tiger-Cats, devant une foule en délire au Mosaic Stadium.
Sheets a été nommé joueur par excellence de la Coupe Grey, lui qui avait cumulé 197 verges de gains et deux touchés en 20 courses. Avec la victoire belle et bien à leur portée, le personnel d’entraîneurs des Riders lui a demandé s’il voulait une autre occasion de courir afin d’atteindre le plateau des 200 verges de gains.
« Je n’ai pas voulu », a dit Sheet. « Je me disais que j’aurais une autre chance une autre fois. Ça ne voulait rien dire pour moi d’aller chercher ces trois verges manquantes. »
Sheets n’a plus joué par la suite.
En 2014, il a signé un contrat avec les Raiders d’Oakland, mais il s’est déchiré le tendon d’Achille au cours d’un match présaison contre les Packers de Green Bay, ce qui avait mis fin à sa carrière. Après avoir connu tant de hauts, Sheets est tombé très bas.
« J’ai souffert d’une vraie et profonde dépression », a-t-il dit. « J’étais seul et je buvais énormément, je ne parlais à personne, je ne mangeais pas, je ne dormais pas. Les temps étaient durs. »
« Je me suis rendu si bas que je faisais pleurer toutes les femmes de ma vie. Lorsque je m’en suis rendu compte, je suis sorti de chez moi et j’ai trouvé de l’aide. »
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En 2013, Kory Sheets est devenu le demi offensif qui a atteint le plateau des 1000 verges de gains en une saison le plus rapidement (Derek Mortenson/CFL.ca).
Sheets continue de voir un psychothérapeute et il affirme que cet exercice l’aide énormément.
Il étudie présentement pour devenir massothérapeute.
« J’étais tanné de constater à quel point je dépensais de l’argent chez les massothérapeutes et j’avais besoin de faire quelque chose de mes mains », a dit Sheets.
Sheets est maintenant passé à autre chose et il n’aime pas se demander où en serait sa carrière de joueur de football s’il était demeuré dans la LCF et s’il avait résisté à la tentation d’un autre essai dans la NFL.
« Honnêtement, c’est difficile à dire », a-t-il expliqué. « Si je ne m’étais pas blessé, je serais encore en train de jouer et j’aurais peut-être eu une chance de retourner dans la LCF. »
« Il y a tellement de scénarios possibles. Mais je me suis rendu malade à penser à tout ça. »