13 juillet 2020

Collaros : « Nous prenons le tout une journée à la fois »

Johany Jutras/CFL.ca

WINNIPEG – Chacun d’entre nous souhaiterait de tout cœur que la vie reprenne son cours et que nous vivions un semblant de normalité. Nous nous ennuyons de nos routines et de nos passe-temps. Nous nous ennuyons de l’été qui devrait être rempli de festivals, avec des concerts et des regroupements de masses de gens en train de célébrer, lançant des cris de joie ou même des huées.

Zach Collaros vie tout ça aussi.

Puis, le quart-arrière des Blue Bombers de Winnipeg jettera un coup d’œil à sa fille Sierra et à sa conjointe Nicole, songeur…

« La frustration augmente parfois, mais lorsque je les regarde je me dis que la vie ne va pas si mal », a commencé à dire Collaros, au cours d’une conversation avec le bluebombers.com, vendredi dernier. «Nous prenons le tout un jour à la fois, comme tout le monde. Mais nous allons très bien. Notre bébé en est à son troisième mois et ma conjointe va super bien. C’est une extraordinaire maman. Ç’a été bien d’être avec elles tous les jours. »

« Être un père change notre vision du monde. Ce n’est plus ce qui est important pour toi, mais bien l’importance de ce qui est important pour toi. C’est tout ce dont j’avais imaginé et bien plus. »

Zach Collaros profite du temps passé avec sa conjointe, Nicole, et leur petite fille de trois mois, Sierra (Johany Jutras/CFL.ca).

C’est devenu un thème récurrent pendant cette pandémie mondiale. Ça nous a forcés à remettre en ordre nos priorités, de prendre un pas de recul afin de changer notre perspective et pas seulement à propos de ce qui se passe par rapport à la COVID-19, mais aussi à propos des manifestations antiracistes qui ont lieu autour du monde.

Callaros est aussi bien informé que plusieurs joueurs dans la Ligue canadienne de football (LCF) et en ce moment, il attend, comme tous les autres athlètes et les partisans du circuit canadien, à se demander s’il y aura une saison 2020.

Lorsqu’on lui pose la question à propos du concept de la ville bulle – là où les neuf équipes de la LCF seraient toutes réunies en un même lieu —, le pivot vétéran et le nouveau père répond avec honnêteté.

« Ce sera difficile pour tout le monde. Tout le monde devra quitter sa famille », a dit Collaros. « C’est la partie la plus difficile pour tous, attendre les précisions. Et ce n’est pas seulement la situation dans laquelle la LCF est plongée, mais tout le reste également. Nous, les joueurs, n’avons pas beaucoup entendu parler du concept de la ville bulle. Ce n’est pas si emballant, mais si c’est la solution que la Ligue a trouvée… Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui travaillent fort là-dessus pour que ça se concrétise. Nous tentons de faire confiance au processus, alors si la ville bulle est la solution, ce sera difficile pour les joueurs, mais ça pourrait toujours être pire. »

« Il faut mettre tout ça en perspective. Ce sera définitivement une conversation que j’aurai avec ma conjointe – nous ne l’avons pas encore eu puisque ce ne sont jusqu’à présent que des rumeurs —, mais nous en parlerons et nous serons réalistes à propos de la situation. »

« Peu importe à qui ils autoriseront l’accès dans la bulle – les joueurs, les entraîneurs, le personnel – ce sera la même situation pour tout le monde. Mais j’espère que ce sera une expérience positive dont nous parlerons dans les années à venir en prenant une bière, un de ces jours. »

Une partie de cette réponse provient simplement de sa maturité. Collaros aura 32 ans le mois prochain, lui qui a passé du temps avec quatre formations de la LCF – Toronto, Hamilton, Saskatchewan et Winnipeg —, depuis son entrée dans le circuit canadien en 2012.

Et il est passé à travers plusieurs épreuves, autant mentalement que physiquement, et la bataille du retour de blessure oblige un joueur à vivre chaque moment dans le présent et de contrôler ce qu’il peut contrôler. Avec cela en tête, Collaros a acheté un filet qu’il a installé dans sa cour afin de poursuivre son entraînement aérien et lorsqu’il a rendu visite à sa belle-famille, il a demandé à son beau-frère Adam Walsh de courir quelques tracés.

Collaros est excité à l’idée de remporter une deuxième coupe Grey d’affilée avec les Bombers (BlueBombers.com).

« Il est maintenant un ambulancier, mais il jouait au rugby et il est un excellent athlète », a dit Collaros. «Et s’il n’y a personne de disponible, je travaille avec le filet ou je lance le ballon à un filet de soccer en tentant de frapper les coins. C’est fatigant de faire ça, d’aller chercher le ballon moi-même après mes passes, mais ça me garde en forme. »

« Tout le monde fait ce qu’il peut. Mais je parlais à l’un de mes voisins l’autre jour et il me disait que je devais devenir fou. Je le deviens, oui… Compétitionner contre soi-même dans son garage avec des poids libres, ça fait son temps. »

« D’habitude, à ce stade-ci de l’année, nous sommes sur les terrains en train de jouer des matchs. Il y a donc un manque. J’ai dit à mon voisin que lorsque je prendrai ma retraite, il faudra que je me trouve quelque chose d’aussi passionnant et compétitif que le football. J’ai toujours connu ça… Cette situation était très inattendue. »

Les Bombers auraient déjà joué quatre parties en 2020, si la saison s’était amorcée comme prévu. Et, pour Callaros, cela aurait voulu dire qu’il aurait terminé son premier camp d’entraînement avec sa nouvelle équipe.

Et ce n’est pas rien. Alors que Collaros et sa conjointe ont célébré la venue de leur première née au cours des derniers mois, c’était en novembre dernier – lui qui menait les Bombers à leur première coupe Grey depuis 1990 — que sa carrière renaissait.

« Ç’a été la partie la plus décevante, rater le camp et amorcer une saison avec les gars », a dit Collaros. « La façon que tout s’est terminé la saison dernière et pas seulement du point de vue de l’équipe comme telle, mais d’un point de vue personnel, tout était tellement incroyable. »

« Je sentais vraiment que je faisais partie d’une équipe et ce vestiaire et ce personnel d’entraîneurs étaient tellement forts. C’était super de faire partie de tout ça pour ces cinq-six semaines. Par la suite, lorsque j’ai signé une prolongation de contrat, j’avais tellement hâte au camp d’entraînement et de courir à travers le tunnel afin d’aller défendre notre championnat. »

« Nous sommes tous excités à y penser. Ce sera une ambiance bien différente si et quand nous y retournerons, mais je crois toujours que nous pourrons y arriver encore si nous recommençons à jouer… Lorsque nous recommencerons à jouer. »

D’après un article d’Ed Tait, paru sur CFL.ca