14 juillet 2020

Young prendra le temps nécessaire pour faire évoluer l’unité défensive des Argos

Johany Jutras/LCF.ca

TORONTO – Glen Young effectue un retour à Toronto, même s’il y a fort longtemps qu’il a pu appeler la capitale de l’Ontario son chez-soi.

« Ça fait très longtemps », a confié celui qui en est à sa première année comme coordonnateur défensif des Argonauts de Toronto. « Je n’ai pas passé beaucoup de temps ici depuis la fin des années 1990. En fait, 2000 a été ma dernière année. »

Ayant vu le jour et ayant grandi à Scarborough, en Ontario, Young a disputé son football secondaire au Collège St. Michael’s avant de déménager aux États-Unis pour y jouer son football universitaire à l’Université de Syracuse – où il a obtenu une mention honorable comme secondeur.

Il a évolué avec quatre clubs dans la NFL, dont un séjour au sein de la formation des Chargers de San Diego ayant atteint le match du Super Bowl en 1995. Il a ensuite joué dans la NFL avec trois équipes, dont les Argos de 1998 à 2000, avant de disputer plusieurs autres campagnes avec les Alouettes de Montréal et avec les Eskimos d’Edmonton, remportant d’ailleurs deux Coupes Grey avec ces derniers.

Il a amorcé sa carrière d’entraîneur aux États-Unis, puis Mike O’Shea, son ancien coéquipier chez les Argos, l’a invité à Winnipeg il y a trois ans afin qu’il devienne l’entraîneur de la ligne défensive et des secondeurs des Blue Bombers, club avec lequel il a remporté une troisième Coupe Grey l’an dernier.

Aujourd’hui, il est de retour à Toronto. Du moins, en pensées. Il est coincé à Orlando, en Floride, où il passe ses journées à faire de l’exercice, à jouer au golf avec sa fille et à attendre impatiemment de pouvoir transposer ses stratégies défensives du papier au terrain.

Glen Young s’est joint aux Argonauts de Toronto afin de devenir leur coordonnateur défensif sous les ordres du nouvel entraîneur-chef Ryan Dinwiddie (Athur Ward/LCF.ca)

« Vous ne pouvez pas faire grand-chose avec votre livre de jeux jusqu’à ce que vous puissiez utiliser les joueurs et que vous compreniez ce que vous avez à votre disposition en fonction des capacités des joueurs », a expliqué Young. « Leur courbe d’apprentissage, leurs instincts, quel genre de joueurs de football ils sont. Le système ne signifie rien jusqu’à ce que vous puissiez l’utiliser avec des joueurs et que vous trouviez comment les utiliser au sein de celui-ci. C’est la partie à laquelle j’ai le plus hâte : côtoyer ces gars et essayer de comprendre quelles sont les meilleures choses à faire pour utiliser toutes leurs capacités. »

L’homme de 51 ans retrouvera certains visages familiers à ses côtés, puisque les joueurs de ligne défensive Drake Nevis et Craig Roh sont aussi passés de Winnipeg à Toronto au cours de la saison morte. Nevis et Roh font partie d’un grand nombre de joueurs de ligne défensive chez les Argos, qui en comptent actuellement 15 au sein de leur formation, dont Sam Acheampong de l’Université Wilfrid Laurier, le choix de deuxième tour lors du dernier repêchage.

Il y a encore plus d’engorgements dans la tertiaire, alors que les Torontois comptent 22 demis défensifs. Chacun des cinq postes dans la tertiaire – sans oublier le secondeur évoluant du côté large – requiert des habiletés différentes. Ce qui rend le tout encore plus difficile pour les entraîneurs, qui ne peuvent pas proprement positionner les joueurs sans les voir en personne, surtout si ceux-ci ont démontré qu’ils pouvaient exceller à diverses positions, comme Shaquille Richardson.

« C’est presque impossible », a admis Young. « Vous devez vous fier à ce qu’ils ont accompli, mais Shaq, par exemple, est très polyvalent; il peut accomplir plusieurs choses. Je ne saurai qu’une fois que je les côtoierai quelle est la position qui leur convient le mieux. »

Faire entrer le morceau rond dans le trou rond est impératif pour Young.

« De mon côté, quand je fais partie d’une défense qui essaie de placer ses joueurs sur le terrain, j’essaie de trouver leurs meilleures positions instinctives. Pas nécessairement la position qu’ils ont occupée dans le passé, mais le rôle qui fera d’eux de meilleurs joueurs de football en fonction de leurs instincts. »

C’est un exemple où Young apprend des erreurs commises par certains des entraîneurs qu’il avait lorsqu’il était joueur.

« Quand je jouais comme secondeur, j’étais plutôt un secondeur du côté court; c’était ma position instinctive. Les Raiders ont essayé de me déplacer pour jouer du côté large et sur la ligne de mêlée, ce que je n’avais pas l’habitude de faire. Je suis plutôt du type à lire et à réagir, un secondeur intérieur, qui jouait plus dans la boîte. J’étais plus fluide, je poursuivais le jeu, je pourchassais mes adversaires, donc toute autre position en dehors de cela n’allait pas chercher le meilleur de moi-même en tant que joueur. Donc, quand je suis devenu entraîneur, je me suis dit que je travaillerais vraiment fort pour trouver les meilleures positions pour chaque joueur, afin qu’ils puissent connaître du succès. »

Apprendre à connaître un groupe d’athlètes presque entièrement nouveau pour lui puis assembler les pièces du puzzle que représente la formation est l’aspect du camp d’entraînement de cette année, s’il y en a un, qui l’excite le plus.

« Les athlètes que nous avons réunis, et voir comment ils vont s’intégrer », a dit Young. « Le style va être très agressif. Ce sera une défense tenace et qui pourchassera sans cesse ses adversaires, donc nous devrons avoir ce genre d’athlètes, mais nous devrons aussi compter sur des joueurs intuitifs et intelligents. Vous devez avoir des joueurs qui sont prêts à se dépasser pour être meilleurs. Dans le grand schéma des choses, une fois que j’aurai tout filtré, tout ce qui reste devrait être exactement ce que je recherche. »

Lorsqu’on lui a demandé si vouloir une défense agressive signifiait exercer beaucoup de pression, Young a répondu qu’il ne fallait pas nécessairement avoir l’un pour avoir l’autre.

« Je ne pense pas que vous deviez appliquer de la pression pour être agressif », a-t-il expliqué. « Je pense qu’il faut être très discipliné pour être très agressif. Si vous êtes très discipliné dans votre technique et dans votre compréhension de ce que vous êtes censé faire, vous pouvez jouer de manière agressive via votre technique et votre responsabilité. Parfois, à Winnipeg, nous avons utilisé des stratégies de base où il semblait que nous mettions la pression. C’est simplement que les joueurs avaient compris comment jouer agressivement leur position. »

Certaines défenses sont plus difficiles que d’autres à adopter pour certains joueurs. Young soutient que sa défense ne devrait pas être trop complexe. Cependant, il souligne que comprendre l’homme derrière celle-ci ne sera peut-être pas aussi facile.

Le joueur de ligne défensive Drake Nevis a été l’une des importantes embauches des Argos l’hiver dernier (BlueBombers.com)

« Je dirais que mon esprit est difficile à cerner », a plaisanté Young. « Ce n’est pas nécessairement la stratégie, c’est l’évolution de mon esprit au fil de la saison. Mon esprit regarde sans cesse les choses différemment. C’est parfois un défi pour les joueurs de me suivre mentalement, parce que je veux y arriver parfois plus vite qu’ils ne peuvent le faire, mais au cours de mon séjour en tant que coordonnateur dans une école de la Division III, puis un peu lors de mon passage à Winnipeg sous les ordres du coordonnateur défensif Richie Hall, j’ai appris à ralentir un peu pour qu’ils puissent me rattraper. »

Chose certaine, Young a appris l’année dernière qu’attendre que les joueurs saisissent tout peut rapporter d’importants dividendes.

« C’est l’évolution de la saison. C’est à ce chapitre que nous avons bien fait à Winnipeg, nous avons évolué toute l’année », a-t-il déclaré. « Ce que nous avons déployé pendant le camp d’entraînement ne ressemblait pas à ce que nous avons utilisé lors de la Coupe Grey. C’était l’évolution des joueurs, de leur compréhension du fonctionnement des choses et de ma façon de leur apprendre à faire les choses correctement. Une fois qu’ils ont tous monté à bord du même navire, nous avons pu devenir vraiment extravagants et élaborés, et c’est comme ça que j’aime entraîner. J’aime vivre dans cet environnement si c’est possible, mais si je ne peux pas, je dois juste prendre mon temps pour y arriver. »

D’après une chronique de Mike Hogan publiée sur Argonauts.ca.