20 juillet 2020

Kongbo revient sur sa saison recrue avec les Bombers

BlueBombers.com

WINNIPEG – Les cicatrices ne sont pas toujours visibles. Quelques-unes d’entre elles guérissent vite, mais d’autres prennent des mois, voire même des années avant d’être oubliées.

Et il y a les cicatrices psychologiques aussi et celles-ci peuvent durer une vie entière et marquer une personne négativement ou bien elles peuvent devenir des sources de motivation.

Jonathan Kongbo a des cicatrices, psychologique et physique. Et elles lui ont en quelque sorte permis d’avoir maintenant une chance de percer l’alignement des 49ers de San Francisco, à la suite d’une saison avec les Blue Bombers de Winnipeg qui lui a tellement appris sur le sport du football et sur lui-même.

« L’an dernier a été un baume physique, spirituel et émotif pour moi », a dit le l’ailier défensif de 24 ans. «Tout ça, c’est arrivé à Winnipeg. Je me souviens de mon arrivée là-bas, il y avait une bonne ambiance dans l’équipe. Tout le monde croyait en moi et me disait que j’étais un bon joueur. Ça m’a permis de me reconstruire. »

« Et lorsque nous avons remporté la Coupe Grey, je me disais que j’étais parti de loin. C’était le fruit de l’appui de mon entourage : tous ces grands leaders, la culture d’équipe implantée par “coach O’Shea”… C’était la meilleure chose qui aurait pu m’arriver. »

Jonathan Kongbo a été une excellente recrue au cours de sa première saison dans la LCF et avec les Blue Bombers en 2019 et il a maintenant une chance de jouer dans la NFL (BlueBombers.com).

Il y a tellement de niveaux dans l’histoire de Kongbo. Né à Kinshasa, en République démocratique du Congo (anciennement le Zaïre), sa famille s’est enfuie du pays pendant la guerre civile alors qu’il n’avait que cinq ans, pour élire domicile en Colombie-Britannique.

Une vedette de basketball au secondaire, il n’a pas commencé à jouer au football avant sa dernière année scolaire, ne jouant que six matchs. Mais plusieurs personnes ont pu constater qu’il avait un talent brut. Il s’est donc enrôlé à l’Université du Wyoming, pour ensuite aller à Arizona Western College et finalement choisir Tennessee, alors que les écoles faisaient la file pour lui offrir une bourse d’études.

Il a amorcé deux matchs en deuxième année avec les Volonteers, 10 en tant que joueur junior et il se développait bien, en vue de devenir un bel espoir pour le repêchage de la NFL, au cours de sa dernière année universitaire. Et voilà que les choses se sont mises à déraper pendant une partie contre Auburn le 13 octobre 2018.

Nous avons demandé à Kongbo de nous ramener à cette époque. Et sa réponse révèle à quel point ses blessures étaient profondes et à quel point, aussi, le chemin a été long et difficile pour se rendre à l’état de bonheur dans lequel il est présentement.

« J’avais connu un bon match avant celui-là et je commençais finalement à devenir le joueur auquel tout le monde s’attendait », a-t-il dit. « Dans la partie face à Auburn, j’avais réussi une interception, un sac et deux plaqués pour des pertes, avant le début du troisième quart. »

« Je ne suis pas superstitieux, mais pendant cette rencontre, je priais beaucoup et au cours du jeu avant ma blessure, je me souviens avoir récité une prière puisque les choses allaient si bien. Quelque chose comme “peu importe ce qui arrivera aujourd’hui, je l’accepterai”. Tout de suite après, au jeu suivant, je me suis déchiré les ligaments croisés du genou. Sur les lignes de côté, les entraîneurs tentaient de rester optimistes, ils essayaient de m’aider émotivement. Nous avons remporté ce match, mais j’ai su ce soir-là que ma saison était terminée. »

« À ce moment bien précis, on se sent tellement seul. Je sentais que je laissais tomber tant de gens. Je sentais que je laissais tomber ma famille et tous les autres qui m’avaient appuyé. Un moment très difficile.»

« Je me souviens que j’étais assis dans une chambre d’hôpital avec le médecin », a poursuivi Kongbo. « Je lui demandais s’il était possible que je guérisse rapidement. Je me disais que j’étais comme Superman et que j’allais être correct dans deux semaines. Mais le médecin m’a dit très honnêtement que j’allais rater le repêchage de la NFL. Que j’allais rater les camps d’évaluation, le Senior Bowl… Tout! Une période très sombre de ma vie. »

Ce qui lui est arrivé pendant sa convalescence a été à la fois encourageant et frustrant pour Kongbo. Et voilà pourquoi le fait d’avoir été repêché par les Bombers, pour son rétablissement – tant physique que psychologique – a été important.

« Presque tout ce qui m’est arrivé est psychologique », a dit Kongbo. « Bien sûr, les limitations physiques étaient difficiles. Le genou enflé et la réhabilitation ont été durs. »

« Mais ce que j’ai trouvé le plus difficile, c’est l’aspect psychologique. J’ai presque perdu mon identité. Pendant toute ma carrière universitaire, j’étais un gars de football, un joueur imposant. Mais lorsque j’ai subi ma blessure, les gens m’ont un peu oublié, ils ont oublié que j’étais bon, ils ont oublié les choses que j’avais accomplies dans le passé. Je me suis mis à avoir de la difficulté à comprendre qui j’étais, ailleurs qu’au football. C’était le côté le plus difficile. »

« Je donne beaucoup de crédit à Winnipeg parce que cette équipe m’a appris comment être un pro. Voilà pourquoi je crois que tout arrive pour une raison. Si je m’étais rendu directement dans la NFL, tout de suite après l’université, je ne crois pas que j’aurais été aussi prêt. Évoluer autour de gars comme Adam Bighill et Willie Jefferson m’a appris comment avoir une bonne éthique de travail. C’est du sérieux, mais on peut tout de même avoir du plaisir. »

« Cette atmosphère m’a permis d’être moi-même dans le vestiaire. J’avais un objectif : je voulais revenir le plus rapidement possible pour le début de la saison. Al (Couture, le thérapeute en chef) m’a ralenti un peu, ce qui a été très bénéfique et je l’en remercie. J’ai poursuivi mon travail. Tout est dans la bataille que l’on mène. »

Lors des entraînements des Bombers l’an dernier, Kongbo donnait tout ce qu’il avait. Son intensité était toujours à 100 % du début à la fin, ce qui dérangeait quelques vétérans.

Cela faisait partie de la récupération psychologique de Kongbo et de sa course pour revenir au jeu le plus rapidement possible, mais pas juste sur le terrain, mais sur un terrain de la NFL.

« Ce n’était pas du tout un dur labeur pour moi. J’étais habitué à ça », a dit Kongbo. « Je le dis tout le temps à tout le monde : travailler fort tous les jours, ce n’est pas compliqué pour moi. J’ai ça dans le sang, c’est de famille. C’est comme ça que mon père travaillait. Lorsque nous sommes arrivés au Canada, mon père est allé travailler au nord de la C.-B., bûchant du bois pour trois ans. Il travaillait jours et nuits. Il avait trois emplois en même temps, à une certaine époque. »

« Pour moi, c’est de cette façon que l’on progresse dans la vie – il faut travailler fort et durement. Je tiens ça de mes parents, c’est certain. À l’époque de ma blessure, c’était une grosse affaire. Mais lorsque je regarde tout ça maintenant, ce n’était qu’un autre obstacle. »

Jonathan Kongbo tentera de percer l’alignement des 49ers de San Francisco en 2020 (BlueBombers.com).

Cette semaine, Kongbo sera du camp d’entraînement des 49ers. Il a eu un essai avec les Dolphins de Miami, en plus de voir les Giants de New York et les Vikings du Minnesota démontrer de l’intérêt avant qu’il ne s’entende avec San Francisco – une équipe qui l’avait à l’œil depuis sa période universitaire.

Le personnel des 49ers a parlé avec excitation du talent brut de Kongbo et de tout son potentiel. De plus, afin de prétendre à un poste d’ailier défensif dans la NFL, le principal intéressé à ajouté 20 livres de masse musculaire. Il pèse maintenant 270 livres.

Et lors de ces moments très rares où il ne pense pas à la chance qu’il a de peut-être jouer pour les 49ers, il repense au plus récent chapitre de sa carrière avec les Bombers et il sourit.

« J’en ai encore des frissons », a-t-il dit. « Je n’avais jamais fait partie d’une équipe comme celle-là. Je me souviens d’un entraînement avant la Coupe Grey et de ce sentiment que tout le monde était dans le même bateau. Tout le monde faisait son travail. Les égos étaient mis de côté. On ne voulait que remporter le match ultime. »

« Nous étions tellement proche l’un de l’autre. Je pouvais regarder chacun des joueurs de cette équipe et me dire qu’ils étaient mes frères. J’aimerai toujours ces gars-là… »

D’après un article d’Ed Tait, paru sur CFL.ca