Équipe de la décennie : Les choix de Bowman
MONTRÉAL – Pour John Bowman, il y a trois choix pour deux postes et il fait partie de l’un de ces choix.
« Moi, Chuck et Odell », a dit le vétéran de 14 saisons dans la Ligue canadienne de football (LCF). « Ça devrait être la liste. »
Par la suite, il s’esclaffe d’un grand rire; un prélude à une conversation amusante.
Selon plusieurs, Bowman a toujours donné de bonnes entrevues. Il est très généreux et précis dans ses réponses. Il est bien dans sa peau et il a le sens de l’ironie. Il est honnête, pourrait-on dire.
Il a passé 14 saisons dans la LCF, toutes avec Montréal. De la sixième place sur la charte des positions en tant que recrue en 2006, il est devenu l’image du front défensif des Alouettes au cours de la dernière décennie.
Nous voulions avoir son opinion sur la liste des ailiers défensifs nommés pour l’Équipe de la décennie, présentée par LeoVegas. « C’est juste pour créer du trafic et des clics », a dit Bowman, par rapport au concept. Il rit encore, bien au courant qu’il nous tire la pipe.
« Mais c’est tout de même amusant », a-t-il ajouté.
Bowman a donc pu réfléchir sur les raisons qui font de lui un favori des partisans, en plus de se rappeler son sac préféré et il a pris le temps de nommer les joueurs de ligne offensive qui pourraient faire partie de l’Équipe de la décennie.
« Du point de vue des ailiers défensifs – et je m’y inclus —, vous en avez trois et nous avons joué pendant toute la dernière décennie », a dit Bowman.
Pour lui, la longévité est importante. Et cette caractéristique réunit ses trois choix.
« Chuck », c’est Charleston Hughes, bien sûr, et Odell, c’est Odell Willis. Les trois seuls candidats sur la liste qui ont évolué dans la LCF au cours de la dernière décennie, incluant la dernière Coupe Grey.
Bowman ne se vante pas. Il ne prend pas la pose. Il est seulement très direct. À trois occasions durant la conversation, il prend le temps de dire qu’il ne veut dénigrer personne. Mais il connaît sa place.
« Je n’ai rien contre les autres », a poursuivi Bowman, lui qui sait que les partisans devront considérer l’impact de Willie Jefferson au cours des six dernières saisons. Parmi les ailiers défensifs sur la liste, Jefferson est le seul à avoir été nommé joueur défensif de la LCF au cours de la dernière décennie.
Les électeurs et les électrices devront aussi regarder du côté de Shawn Lemon, un vétéran de neuf saisons, lui qui est au quatrième rang pour ce qui est de la moyenne de sacs par match, tout juste devant Bowman – Hughes est le meneur dans cette catégorie.
Mais en analysant les choses à la manière de Bowman, c’est-à-dire qu’une production étalée sur une longue période de temps surpasse quelques saisons incroyables, vous en conviendrez qu’il a raison de se choisir, en compagnie de Hughes et Willis.
Au cours de la dernière décennie, Hughes a été le meneur au chapitre des sacs, avec 119. Bowman est deuxième avec 105 et Willis troisième avec 93.
Parmi les 105 sacs qu’il a réussis lors de la dernière décennie, Bowman se souvient très bien du jour où il a atteint le plateau des 100. Mais ce sac, au cours de la saison 2015 contre la Saskatchewan, n’est pas son préféré.
« Je crois que j’ai sauté par-dessus quelqu’un », a-t-il tenté de se souvenir.
« Mais vous savez, j’ai sauté par-dessus Stefan Logan, contre les Lions de la Colombie-Britannique. Je ne me souviens pas très bien de l’année… »
C’était en 2014.
« Je ne sais pas s’il croyait que j’allais le jeter par terre ou s’il s’est baissé. Il n’a que baissé sa tête », s’est souvenu Bowman, en riant. « Il ne croyait sans doute pas que je pouvais sauter par-dessus lui. »
Les plaqués défensifs? Hughes est bien sûr le meilleur de la décennie, avec 407, non loin derrière se trouve Bowman avec 371 et Willis est troisième avec 251.
Dans la bataille des revirements, le classement est le même; Hughes a provoqué 28 échappés, Bowman 23. Willis et Lemon en ont chacun 22. Alors que Willis et Hughes ont chacun intercepté trois passes, Bowman a marqué son premier touché défensif en carrière au cours de sa 14e saison. C’était contre les Lions, interceptant Mike Reilly, en septembre dernier.
Les statistiques sont importantes pour faire ce genre de choix. Toutefois, les impondérables jouent un grand rôle. Plusieurs partisans aiment ces joueurs pas seulement pour leur talent sur le terrain, mais aussi pour leur personnalité à l’extérieur de celui-ci.
C’est le cas de Hughes et Willis et, bien évidemment de Bowman, lui qui a des partisans partout au Canada. Pas seulement à Montréal.
« Partout sauf à Winnipeg, l’an dernier », a-t-il dit en riant, par rapport à s’il aimait ne pas être vilipendé dans les villes adverses.
Il y pense un peu, pour expliquer sa perception de lui-même.
« Je suis authentique, je ne me vante pas », a-t-il commencé par dire. « Je ne suis pas sur Twitter. Je traite les gens avec respect. Je ne parle pas en mal des gens. »
« Je me souviens du temps où j’étais au sixième rang dans la charte des positions. Les gens trouvaient que je travaillais fort. Je ne suis pas arrivé dans cette Ligue avec une fanfare. J’ai profité des chances qu’on m’a données. »
« Je crois que les gens peuvent s’associer au col bleu que je suis, celui qui a travaillé d’arrache-pied pour atteindre ses objectifs. »
Et aussi…
« Du point de vue des ailiers défensifs – et je m’y inclus —, vous en avez trois et nous avons joué pendant toute la dernière décennie »
– John Bowman, AD des Alouettes de Montréal
« Je m’habille très bien », a-t-il ajouté, avec un brin d’amusement. « Tout le monde aime les gens qui s’habillent bien. »
Lorsque nous prenons le temps de revenir en arrière, au début de la carrière de John Bowman, tout comme pendant la dernière décennie, il n’est que normal de regarder vers le futur, également. Lui qui vient tout juste de célébrer son 38e anniversaire, Bowman était prêt pour une autre saison en 2020.
La pandémie mondiale et le report de la saison de la LCF voudront peut-être dire que tout est terminé pour Bowman. Il était très certain que ce serait sa dernière campagne et qu’il accrocherait ses crampons par la suite.
« Je ne veux pas jouer au point où je ne pourrai plus marcher », a dit le joueur originaire de Brooklyn, à New York, bien heureux que sa carrière de football l’ait gardé en bonne santé.
Il est venu le temps de faire plaisir à ceux et celles qui l’aiment tant et qui l’ont appuyé tout au long de sa carrière.
« Je ne peux pas continuer à vous tirer la pipe comme je le fais », a-t-il dit, avec le sourire. « Je ne peux pas passer à une autre décennie. »
Ç’a le mérite d’être clair. Mais nous lui rappelons que Gordie Howe a joué dans la LNH jusqu’à l’âge de 50 ans, alors pourquoi pas?
« Si quelqu’un est prêt à me payer, je le ferai », a répondu Bowman. Il nous tire encore la pipe…
Sa place sur l’Équipe de la décennie est entre les mains des électeurs et des électrices et Bowman les a laissés avec un autre point de réflexion.
Bien qu’il ait été excellent tout au long de sa carrière, la saison 2019 a été la meilleure pour lui, en ce qui a trait aux plaqués défensifs, avec 45 en 16 matchs. Huit sacs? Bien loin de son meilleur résultat de 19 en 2015 et la moitié du total de Hughes en 2019. Mais quatre de plus que Willis.
Mais bon, ce ne sont que quelques photos faisant partie d’un album de succès, lui qui était sur le terrain avec Davis Sanchez comme demi de coin et qui était toujours sur le terrain avec Davis Sanchez sur le panel de TSN.
« Il y a des joueurs qui ont connu de grandes saisons depuis quelques années », a concédé Bowman. «Mais si nous parlons de toute la dernière décennie, il n’y a que trois joueurs sur la liste qui ont joué tout le long. Deux d’entre eux ont pas mal bien performé. »
« Et moi? J’ai travaillé fort pendant tout ce temps. »
LES CHOIX DE BOWMAN AUX POSTES DE JOUEURS DE LIGNE OFFENSIVE
Bowman pourra aider les électeurs et les électrices quand vient le temps de parler des joueurs de ligne offensive qui pourraient faire partie de l’Équipe de la décennie. Ou peut-être pas. Sa liste ne contient que des bloqueurs et il y en a plus que deux.
Autant de fois qu’il est parvenu à renverser les quarts-arrière au cours de sa carrière, il n’y est pas parvenu à plusieurs reprises, et ce, bien plus souvent. Comme plusieurs ailiers défensifs, d’ailleurs. Et il sait qui lui a donné le plus de fil à retordre dans sa chasse aux pivots, au cours de la dernière décennie.
« Je peux en nommer quelques-uns », a-t-il dit. « SirVincent (Rogers), il est vraiment bon. Tony Washington, nous avons eu de bons duels. Derek Dennis a seulement joué pendant quatre saisons (et une partie d’une cinquième), mais il a été bon. Chris Van Zeyl. Ces quatre-là. »
Nous avions la liste des candidats devant nous, mais pas Bowman. Et Stanley Bryant?
« Oh! Excusez-moi! Qu’est-ce que je dis là » », a répondu Bowman. « J’aurais dû le nommer en premier. »
Tous les joueurs qu’il a nommés sont des bloqueurs, puisqu’il connaît davantage cette position sur le front offensif. Il a bien sûr, à quelques reprises, coupé à l’intérieur afin de se mesurer à quelques gardes, mais ce n’était pas commun de sa part.
Voilà une belle liste de bloqueurs, cités par l’un des meilleurs ailiers défensifs de tous les temps.
Le téléphone sonne. C’est Bowman.
« Jovan Olafioye », a-t-il dit, immédiatement. « J’aurais dû l’inclure. »
Nous ferons une mise à jour, s’il nous rappelle.