3 août 2020

Riders : Evans veut continuer de grandir

Matt Smith/LCF.ca

REGINA – Shaq Evans se souvient qu’il ne pouvait même pas pointer la Saskatchewan sur une carte géographique, lorsqu’il a signé une entente avec les Roughriders en 2018. Mais il est vite devenu l’un des favoris de la foule au cours des deux dernières saisons.

L’athlète de 29 ans et originaire de la Californie s’est promené à travers les États-Unis, durant son cheminement de joueur de football. Et maintenant, il est l’une des plus grandes vedettes de la Ligue canadienne de football (LCF).

Le talentueux receveur est passé d’un nouveau venu à l’un des leaders de l’attaque des Riders et malgré le fait qu’il ait établi des records personnels en 2019, il est loin d’être satisfait, lui qui n’a connu qu’une seule saison de 1000 verges ou plus sur des réceptions.

Johany Jutras/CFL.ca

Avant de se joindre à la LCF, Evans a passé quelque temps dans la NFL. À la suite de sa carrière universitaire à UCLA, Evans a été sélectionné au quatrième tour du repêchage de la NFL en 2014, par les Jets de New York. Il a aussi passé du temps avec les Jaguars de Jacksonville, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Cowboys de Dallas. Lorsqu’il a été libéré par les Cowboys en 2017, il a analysé ses options.

Il avait déjà eu un essai avec les Riders, mais il avait décidé de continuer à tenter sa chance dans la NFL. Avant le début de la saison 2018, Evans a finalement décidé de se joindre aux Riders.

Dès la signature de son nouveau contrat, il a dû tout réapprendre de A à Z. Vous savez, la LCF? Il devait apprendre les règlements et les nuances du football canadien.

« Vous pouvez retourner un botté de précision raté pour un touché », a dit Evans lorsqu’on lui a demandé quels jeux canadiens le surprenaient le plus. « Vous pouvez botter le ballon lorsque vous avez besoin d’un point. J’ai vu des équipes se botter le ballon sans arrêt. Lors de ce genre de jeux, je ne savais ce qu’il se passait. »

« Vous pouvez récupérer le ballon sur un botté de dégagement. C’était le genre de jeux qui me mélangeaient. »

Il est devenu un joueur partant dès sa première année à « Riderville », participant à 17 rencontres. Et il a profité de toutes ses occasions, captant 50 passes pour des gains de 785 verges.

« Notre entraîneur, Travis Moore, nous avait demandé de noter nos objectifs au début de la saison. L’un de mes objectifs était de terminer l’année avec 50 attrapés et avec plus de 600 verges de gains sur des réceptions », a dit Evans. « C’était fou de revenir sur ma saison et de constater que j’avais atteint mes objectifs. Ça m’a donné énormément de confiance. »

« Je crois que j’aurais pu en faire davantage, mais lorsque j’y repense, c’était vraiment une bonne saison. »

L’une des choses qu’il a notée c’est qu’il n’a pas pu capter une passe de touché au cours de sa première saison. Et il y pensait beaucoup au début de sa deuxième campagne dans l’uniforme vert et blanc.

« Tant de choses doivent bien aller pour marquer un touché et de ne pas capter une passe de touché dans ma saison, c’était la première fois que ça m’arrivait », a dit Evans. « C’était difficile à vivre. »

Avec cet objectif en tête, Evans a amorcé la saison 2019 en voulant prouver encore plus sa valeur.

Alors que Jordan Williams-Lambert tentait sa chance dans la NFL, il fallait que le trio composé d’Evans, Kyran Moore et Naaman Roosevelt fasse le travail, avec Zach Collaros derrière le centre. Mais ce plan allait prendre le bord, dès la première séquence à l’attaque de la saison.

Avec Collaros blessé, Cody Fajardo devait prendre la relève.

« J’ai vu ce qui était arrivé seulement à la suite du match », a dit Evans. « Toutes les équipes sont prêtes à affronter les blessures, mais aucune n’est prête à y faire face au troisième jeu de la saison. C’était difficile. Surtout pour moi puisque je n’avais pas passé un long moment au camp d’entraînement. »

« Je me suis entraîné une ou deux fois et, par la suite, j’ai participé aux matchs présaisons et c’est tout. Mais nous nous sommes adaptés. »

Le changement de quart-arrière n’a pas affecté la production d’Evans. Au cours des deux premiers départs de Fajardo au poste de pivot partant, Evans a cumulé un total de 215 verges de gains en 12 réceptions. Et il a poursuivi sur cette lancée tout au long de la saison, cumulant 158 verges au cours de la semaine 6, 160 verges à la semaine 8, 193 verges à la semaine 17 et 174 verges à la semaine 20.

À sa première saison complète en tant que quart partant, Fajardo avait besoin d’un receveur en qui il avait confiance. Et c’était Evans.

« C’était comme une intervention divine ou quelque chose de la sorte », a dit Evans de la chimie qu’il avait avec Fajardo sur le terrain, en 2019. « Nous n’avions eu aucune répétition ensemble (avant le match contre Ottawa). Juste de le voir se préparer et de constater à quel point il était calme, je savais qu’il allait être bon. »

« Nous n’avions qu’à être prêts et il allait nous aider à faire le travail et vice et versa. Nous n’y avons même pas pensé tant que ça. Nous avons juste travaillé fort. »

Le duo avait même un surnom : Shaqnarno.

Evans a connu la meilleure campagne de sa carrière, captant 72 passes pour des gains de 1334 verges – au premier rang de la LCF – et cinq touchés. Pour la première fois de sa carrière, il a été nommé sur l’équipe d’étoiles de l’Ouest et de la Ligue.

En 2019, les Riders ont été en mesure de se hisser au premier rang de la division Ouest, remportant le titre pour la première fois depuis 2009.

La Saskatchewan a donc accueilli ses rivaux incontestés au Mosaic Stadium, les Blue Bombers de Winnipeg, dans le cadre de la finale de l’Ouest. Lors de ce match chaudement disputé, la fin a été dramatique pour la troupe d’Evans.

En effet, Fajardo a atteint le poteau des buts en fin de partie, donnant ainsi la victoire aux Bombers.

« Chaque fois que nous avions besoin de gagner, nous l’avons fait. Notre confiance était très grande. Nous sentions que nous allions marquer et qu’au pire, nous allions en prolongation », a dit Evans. « Lors du dernier jeu, je ne savais pas à qui il a allait lancer le ballon, mais je me disais que je devais l’attraper s’il le lançait en ma direction. »

« Par la suite, j’ai vu que Moore était démarqué et qu’il avait la chance d’effectuer le catch. Mais lorsque le ballon a frappé le poteau, l’énergie du stade s’est tout de suite dissipée. Mon tracé faisait en sorte que j’étais tout près du vestiaire. Lorsque j’ai vu ce que je devais voir, j’ai baissé la tête et j’ai poursuivi ma route vers le vestiaire. »

« Nous ne pensions jamais perdre, tout au long de notre semaine de préparation. Nous étions tellement confiants. Alors quand c’est arrivé, ç’a été dévastateur. »

The Canadian Press

En route vers l’entre-saison, Evans était en voie de devenir joueur autonome. Il était aux prises avec un orteil cassé. Il n’a donc eu qu’un essai dans la NFL qui n’a pas porté ses fruits.

Evans a affirmé que quelques équipes étaient intéressées à lui durant ce processus, mais que son cœur était en Saskatchewan.

« C’était “cool” d’être un gars convoité, pour une fois », a dit Evans, à propos du marché des joueurs autonomes. « Je n’avais pas à me vendre, les entraîneurs m’appelaient. C’était bien. Mais je n’ai été dans cette Ligue que pendant deux ans et tout ce que je connaissais c’était la Saskatchewan. Il en aurait fallu beaucoup pour me faire quitter le navire. »

« Je ne voulais pas partir et changer encore une fois de quart-arrière. On m’a donné ce que je voulais. Je disais à mon agent que je voulais signer une autre entente avec les Riders. C’était mon principal objectif. »

Maintenant qu’il a un nouveau contrat en poche, son énergie est focalisée sur la prochaine saison. Evans est de retour à la maison à Anaheim, en Californie, là où il est en train de s’entraîner dans le but d’amorcer une hypothétique campagne 2020.

Avec son excellente saison 2019 sous les crampons, Evans pourrait avoir comme objectif d’être nommé le joueur par excellence de la LCF au cours de la prochaine saison – Brandon Banks a prouvé l’an dernier qu’un receveur pouvait recevoir un tel honneur. Mais pour l’heure, il veut tout simplement être un joueur constant.

« Mon principal objectif est de continuer de grandir », a dit Evans. « Je veux montrer aux gens que la saison dernière n’était pas un feu de paille. Je ne suis pas un “one-year wonder”. Je suis une vraie vedette de la LCF et l’un des meilleurs joueurs du circuit canadien. »

D’après un article d’Austin Owens, paru sur CFL.ca