7 août 2020

De la télévision au terrain de football : le voyage d’Evans vers la LCF

Geoff Robins/LCF.ca

HAMILTON – Dane Evans se souvient des premières fois où il a regardé des matchs de la Ligue canadienne de football (LCF).

En été, son père et lui s’assoyaient dans le salon de leur maison à Sanger, au Texas. Ils allumaient la télévision, syntonisaient ESPN, puis regardaient des parties de football disputées au nord de la frontière.

« Je devais être en huitième ou en neuvième année. Nous avions terminé notre entraînement pour la journée, nous relaxions dans le salon et, tout à coup, la LCF était à la télévision », se souvient Evans. «Nous sommes devenus des partisans. Nous écoutions tous les matchs, toutes les semaines, sur ESPN. »

Dane Evans rit en compagnie d’un coéquipier lors d’une légère séance d’entraînement en amont du match de la Coupe Grey de 2019 (Dave Chidley/LCF.ca).

L’athlète de 26 ans a regardé les équipes jouer avec un essai en moins. Il a vu à quel point le Canada était un beau pays, et il a vu des étoiles pratiquer le sport qu’il avait appris à aimer.

« Je me souviens d’un match, je ne savais pas à l’époque qui étaient les joueurs, mais je sais que Calgary jouait à domicile contre une autre équipe, je ne me souviens pas laquelle », a dit Evans. « Les Stampeders avaient Jon Cornish, et je crois que Bo Levi Mitchell obtenait ses premiers départs. À la télévision, on montrait sans cesse Banff et tous ces parcs nationaux. On montrait des paysages de Calgary et des choses comme ça. »

Quelques années plus tard, et Evans est lui-même devenu un visage familier de la Ligue de laquelle il est autrefois tombé amoureux au Texas. L’an passé, le passeur de six pieds, un pouce et 218 livres a connu une saison exceptionnelle. En raison d’une blessure au genou subie par le quart-arrière Jeremiah Masoli, Evans a hérité du poste de partant.

Il a effectué son premier départ lors de la semaine 8 contre les Roughriders de la Saskatchewan. Il a obtenu sa première victoire la semaine suivante contre les Lions de la Colombie-Britannique. Evans a terminé la campagne en ayant réussi 298 de ses 413 passes pour 3754 verges, 21 touchés et 13 interceptions.

Sa fiche de 10-2 comme partant a aidé les Ticats à prendre le premier rang de la division Est et à établir un record d’équipe pour le nombre de victoires en une saison. Puis, la victoire de Hamilton contre l’Équipe de football d’Edmonton en finale de l’Est lui a permis d’accéder au 107e match de la Coupe Grey.

Il s’agissait d’une situation étrange pour lui cependant; connaître du succès alors qu’un coéquipier est blessé. Mais c’est l’occasion qui a permis à Evans de s’épanouir et de montrer à son équipe, et au reste de la LCF, exactement ce qu’il pouvait accomplir.

« Je dis tout le temps aux gens que c’est l’une des choses les plus étranges dans le monde du sport, car vous ne voulez jamais voir un coéquipier ou un adversaire tomber au combat », a dit Evans. « Et quand ça arrive, et que c’est l’un de vos meilleurs amis dans l’équipe, vous devez intervenir et faire essentiellement son travail. Ça peut créer une dynamique étrange, mais je pense que Jeremiah et moi avons une si bonne amitié et un si grand respect l’un pour l’autre que nous comprenons tous les deux que c’est le travail et qu’il faut que quelqu’un le fasse. On s’aime toujours autant. »

Alors que les années à regarder le football de la LCF passaient, Evans a appris qu’il occupait une place sur la liste de négociation des Tiger-Cats de Hamilton. Ce fait était toujours dans son esprit alors qu’il terminait ses études universitaires et qu’il allait tenter sa chance dans la NFL.

Quand il a été retranché de la formation des Eagles de Philadelphie avant la fin du camp du club en 2017, il a demandé à son agent de passer un appel.

« Je pense que c’est arrivé à la toute fin de ma dernière année à l’université », a dit Evans. « J’ai obtenu une mise à jour sur Twitter, ou quelqu’un m’a identifié dans un gazouillis, et j’ai appris que je faisais partie de la liste de négociation des Ticats. J’ai alors commencé à porter un peu plus attention. Puis quand ça n’a pas fonctionné avec Philadelphie, je me suis tourné vers un rôle d’entraîneur, mais je savais que je voulais encore jouer. J’ai demandé à Hamilton, en fait j’ai demandé à mon agent, si les dirigeants souhaitaient toujours me voir me joindre à leur équipe, et tout a déboulé par la suite. »

« Je devais être en huitième ou en neuvième année. Nous avions terminé notre entraînement pour la journée, nous relaxions dans le salon et, tout à coup, la LCF était à la télévision. Nous sommes devenus des partisans. Nous écoutions tous les matchs, toutes les semaines, sur ESPN. »

– Dane Evans 

En 2017, lors de sa première saison à Hamilton, Evans a évolué au sein de l’équipe d’entraînement. Il a dû apprendre les nuances du football canadien et tout le livre de jeux en attaque par lui-même.

« C’était un peu fou parce qu’au même moment où je me suis joint à l’équipe, June Jones a été nommé entraîneur-chef et a changé plein de choses en attaque », a dit Evans. « Ce n’est pas sa faute, mais il avait tellement de pain sur la planche qu’il a pratiquement travaillé uniquement avec Jeremiah, avec les partants, pour que l’attaque soit prête. Et j’étais pratiquement le seul quart-arrière sur l’équipe d’entraînement. »

« Je tentais d’apprendre le sport par moi-même lors de mes quelques répétitions à l’entraînement. Honnêtement, ça ne s’est probablement pas bien passé pour moi, alors je suis content qu’ils aient choisi de retenir mes services l’année suivante. C’était dément : je venais de quitter le camp des Eagles, je n’avais jamais joué dans la LCF, et, chaque semaine, je devais affronter notre première unité défensive lors des entraînements. Ç’a été une bonne façon de savoir assez rapidement si j’allais être capable d’y arriver. »

Il a fallu beaucoup de temps à Evans pour se sentir à l’aise dans le football à trois essais et dans l’attaque que l’entraîneur-chef June Jones tentait d’implanter. Pour apprendre plus rapidement, Evans se présentait au Terrain Tim Hortons à 6 h pour travailler avec l’entraîneur des receveurs Jarryd Baines. Les deux regardaient des vidéos, et Evans tentait d’en apprendre le plus possible avant qu’ils aient tous les deux à amorcer leur journée.

« Je restais aussi sur le terrain après les entraînements, et, soudainement, j’ai commencé à réussir plus de passes et à marquer des points contre notre défense, alors que les jeux ne sont pas construits pour réussir à marquer des points lors des entraînements », a dit Evans. « Je me suis alors dit : “OK. Je suis peut-être capable d’y arriver.” Puis je pense que June a commencé à se rendre compte que ce genre de choses arrivait, et il m’a donné des répétitions ici et là lors des matchs. J’ai ensuite saisi chaque occasion. »

Aujourd’hui, Evans est prêt pour la prochaine saison. Advenant que Jeremiah Masoli soit assez en forme pour jouer, il devrait y avoir une bataille intéressante lors du camp des Ticats afin de déterminer qui sera le quart-arrière partant de l’équipe.

Et dire que tout cela a commencé en regardant un match à la télévision…

« J’ai toujours pensé que c’était quelque chose de cool que j’aurais la chance de faire un jour, et je le fais aujourd’hui », a dit Evans. « Et je suis prêt pour la prochaine saison, alors je sais que je peux continuer de le faire. C’est un petit monde étrange pour quelqu’un qui écoute la LCF au Texas… »

D’après un article de Kristina Costabile, paru sur CFL.ca