Les gros jeux et les statistiques qui ont caractérisé la mini-dynastie des Argos

TORONTO – Les projecteurs des archives de la Ligue canadienne de football (LCF) se sont tournés vers l’édition 1996 des Argonauts de Toronto cette semaine, alors que Doug Flutie, Paul Masotti et d’autres coéquipiers se sont retrouvés sur Zoom afin de regarder à nouveau la 84e Coupe Grey.

À la suite d’une saison de quatre victoires, toutes les pièces se sont placées au bon endroit pour les Argos en 1996. Un entraîneur-chef éventuellement membre du temple de la renommée, Don Matthews, s’est joint à la formation de la Ville reine et il a emmené avec lui le capitaine Flutie. Ensemble, ils ont bâti une attaque qui, à ce jour, demeure l’une des plus productives de l’histoire de la LCF. Ajoutez à cela une défense féroce et souvent oubliée, des unités spéciales menées par le marchand de vitesse Jimmy « The Jet » Cunningham et par le botteur Mike Vanderjagt et cette équipe a fait la pluie et le beau temps pendant deux saisons consécutives, dans le circuit canadien. Au cours de ces deux campagnes magiques, Flutie, «Pinball» Clemons et compagnie ont maintenu une fiche totale de 30-6, en plus de remporter deux coupes Grey.

Cette formation, ainsi que celle de 1997 sont considérées être parmi les meilleures jamais réunies dans la LCF. Peut-être même les meilleures.


DOMINATION TOTALE DU DOUBLE BLEU

Doug Flutie et Paul Masotti embrassent la coupe Grey, à la suite de la victoire des Argos aux dépens d’Edmonton, en 1996 (La Presse Canadienne).

Renverser la vapeur : Les Argos ont établi un record de franchise avec 15 victoires en saison régulière en 1996 – ce qu’ils ont refait en 1997. Ils sont à égalité pour la plus longue séquence de victoires en deux saisons dans l’histoire de la LCF – Calgary a fait de même au cours de deux campagnes dans les années 1990. Les 11 gains de plus des Torontois de 1995 à 1996 ont été le plus grand revirement de tous les temps.

Domination à domicile : Les Argos ont connu une séquence de 17 victoires de suite à la maison entre 1996 et 1997, à égalité pour la quatrième plus longue séquence de l’histoire de la Ligue.

La magie de Flutie : La fiche de 5720 verges de gains par la passe de Flutie en 1996 demeure un record de franchise. Il a été nommé joueur par excellence de la LCF en 1996 et en 1997. Il a aussi été nommé le joueur par excellence de la Coupe Grey. Mike Vanderjagt avait été nommé le joueur canadien par excellence. Vanderjagt avait marqué 19 points, incluant cinq bottés de précision, à égalité pour le record de tous les temps lors d’un match de la Coupe Grey.

Robert Drummond : À sa première saison avec les Argos, Robert Drummond a pris sa place comme demi offensif partant, lui qui a marqué 17 touchés (1er rang de la Ligue) et cumulé 1733 verges de gains à partir de la ligne de mêlée.

« Pinball », le sorcier : À cause de l’émergence de Drummond, Clemons a été obligé de jouer à une nouvelle position. À la manière du grand « Pinball », il a excellé presque instantanément. Ses 116 réceptions demeurent le huitième plus haut total de l’histoire de la Ligue. Il a toutefois fracassé son propre record une année plus tard.

« The Jet » s’envole : Cinningham, lui qui était utilisé sur les unités spéciales et comme demi inséré, a sprinté pour s’emparer de la tête de la LCF avec 2838 verges de gains au total. Et son ami Clemons a terminé tout juste derrière lui avec 2626 verges.

Nulle part où aller : Comme mentionné dans notre chronique de cette semaine sur le LCF.ca, l’édition 1996 de la défense des Argos était au sommet de presque toutes les colonnes statistiques : une moyenne de 18 points accordés par match (1er rang), une moyenne de 92 verges de gains au sol accordés par match (1er rang), sans parler de la moyenne de verges de gains aériens accordés par partie… Ouf… Les Argos n’ont accordé qu’un total de 3721 verges de gains par la voie des airs (moyenne de 207 verges de gain par rencontre) et la deuxième meilleure unité défensive dans cette catégorie était celle des Tiger-Cats de Hamilton, avec 1000 verges de plus. Les Argos ont pu provoquer 65 revirements (1er rang), ont réussi 49 sacs (1er rang), en plus d’effectuer 29 interceptions; une de moins que les premiers : Hamilton, avec 30.

Ne passez pas le ballon en direction de « Peewee » : le demi de coin Adrion « Peewee » Smith avait rabattu 18 passes, égalant ainsi le record du plus grand nombre de passes rabattues en une saison détenu par Malcolm Frank en 1994.


DE GROS JEUX, D’ENCORE PLUS GROS MOMENTS

Jimmy « The Jet » Cunningham ramène un botté de dégagement sur une distance de 80 verges pour le touché, au cours de la Coupe Grey 1996 (La Presse Canadienne).

Empiler les bonnes statistiques est une chose, mais réussir les gros jeux aux bons moments en est une autre. Les gros jeux au cours des matchs ultimes sont légion dans l’histoire de la Ligue – et nous y reviendrons —, mais les Argos étaient dans une classe à part.

Les débuts de Doug : Flutie a transporté son équipe sur ses épaules dès le jour 1, lui qui avait orchestré une séquence à l’attaque victorieuse digne des contes de fées, au cours de la semaine 1 contre Montréal. Lui qui avait parcouru le terrain presque en entier et avec 25 secondes à faire au cadran, Flutie et les Argos ont par la suite amorcé un jeu à partir de la ligne de six verges des Alouettes. Flutie a reculé, s’échappant sur 17 verges afin d’éviter la pression exercée sur lui, avant de lancer une prise à Paul Masotti pour le touché de la victoire.

Sceller l’issue : La semaine 7 a vu les Argos accueillir l’équipe qu’ils allaient éventuellement affronter à la Coupe Grey. En avance par trois points et lors d’un jeu qui s’apparente à celui qu’il a réussi au cours du match ultime, Smith a intercepté une passe de Danny McManus avec 48 secondes à faire au duel afin de sceller l’issue de la rencontre et poursuivre la séquence de six victoires.

L’énorme attrapé de Masotti : Pris dans l’ombre de leurs propres poteaux de but et tirant de l’arrière par un touché face à Calgary, Flutie a décoché une passe le long des lignes de côté à Masotti. Ce dernier l’a capté et a filé sur 97 verges tout droit dans la zone des buts. Ce touché a ainsi permis à Toronto de l’emporter 23-22.

« Pinball » donne le ton : La finale de l’Est en 1996 mettait en vedette deux poids lourds, mais par le temps que le ballon avait été mis en jeu, la partie était presque terminée. Clemons avait ramené le botté d’envoi jusque dans la zone des buts, devant une foule en liesse au SkyDome. Une victoire de 43-7.

Encore et toujours « The Jet » : Il y a eu le catch miraculeux d’Eddie Brown, mais aussi le retour de Cunningham pour le touché, au cours de la Coupe Grey 1996. Alors que les deux formations s’échangeaient l’avance et avec une tempête de neige qui s’abattait sur le terrain, le sprinteur des unités spéciales a retourné un botté de dégagement pour le majeur, un jeu de 80 verges.

Smith confirme la victoire : Menant par un touché et avec moins d’une minute à faire au cours du match de championnat de 1996, Smith a suivi McManus qui a lancé une passe qui a touché son receveur, terminant sa route dans les mains du joueur des Argos. Smith a ensuite ramené le tout dans la zone des buts, semant l’euphorie chez les partisans des Argos.


LES SIGNES D’UN TEMPS NOUVEAU

Michael « Pinball » Clemons célèbre, à la suite de son touché en 1997, au cours de la finale de l’est contre les Als (La Presse Canadienne).

Bien que la Coupe Grey 1996 ait été beaucoup plus animée, nous pourrions affirmer que l’édition 1997 des Argonauts était encore meilleure. Toronto avait ajouté « Mookie » Mitchell, lui qui a éventuellement été intronisé au Temple de la renommée du football canadien. Et les vétérans poursuivaient leur travail incroyable.

Clemons avait aussi exécuté un jeu encore plus spectaculaire que celui qu’il avait réussi au cours de la finale de l’Est en 1996. À égalité 30-30 contre les Alouettes, « Pinball » a trouvé la brèche au centre du terrain, captant un laser de Flutie avec 40 secondes à faire au match pour ensuite mystifier deux potentiels plaqueurs et sprinter jusque dans la zone des buts. Les Argos se qualifiaient donc pour le match ultime.

Smith a poursuivi là où il avait laissé l’année précédente, au cours de la Coupe Grey, ramenant le botté d’envoi du début de la deuxième demie jusque dans la zone des buts. Alors que les Argos menaient déjà par beaucoup, Smith avait littéralement gravé le nom de son équipe sur la coupe Grey avec ce touché, en 1997.