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14 août 2020

Worthy : «Je sais ce que ça prend pour être le meilleur»

Argonauts.ca

TORONTO – Il y a quelques années de cela, Chandler Worthy se demandait s’il devait faire une croix sur le football.

Worthy avait signé un contrat avec les Jets de New York en 2016. Auparavant, il avait évolué avec les Texans de Houston, participant à trois matchs. Un de ses entraîneurs de l’Université Troy était avec les Jets. Il s’est donc dit qu’il aurait une belle fenêtre afin de démontrer tout ce qu’il savait faire. Mais ça ne s’est pas passé comme il l’aurait voulu, lui qui a été libéré à la fin du camp d’entraînement.

« C’était comme une claque sur la gueule, puisque j’avais quitté un endroit où ça allait bien pour venir à New York », a dit Worthy. « Je n’ai même pas eu l’occasion de me démarquer puisque je ne jouais pas dans les matchs présaison. Je savais que j’étais l’un des meilleurs et, lorsqu’on m’a libéré, je suis tombé de haut.»

« J’avais travaillé durement toute ma vie pour cette occasion et on me l’a enlevé, juste comme ça. C’était hors de mon contrôle. C’était très difficile à prendre. L’anéantissement de mon rêve, en quelque sorte. »

Le receveur des Argonauts Chandler Worthy célèbre son touché face au ROUGE et NOIR, en 2019 (Argonauts.ca).

L’athlète de 26 ans a donc pris toute l’année 2016 afin de trouver une solution. Il n’a pas joué cette saison-là. Il avait déjà vécu ce genre de situation avant son entrée à l’université. Il se retrouvait devant plusieurs offres, incluant Oklahoma State, mais après s’être déchiré le tendon, ces offres ont disparu. Il était un peu dans la même situation à l’orée de sa carrière professionnelle.

« Je voulais tout laisser tomber. Je ne comprenais pas. J’avais tellement travaillé fort », a dit Worthy. « Mais à travers toutes ces émotions, je me rendais compte que j’aimais toujours mon sport. Je ne pouvais pas tout lâcher d’un coup. »

Au cours de cette pause, Worthy a pris le temps de penser à son futur. Il se rendait compte que le football était devenu un emploi et non une passion. C’est là que les Argonauts de Toronto sont arrivés avec un contrat en février 2017.

Lors de sa première saison à Toronto, son équipe a bien fait, elle qui a remporté la 105e Coupe Grey, présentée par Shaw. Toutefois, malgré le championnat, Worthy affirme que cette saison a été la plus difficile de sa carrière.

Il s’était blessé à la cheville au cours d’un entraînement d’entre-saison, juste avant le camp d’entraînement.

« À ce stade de ma vie, je ne savais pas trop ce qui m’arriverait. », a dit Worthy.

Au cours du troisième match de la saison contre Ottawa, il s’est fracturé la cheville. Une blessure à long terme. Un autre match et puis c’était tout.

« C’était bien d’être dans une équipe gagnante et de faire partie de quelque chose de spécial », a dit Worthy. « Mais c’était dur de ne pas jouer. »

Pour la majeure partie de 2018 et 2019, Worthy a continué de travailler fort sur la formation d’entraînement des Argos. Avant le début de la saison 2019, il a changé de numéro, passant du 80 au 00.

Ce nombre est bizarre dans le monde du sport, mais surtout au football. Deux joueurs l’ont porté dans la NFL : le centre Jim Otto et le receveur Ken Burrough. L’utilisation du 0 et du 00 a été bannie en 1973. Mais ces numéros peuvent être portés dans la Ligue canadienne de football (LCF) et il n’y a pas de restrictions selon les positions sur le terrain.

« Je voulais me créer une nouvelle identité », a dit Worthy. « Je pouvais prendre le 00. Lorsque le camp d’entraînement s’est amorcé, je me suis dit advienne que pourra et que ça pourrait être ma dernière saison. J’ai sauté sur le terrain et j’ai tout donné. »

« C’était tout ou rien, l’an dernier. »

Worthy a capté l’attention de son entraîneur-chef Corey Chamblin et de tout le personnel avec ses bonnes séances d’entraînement en 2019 et ses efforts ont été récompensés. Il a été utilisé au cours de la semaine 7 contre Edmonton. Il a terminé la partie avec une réception de 15 verges de gains. Mais les têtes se sont tournées vers lui à la fin de la dernière saison, au cours de la semaine 19, contre les Alouettes de Montréal.

Worthy a été sensationnel, captant neuf passes pour des gains de 93 verges. Son meilleur attrapé de la soirée fut un catch de 32 verges en plongeant qui s’est terminé à la porte des buts. Il a par la suite marqué son premier touché dans les rangs professionnels. Une semaine plus tard, il récidivait contre le ROUGE et NOIR.

Worthy a terminé la dernière campagne avec une fiche de 12 réceptions pour des gains de 129 verges et deux touchés.

Et Toronto lui a fait signer une entente de trois ans au cours de l’hiver passé.

« Cette entente a prouvé que Toronto croyait en moi et j’en suis très reconnaissant », a dit Worthy. « Je ne l’ai vraiment pas pris à la légère. Et je n’ai même pas encore pu démontrer toute l’étendue de mon talent. »

« Je ne fais que commencer. Je veux maintenant être un leader dans cette équipe. Nous en avons eu, mais je crois que le leadership doit être renouvelé si nous voulons aller chercher une autre coupe Grey. »

Chandler Worthy s’échauffe avant un match au Terrain Brick du stade du Commonwealth, à Edmonton. (Argonauts.ca)

En vue d’une possible saison 2020, Worthy est l’une des pièces les plus intrigantes des Argos en attaque. Il a terminé la saison 2019 en force et il a les habiletés pour se démarquer dans l’attaque torontoise.

Avec tous les changements survenus dans la Ville reine au cours de l’entre-saison, l’attaque des Argos aura une nouvelle identité, en commençant par l’un des meilleurs duos de pivots de la LCF en Matt Nichols et McLeod Bethel-Thompson.

Worthy met la barre haute pour les prochaines années. Il veut bien sûr remporter un deuxième championnat. Il veut aussi être le joueur par excellence du circuit canadien.

« Je suis toujours reconnaissant lorsque je pense à la trajectoire de ma carrière et de ma vie », a dit Worthy. « La vie peut tellement changer du tout au tout en un claquement de doigts… Il faut toujours y mettre le travail puisqu’on ne sait jamais ce qui arrivera. »

« Tout ce que j’ai vécu m’a transformé en ce joueur et en cet être humain que je suis. J’en ai vu d’autres et je sais ce que ça prend pour être le meilleur. »

D’après un article d’Austin Owens, paru sur CFL.ca