31 mars 2021

Richie Hall continue de déjouer les pronostics

BlueBombers.com

WINNIPEG – En raison de sa taille et de la couleur de sa peau, Richie Hall a toujours eu à déjouer les pronostics.

Dans un univers dominé par des joueurs plus grands que nature, l’homme de cinq pieds, six pouces et 155 livres a néanmoins réussi à disputer neuf saisons comme demi défensif et spécialiste des retours de botté dans la LCF, avec les Stampeders de Calgary et avec les Roughriders de la Saskatchewan.

Depuis la fin de sa carrière comme joueur, Hall a connu une fructueuse carrière comme entraîneur en défense avec les Riders et avec les Blue Bombers de Winnipeg, en plus d’avoir passé deux saisons comme entraîneur-chef à Edmonton. Malgré tout, Hall croit qu’il a toujours eu à travailler plus fort afin de prouver sa valeur.

« On dirait que j’ai eu à déjouer les pronostics à chaque moment de ma vie », a-t-il dit.

« Moi, en tant qu’homme noir, j’ai toujours eu à accomplir quelque chose de spécial pour me séparer des autres compétiteurs. C’est ce qui m’a toujours permis d’avancer. En tant qu’homme noir, est-ce que j’ai les mêmes chances que les autres dès le départ? Non, je ne pense pas, parce que la société n’est pas modelée de cette façon. La société est contrôlée par des hommes blancs. Et moi, je dois patauger là-dedans, et je dois être meilleur. Je dois trouver quelque chose qui me séparera des autres, peu importe qui ils sont. »

Ce serait facile de dire que Hall tient le discours d’un homme frustré ou amer. Mais c’est plutôt le contraire : il est un homme heureux et enthousiaste par rapport à la vie.

« J’essaie de contrôler ce que je peux contrôler, de faire du mieux que je peux et de comprendre que ce n’est pas moi qui décide si l’on m’embauche ou non », a dit l’homme de 60 ans, qui s’est joint à l’équipe de football de l’Université Colorado State, où il a obtenu un diplôme en travail social.

« Tant que je fais du mieux que je peux, c’est tout ce que je peux attendre de ma part. Tant que je donne tout ce que j’ai, c’est tout ce que je peux demander. C’est pourquoi je suis toujours heureux, parce que je suis choyé d’avoir ces opportunités. »

Hall a en effet saisi ses opportunités, lui qui a entraîné 468 matchs, soit le meneur à ce chapitre chez les entraîneurs toujours actifs.

« Ce qui est amusant, c’est que je n’ai jamais désiré être entraîneur chez les professionnels », a-t-il dit. « Je voulais travailler avec les enfants. Je savais que je voulais devenir entraîneur, mais j’ai toujours pensé que j’allais l’être à l’école secondaire ou à l’université. »

« C’est comme ça que je voyais ma vie. J’ai suivi un détour. »

La défense coordonnée par Hall a joué un rôle important dans la conquête de la Coupe Grey des Bombers en 2019. Pendant la saison régulière, Winnipeg occupait le cinquième rang du circuit pour les points accordés (409) et le deuxième rang de la Ligue pour les revirements provoqués (45) et les interceptions (24).

En trois parties éliminatoires, les Bombers n’ont accordé que 39 points. Lors de la Coupe Grey, l’attaque des Tiger-Cats de Hamilton, qui avait mené la LCF avec 551 points marqués en saison régulière, n’a inscrit que 12 points.

« Ce n’est pas nécessairement notre plan de match, mais plutôt ce que les joueurs ont fait », a dit Hall. « Ils ont tous pris leurs responsabilités, et ils ont joué à un niveau très élevé. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils ont été parfaits, mais ils se sont approchés de la perfection dans tout ce qu’ils ont accompli. »

Hall soutient qu’il n’y a pas de réponse facile pour définir ce qui constitue un bon entraîneur. Être capable de bien communiquer avec les joueurs est capital. Tout comme le respect. Les joueurs n’ont pas à vous aimer, mais ils doivent vouloir jouer pour vous.

« J’ai toujours été capable de communiquer avec les joueurs que j’ai côtoyés », a-t-il dit. « Pour toute sorte de raisons, ils ont toujours joué et travaillé d’arrache-pied sous mes ordres. Je les écoute. Je ne sais pas tout, mais nous avons toujours été capables de trouver quelle situation était la meilleure pour nous. »

Hall n’adhère pas à la théorie stipulant que les athlètes d’aujourd’hui doivent être traités différemment que les athlètes d’autrefois.

« Je les traite de la même manière, parce que je ne crois pas avoir changé », a-t-il dit. « Je me suis adapté. »

Hall ne croit pas qu’il est nécessaire d’enguirlander ou de dénigrer les joueurs. Il veut de la discipline, mais il comprend que les règles doivent être des lignes directrices, pas des harnais.

« Comme un enseignant, tu t’adaptes aux étudiants que tu as devant toi », a-t-il dit. « J’ai toujours été suffisamment flexible pour que ce ne soit pas ma façon de faire un point c’est tout. C’est ma façon de faire, mais comment pouvons-nous combiner ma façon et ta façon de faire les choses pour que ce soit ce qui convient le mieux à la situation. »

Hall a entamé sa carrière dans la LCF avec les Stampeders en 1983 et il a été nommé sur l’équipe d’étoiles de la LCF avec quatre interceptions et deux échappés recouvrés. Il a aussi retourné un dégagement pour un touché. Il a été échangé en Saskatchewan en 1988, où il a remporté la Coupe Grey avec les Riders en 1989 et où il a remporté le Prix Tom-Pate en 1990.

Hall a été libéré par les Riders après la saison 1991. Ayant un diplôme de travailleur social, il a trouvé du travail dans une école de Regina fréquentée par des jeunes à risque et il est devenu entraîneur à l’école secondaire.

Les Riders ont embauché Hall comme entraîneur des demis défensifs en 1994, puis il a été promu au poste de coordonnateur défensif en 2001. Il a passé les campagnes 2009 et 2010 comme entraîneur-chef à Edmonton, puis il a effectué un retour en Saskatchewan en tant que coordonnateur défensif. Il s’est joint aux Bombers, en tant que coordonnateur défensif, en 2015.

Richie Hall lors de la parade de la Coupe Grey des Blue Bombers de Winnipeg en 2019 (BlueBombers.com)

Au fil des ans, Hall a remporté quatre coupes Grey. En tant que joueur avec la Saskatchewan en 1989, puis comme entraîneur en 2007 et en 2013 avec les Riders, puis en 2019 à Winnipeg.

« Chaque championnat est spécial, mais ils ont tous des significations différentes », a-t-il dit.

L’emporter en tant que joueur, c’est « le sentiment ultime » selon lui. La Coupe Grey de 2007 a été spéciale parce Hall avait fait partie de l’équipe d’entraîneurs de l’édition de 1999 des Riders, qui avait cumulé une fiche de 3-15. Celle de 2013 a été remportée à Regina.

Celle de 2019 a mis fin à une séquence de 29 ans sans championnat pour Winnipeg. La victoire est survenue quelques semaines après le décès de son frère, mort subitement en octobre.

« Il aurait été très heureux de voir ce que nous avions accompli », a dit Hall.

Plusieurs entraîneurs mènent une vie de nomade. Leur curriculum vitae se lit comme une carte routière.

Hall se considère chanceux d’avoir passé toute sa carrière dans trois villes.

« J’ai été entouré de bonnes personnes et de bons joueurs, qui ont toujours travaillé fort sous mes ordres », a-t-il dit.

« Dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais imaginé être encore entraîneur en 2021. Quand on regarde la valse des entraîneurs… Il y a plusieurs bons entraîneurs qui n’ont plus d’emploi pour de multiples raisons. Je suis choyé d’être encore ici aujourd’hui. »

D’après un article de Jim Morris publié sur CFL.ca.