Le Français Tony Anderson lorgne le prochain jalon de sa carrière

TORONTO – Tony Anderson a commencé à jouer au football plus tard que bien des athlètes. Il a grandi à environ 25 minutes de Paris, en France, et, un jour, alors que ses parents et lui se promenaient, ils sont passés devant un terrain de football et sont restés pour regarder le reste du match qui s’y déroulait. Il avait alors 14 ans.

En France, il est interdit aux jeunes de moins de 15 ans de pratiquer le football avec contacts. Dès qu’il a eu 15 ans, Anderson s’est empressé d’enfiler l’équipement nécessaire pour essayer le sport qui avait capté son attention.

« Honnêtement, je n’étais pas bon du tout », a confié Anderson. « J’avais peur des contacts, et le fait de jouer en défense n’aidait pas vraiment. Je voulais jouer comme receveur au départ, mais lors de la journée des essais, il y avait environ 50 jeunes qui souhaitaient évoluer au poste de receveur, alors j’ai tenté ma chance chez les demis défensifs. J’ai persévéré, j’ai fait preuve de constance et j’ai commencé à aimer les contacts de plus en plus. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment commencé à aimer tous les aspects du sport. »

Après une année à Santa Barbara, Anderson est déménagé dans l’Iowa et a joué trois ans pour l’Université Grand View, qui compétitionne dans l’NAIA (Grand View University)

Avant de déménager en Amérique du Nord, Anderson a joué en France pour les Templiers D’Élancourt.

Un de ses coéquipiers avait fait le saut avec l’équipe du Santa Barbara City College. Anderson admet qu’il n’avait aucune idée de système d’admissibilité lorsqu’il a choisi de quitter le Vieux Continent pour l’Amérique du Nord. De fait, ses années passées avec les Templiers avaient grugé quelques années d’admissibilité. Plutôt que de se joindre à une école de la division 1, il a dû trouver un autre endroit pour jouer au football à la suite de son passage à Santa Barbara.

Il a éventuellement atterri à l’Université Grand View, une école compétitionnant dans la NAIA, où il a disputé sa dernière année d’admissibilité au football.

À sa seule saison avec les Vikings, en 2018, Anderson a mené les siens avec quatre interceptions. Il a aussi réussi 48 plaqués défensifs et un échappé recouvré.

Il s’est déclaré admissible au repêchage de la NFL en 2019, et il a obtenu un contrat avec les Rams de Los Angeles en tant que joueur autonome non repêché. Il a toutefois été retranché, puis il est retourné en France afin de s’entraîner et à la recherche d’une nouvelle opportunité. Entre en scène la série des camps d’évaluation mondiaux de la Ligue canadienne de football (LCF). Quand Greg Quick et ses acolytes ont débarqué à Paris, l’an passé, Anderson a été l’un des deux joueurs choisis pour représenter son pays lors du camp d’évaluation mondial de la LCF, qui devait avoir lieu en mars 2020 à Toronto.

Mais, en raison de la pandémie de la COVID-19, le camp d’évaluation mondial a ultimement été annulé l’an dernier.

« À ce moment-là, je ne réalisais pas réellement ce que ça signifiait. Je me disais que ça allait être repoussé, tout simplement. Puis, au printemps et à l’été, rien n’est arrivé parce que la situation continuait de se détériorer », a dit Anderson.

« Puis, j’ai commencé à réaliser que le camp n’aurait peut-être jamais lieu, et ç’a commencé à être difficile. Je suis persuadé que ç’a été difficile pour plusieurs personnes. Tu es mis au défi et tu dois vraiment travailler sur toi-même. Parce qu’ultimement, nous ne sommes pas uniquement ce que nous faisons. Nous ne sommes pas des machines, nous sommes des humains. C’est difficile d’être un humain lorsque tu n’as rien à faire et quand tu ne peux pas faire ce que tu aimes. Je donc amorcé cette quête pour me découvrir un peu plus. »

« J’ai dû réapprendre à me connaître. C’est facile de faire ce que tu aimes, mais quand tu ne peux pas le faire, tu dois trouver autre chose à faire. Et ç’a été difficile, ç’a été éprouvant. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que tout le monde devrait parler à un thérapeute, au moins une fois par semaine. Peu importe qu’il se passe beaucoup ou peu de chose dans votre vie. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à miser sur la santé mentale, en raison de ce que traversais. »

Anderson soutient qu’il est devenu une nouvelle personne après avoir passé par-dessus cette difficile épreuve. S’il n’y avait pas eu de pandémie, il n’aurait peut-être jamais demandé d’aide.

Il est l’un des participants du camp d’évaluation mondial de cette année et il sera admissible au repêchage mondial de la LCF du 15 avril prochain. Il aura enfin la chance de se tailler une place au sein d’une formation de la LCF.

« J’ai très hâte. Ce sera un moment excitant et symbolique », a dit Anderson. « C’est ce genre de moment qui n’arrive qu’une seule fois dans une vie. Je peine à m’imaginer ce que ça fait d’entendre son nom être appelé lors du repêchage. Je suis impatient, et j’ai vraiment hâte – je n’en peux plus d’attendre. Je crois que le 15 avril, les choses se remettront en marche. Je recommencerai à jouer au football, et tout sera génial. »