7 avril 2021

Taillé de la même étoffe : Nick Holley est emballé d’amorcer un nouveau chapitre à Calgary

Kent State Athletics

CALGARY – Les jumeaux Nate et Nick Holley ont toujours été ensemble.

Nate est né 20 minutes avant Nick, mais ce dernier soutient que c’est la seule et unique fois où il a suivi les traces de son frère de Nate.

« Si vous lui demandez, il vous dira qu’il a gagné, parce qu’il est né le premier. Si vous me le demandez, j’étais le roi de l’utérus, et je l’ai expulsé de mon royaume. Tout dépend de la perspective », a dit Nick.

La rivalité entre les deux frères s’est aussi transposée sur le terrain de football. Ils jouaient l’un contre l’autre, derrière la maison, lorsqu’ils étaient enfants. C’est à ce moment-là qu’ils ont choisi leur future position. Nate aimait frapper, alors que Nick aimait esquiver les plaqués. Ils ont donc chacun choisi leur côté du ballon.

Ils ne savaient pas encore qu’ils allaient réussir à transformer leurs rêves en réalité quelques années plus tard. Nick a signé un contrat avec les Stampeders de Calgary le 12 mars afin de venir jouer dans la Ligue canadienne de football (LCF). Nate avait conclu une entente avec les Stamps quelques deux ans plus tôt, et il a réussi à convertir une spectaculaire première saison au Canada en opportunité d’évoluer dans la NFL.

Nick Holley a signé un contrat pour se joindre aux Stampeders de Calgary en mars dernier (Kent State Athletics)

Bien que le (à peine) plus jeune des frères Holley soit parvenu à franchir la prochaine étape de sa carrière après des séjours dans la XFL et dans The Spring League, son parcours dans le monde du football a été parsemé d’embuches.

Les frères s’étaient engagés à jouer à l’Université Kent State et devaient faire le saut ensemble dans la NCAA. Cependant, leur mère, Lori, a rendu l’âme alors qu’ils n’avaient que 18 ans, peu de temps avant qu’ils ne terminent l’école secondaire.

Cette tragédie a rapproché Nate, Nick et leur sœur, Randi, encore plus.

« Elle a eu un impact énorme sur nos vies, non seulement en tant que jeunes hommes, mais aussi dans nos carrières sportives. Elle nous a montré ce qu’était la passion, ce qu’était le désir et à quoi ressemblait un système de soutien. Elle nous a enseigné du moment où nous sommes venus au monde jusqu’au moment où elle est décédée », a dit Nick. « Ç’a évidemment été une période difficile. Vous avez 18 ans et vous perdez votre mère. Vous n’avez pas encore obtenu votre diplôme et vous traversez cette nouvelle étape qui consiste à aller à l’université et à commencer ce nouveau périple de votre vie. Il y avait d’autres choses qui se passaient en même temps qui nous ont amenés à nous rapprocher encore plus. »

« Mon frère et moi avons toujours été extrêmement proches. Nous avons toujours été les meilleurs amis du monde. Mais à travers la situation que nous avons vécue, ma sœur, mon frère et moi sommes devenus les trois meilleurs amis du monde. Si vous me voyez quelque part, il est fort probable que vous trouviez aussi Nathan ou Randi. Nous voulons passer du bon temps ensemble, et ce lien a en quelque sorte été créé par la perte de notre mère. »

Nick a été recruté en tant qu’athlète, et il a goûté à toutes les sauces en attaque pendant son séjour avec les Golden Flashes. À sa première année, il évoluait comme receveur, puis il a été muté à la position de demi offensif/demi inséré lors de sa deuxième et troisième année. Il a même obtenu quelques répétitions en tant que quart-arrière lors de sa dernière année. Mais, tout au long de son parcours universitaire, il a subi de nombreuses et graves blessures.

En 2015, il a été au centre d’une mauvaise collision et s’est brisé le dos. À son retour au jeu, il a subi une déchirure du ligament croisé antérieur et du ligament collatéral tibial un an plus tard, puis, en 2017, il a subi une autre déchirure du ligament croisé antérieur.

« Ç’a créé une résilience en moi. Pour ma part, j’ai toujours cru de tout cœur que c’est ce que j’étais censé faire. Le football est ma passion et ma vocation, et je me sens tellement bien quand je suis sur le terrain », a dit Nick. « J’ai l’impression que trop de gens abandonnent leurs rêves. Mais si j’abandonne mes rêves, que me reste-t-il? La vie est trop courte pour ne pas foncer. C’est cette mentalité qui a créé cette résilience. Oui, j’ai été brisé. Oui, j’ai été au plus bas. Oui, j’avais l’impression que c’était la fin. Mais c’est fou à quel point ça vous ouvre les yeux. J’ai encore la flamme. Il m’en reste plus encore à donner. Et j’ai eu des conversations avec des gens qui me disaient : ‘‘Tu as eu trois chirurgies au ligament croisé antérieur et tu pratiques toujours ce sport?’’ J’adore ça. Je ne peux pas l’empêcher. »

« Cette situation a instillé ce feu en moi qui ne peut pas être éteint. Je regarde d’autres gars, et j’aimerais voir qui chez les professionnels a traversé autant de traumatismes et autant d’adversité que moi, physiquement, et j’aimerais voir qui a fait mieux que moi. Cela me donne une confiance que vous ne pouvez pas acheter. »

Au total, Nick s’est déchiré un ligament croisé antérieur à trois reprises – il s’est blessé deux fois au genou droit.

Quand il a fait le saut chez les professionnels, Nick n’a pas été repêché, mais il a trouvé du boulot chez les Rams de Los Angeles comme joueur autonome, et son frère Nate l’a rapidement rejoint. Malheureusement, les deux ont été retranchés, et leurs chemins respectifs ont pris des directions opposées.

Nate a franchi la frontière et s’est installé à Calgary à la suite de son séjour avec les Rams, et il a connu un impact immédiat chez les Stamps. Au sein d’une solide unité défensive, il évoluait comme secondeur du côté court et comme secondeur intérieur. Il jouait aussi sur les unités spéciales.

En 18 parties de saison régulière, Nate a réussi 78 plaqués défensifs, 22 plaqués sur les unités spéciales, un sac et une interception. Ses prouesses lui ont permis d’être nommé recrue par excellence de la saison 2019.

« Ce que je retiendrais de mon expérience dans la LCF et de mon expérience à Calgary, c’est simplement que j’ai apprécié le processus », a déclaré Nate. « J’ai apprécié l’expérience, j’ai été heureux de faire partie des Stampeders et de la Ligue. C’était ma chance de montrer que j’avais ma place, de montrer ce que je pouvais faire et à quel point j’ai travaillé fort. La leçon la plus importante à tirer de ça est le fait que je sais que j’étais assez bon pour jouer dans la NFL, et c’était une occasion de le prouver chaque jour. »

« Mais j’ai quand même pris le temps d’aimer et d’apprécier l’opportunité de vivre au Canada et de vivre à Calgary, de faire partie des Stampeders et de jouer au football pour gagner ma vie. »

Nate Holley a été nommé la recrue par excellence de la saison 2019, à la suite d’une superbe première saison avec les Stampeders de Calgary (Dave Chidley/LCF.ca)

Nate a choisi de mettre fin à son contrat à la suite de l’annulation de la saison 2020 de la LCF, dans le but d’explorer ses avenues dans la NFL. Il a rapidement trouvé du travail chez les Dolphins de Miami. Il a fait partie de l’équipe d’entraînement de l’organisation en 2020, et il luttera pour un poste au sein de la formation partante du club lors du camp d’entraînement de cette année.

En ce qui a trait à Nick, il a pu jouer dans la XFL avec les Roughnecks de Houston. Il connaissait une saison très productive avant que la ligue soit forcée de mettre fin à ses activités en raison de la pandémie.

Au cours de son passage à Calgary, Nate s’est assuré de parler à la direction de son frère Nick, dans l’espoir que les dirigeants jettent un œil à ses performances. Près d’un an plus tard, Nick enfilera finalement l’uniforme des Stamps en 2021.

« Je lui dirais : ‘‘Tu me dois des remerciements, et ne me rends pas mal à l’aise.’’ Ce sont les deux choses que je lui dirais », a dit Nate.

Il y a encore beaucoup de travail à faire – et Nick doit se tailler une place au sein de l’équipe lors du camp d’entraînement. Mais s’il peut y arriver, il sera un couteau suisse pour Dave Dickenson. Il pourrait jouer à n’importe quel endroit en tant que receveur, recevoir des remises dans le champ arrière ou même servir de porteur de ballon sur de courtes distances ou lorsque l’équipe se retrouve en situation de 3e essai. Il pourrait être utilisé de plusieurs façons intéressantes dans une attaque de la LCF.

Raheem Wilson et Rene Paredes ont déjà rejoint Nick pour le féliciter – Parades a aussi entendu dire qu’il pouvait tenir le ballon lors de bottés, alors il a bien hâte de s’entraîner avec lui lors du camp d’entraînement.

Avant d’obtenir sa chance dans la XFL, Nick travaillait en aménagement paysager. Il soutient qu’il travaillait des quarts de 12 heures, avant de se diriger vers un gymnase et pour s’entraîner encore trois ou quatre heures. Maintenant, il a la chance de franchir une nouvelle étape dans ce qui est devenu l’un des voyages les plus uniques du football professionnel.

« Je ne pense pas que je prends suffisamment le temps d’analyser tout le chemin parcouru. Je ne regarde pas en arrière, mais je pense que c’est quelque chose que je devrais faire davantage, puisque ça rend encore plus humble. Pour moi, c’est un accomplissement et un sentiment incroyables », a dit Nick. « Mon ami m’a demandé de venir lui donner un coup de main parce qu’il avait besoin de bras supplémentaires. Il me payait assez bien, mais ça ne faisait environ que deux mois que j’avais subi ma chirurgie – mon médecin était furieux de savoir que j’effectuais des travaux d’aménagement paysager. Mais à ce moment-là, j’essayais de gagner de l’argent, et je m’ennuyais. »

« En y repensant, j’ai assurément parcouru un long chemin, mais je pense que la route à parcourir s’annonce plutôt positive. J’ai bon espoir et je suis convaincu que ce sera quelque chose dont je me souviendrai. »

« Je suis très content pour lui. Je suis très excité. Il mérite cette opportunité, et je sais ce qu’il va en tirer profit », a déclaré Nate. « Le fait que ce soit avec la même équipe que mois est encore plus cool. Pour moi, sa destination n’avait pas d’importance. Je voulais juste qu’il ait une opportunité, n’importe où. Simplement qu’il ait la chance de sauter sur un terrain et de prouver ce qu’il peut faire. C’est tout ce que lui et moi avons toujours demandé : une chance de prouver notre capacité et de regarder ce que nous pouvons en faire. »

« Je pense que ça ira bien. Je sais qui il est et comment il a été élevé. Nous sommes taillés de la même étoffe, je suis donc heureux, excité et ravi qu’il obtienne cette opportunité. »

D’après un article d’Austin Owens publié sur CFL.ca.