21 juin 2022

Le flair de Shivers pour dénicher de bons joueurs enfin reconnu

BCLions.com

TORONTO – Même lorsqu’il était un enfant et qu’il devait composer son équipe pour jouer au football dans un parc d’Oakland, en Californie, Roy Shivers avait du flair pour dénicher de bons joueurs.

« Je savais qui je voulais dans mon équipe », a dit Shivers. « Je savais qui habitait dans mon quartier. Je savais qui était bon. »

« Je savais qui j’allais choisir en premier. J’ai toujours eu cette aptitude. »

Au cours d’une carrière de 32 ans, Shivers a laissé sa marque dans la Ligue canadienne de football (LCF) comme adjoint à l’entraîneur-chef, comme dépisteur, comme directeur du personnel des joueurs et comme le premier directeur général noir du circuit. Ses contributions lui ont permis d’être admis au Temple de la renommée du football canadien en 2022, dans la catégorie des bâtisseurs.

Shivers soutient que le fait d’être admis au Temple de la renommée du football canadien est, en quelque sorte, une validation.

« Je pense que j’étais quand même bon pour faire ce que je faisais », a dit l’homme de 80 ans qui est né à Hally, en Arizona, mais qui a déménagé à Oakland avec sa famille quand il était encore tout petit. « C’est agréable de recevoir cette distinction quelques années plus tard. »

Shivers a été directeur général des Roughriders de la Saskatchewan de 1999 à 2006 (Riderville.com)

Shivers a recruté une liste impressionnante de joueurs étoiles dans la LCF, dont les receveurs David Williams et Allen Pitts, le secondeur Alondra Johnson, les demis défensifs Eddie Davis et Darnell Clash, le demi offensif Kelvin Anderson et le quart-arrière Jeff Garcia.

« Je suis devenu entraîneur, et j’ai adoré ça, mais pas autant que le travail que j’effectuais sur la route, pour recruter des joueurs », a dit Shivers. « J’aimais regarder des joueurs. J’ai toujours dit qu’il n’y a rien comme évaluer des joueurs en personne. »

« Je connaissais plusieurs joueurs quand j’évoluais comme entraîneur. Des amis m’appelaient pour me parler de tel ou de tel joueur. J’avais des amis qui étaient eux aussi des entraîneurs, ou qui travaillaient dans des départements du personnel des joueurs. Ils me donnaient des infos sur certains joueurs. »

Après avoir fréquenté une école secondaire d’Oakland, Shivers a passé quatre ans dans l’armée avant de se joindre à l’Université Utah State, où il a joué comme demi offensif. Il a été repêché par les Cardinals de St Louis de la NFL, club avec lequel il a joué pendant sept ans.

À la suite de sa retraite comme joueur, Shivers a essayé de devenir enseignant.

« J’ai enseigné pendant un an, mais ça n’a pas fonctionné, parce qu’il y avait trop d’événements ou de circonstances imprévus », a-t-il dit.

Il a commencé sa carrière comme entraîneur avec le collège communautaire Merritt à Oakland, puis il a été entraîneur à l’Université du Nevada, à l’Université d’Hawaï et à l’Université du Nevada à Las Vegas.

Son premier emploi au Canada a été avec les Lions de la Colombie-Britannique en 1983, où il a évolué comme coordonnateur des unités spéciales et où il a dû apprendre les nuances du football à trois essais.

« Je suis là, en train de regarder un match, et l’entraîneur-chef Don Matthews hurle pour qu’on envoie l’unité de botté de dégagement sur le terrain », a dit Shivers. « Je me disais pourtant que ce n’était que le troisième essai. »

La transition entre la carrière de joueur et celle d’entraîneur n’a pas toujours été facile.

« J’ai eu de la difficulté à m’ajuster à la vie comme entraîneur, puisque si je vous demande de faire quelque chose, je m’attends à ce que vous puissiez le faire », a dit Shivers. « Si je demandais à un jouer d’effectuer une tâche et qu’il en était incapable, je me demandais ce qui clochait avec lui. »

Shivers a été nommé directeur du personnel des joueurs de la Colombie-Britannique en 1986. Il s’est joint aux Stampeders de Calgary en 1990 en tant dépisteur de l’équipe aux États-Unis, et il est devenu l’adjoint au directeur général du club en 1991.

Calgary a perdu la Coupe Grey aux mains de Toronto en 1991, mais l’organisation a battu Winnipeg en 1992 pour remporter les grands honneurs.

« Mon seul regret est que nous aurions dû gagner au moins six championnats avec Calgary », a dit Shivers.

En 1995, les Barracudas de Birmingham, une équipe d’expansion, ont embauché Shivers à titre de premier directeur général noir de la LCF. L’équipe a fait faillite après seulement une saison, et Shivers a effectué un retour à Calgary en tant qu’adjoint au directeur général en 1996.

En 1999, Shivers a été embauché comme directeur général des Roughriders de la Saskatchewan, un club qui avait affiché un dossier de 3-15 en 1998 et qui était lourdement endetté.

« C’était les belles années », a dit Shivers. « La situation était loin d’être facile. L’équipe était tellement au tapis. Quand j’ai accepté le poste, tout le monde pensait que j’étais fou, puisque personne d’autre ne le voulait. »


 
En 2000, Shivers a embauché l’ancien quart-arrière de la LCF Danny Barrett comme son entraîneur-chef, une décision critiquée par plusieurs.

« Quand j’ai embauché Danny comme entraîneur-chef, les gens ont oublié un mot clé », a-t-il dit. « On me disait : ‘‘Tu vas embaucher un entraîneur noir.’’ Ce à quoi je répondais : ‘‘Oui, un entraîneur noir qualifié.’’ »

« Danny était doué pour le football offensif. »

Shivers a passé sept ans avec les Riders avant d’être congédié à mi-chemin de la saison 2006, l’équipe affichant alors un dossier de 4-5. Les Riders ont montré une fiche de 52-46-1 avec Shivers à titre de directeur général, et le club a participé aux éliminatoires à quatre reprises.

Avec Eric Tillman comme directeur général et avec Kent Austin comme entraîneur-chef, les Riders ont remporté la Coupe Grey en 2007.

« Nous étions si près de l’objectif à Regina », a dit Shivers. « Je savais que ça allait arriver tôt ou tard. Aussitôt que l’on allait nous montrer la porte, d’autres personnes allaient hériter de nos postes et de nos joueurs et allaient remporter la Coupe Grey. C’est exactement ce qui est arrivé. »

Globalement, Shivers a aimé son expérience en Saskatchewan.

« J’ai rencontré de bonnes personnes », a-t-il dit. « Il y a toujours des pommes pourries dans le lot. »

« J’ai de bons amis à Regina, des gens qui m’ont donné un réel coup de main quand j’étais là-bas. »

Shivers a effectué un retour avec les Lions de 2008 à 2015, comme employé du département du personnel des joueurs.

Au cours de sa longue carrière, ce dont Shivers est le plus fier, c’est d’avoir aidé à créer une Ligue plus ouverte aux entraîneurs et aux dirigeants noirs.

« J’aime penser que j’ai contribué à changer les choses », a-t-il dit.

« Mon père m’a dit quand j’étais tout petit aux États-Unis que si je réussissais à mettre un pied dans la porte, je devais entraîner quelqu’un avec moi. C’est ce que j’ai essayé de faire. »

D’après une chronique de Jim Morris publiée sur CFL.ca.