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21 juin 2022

Les années de Ray à Toronto ont cimenté sa place au Temple de la renommée

LCF.ca

TORONTO – Quand Ricky Ray a été présenté comme le nouveau quart-arrière numéro un des Argonauts de Toronto en décembre 2021, l’annonce officielle a été effectuée lors d’un point de presse tenu dans un restaurant au sommet de la Tour du CN. Directement en dessous, il y avait le Rogers Centre, le stade où moins d’un an après l’arrivée de Ray à Toronto allait être disputée la 100e Coupe Grey. Les Argos voulaient désespérément participer à ce match.

Les Torontois fondaient ainsi beaucoup d’espoirs en Ray, à la suite d’une transaction l’ayant fait passer d’Edmonton à Toronto, quelque neuf ans après ses débuts dans la capitale albertaine.

Ray a satisfait ses attentes, mais il a dû se frayer un chemin parmi les frustrations et la douleur afin d’y parvenir. La deuxième partie de son illustre carrière – les années qu’il a passées dans l’uniforme des Argonauts de Toronto – a été tout aussi riche, en ce qui a trait aux championnats, que la première partie à Edmonton, mais elle s’est accompagnée de beaucoup plus de mésaventures physiques, qui testeraient les limites de Ray, mettant en lumière la détermination et la résilience du quart-arrière silencieux, ainsi que sa volonté de continuer à sacrifier son corps aussi longtemps qu’il le pourrait.

Ray a établi des records chez les Argos pour le plus de verges par la passe (20 205), pour le plus de passes complétées (1757) et pour le plus de passes de touché (114), tout en guidant le club vers deux Coupes Grey – dont une victoire lors du 100e match de championnat de l’histoire du circuit – au cours de ses sept saisons à Toronto. Son séjour dans la capitale ontarienne a été marqué par ce qui était déjà sa marque de commerce, soit une attitude calme et une capacité à décocher de parfaites passes lors de tracés profonds au coin peut-être mieux que quiconque dans l’histoire de la LCF. Verges, touchés, championnats. Ces trois mots décrivaient le passage de Ricky Ray à Edmonton, et ils ont aussi décrit son séjour à Toronto. Ray pourrait être admis deux fois au Temple de la renommée du football canadien, si vous divisiez sa carrière en deux parties.

Si le passage de Ray à Toronto a été un succès, il a également été une source de grandes frustrations. D’abord, il a dû, alors qu’il était âgé de 32 ans, réinventer la façon dont il analysait le jeu lorsque le ballon était mis en jeu. Ensuite, il a subi successivement plusieurs blessures graves qui ont réduit considérablement son temps de jeu tout en illustrant simultanément une qualité que le natif de la Californie a souvent affichée au cours de sa carrière; sa ténacité.

La saison 2012 n’a pas été un succès retentissant pour Ray et les Argonauts, bien qu’elle se soit terminée par des confettis et du champagne. Au contraire, ce fut une campagne qui a commencé lentement, et qui n’a jamais réellement pris son envol. Cette saison-là, Ray n’était pas le passeur dominant qu’il avait été à Edmonton, et il y avait une très bonne raison. À l’époque, l’entraîneur-chef des Torontois, Scott Milanovich, a demandé à Ray de changer fondamentalement la façon dont le vétéran lisait les défenses, afin de s’adapter aux schémas et aux philosophies que Milanovich employait avec les Argos.

Ça n’allait pas bien, et les Argos et Ray avaient des ennuis. Ray, cependant, ne s’est jamais découragé. Il a simplement continué à travailler, en se disant que les morceaux allaient inévitablement tomber en place. Et tout est effectivement tombé en place, à la fin de la saison, avec Ray recommençant à dominer, menant les Argonauts à la victoire de la Coupe Grey qu’ils recherchaient.


 
Mais, en 2012, il y avait des signes avant-coureurs des choses à venir pour Ray en ce qui a trait à sa santé. Le vétéran a raté plusieurs matchs en raison de blessures. À l’époque, ça s’est avéré un avantage, car en étant inactif, Ray avait le temps de mieux assimiler ce qui était encore une attaque relativement nouvelle pour lui, alors qu’il soignait une blessure au genou en septembre et en octobre. Dans les saisons qui ont suivi, les blessures sont devenues plus graves, et c’est là que la ténacité et que le seuil de douleur de Ray ont été testés, sans parler de ses capacités à empêcher la frustration de prendre le dessus.

En 2013, Ray a été solidement plaqué et s’est blessé à une épaule lors d’un match d’août contre Calgary – il avait subi des déchirures musculaires et un effilochage de la coiffe des rotateurs. Ray a trainé ses blessures pendant plus de deux ans, jouant malgré la douleur et l’inconfort à son retour au jeu à la fin de la saison 2013, et le faisant à nouveau pendant toute la saison 2014, lorsqu’il a été nommé le candidat de la division Est pour le titre de joueur par excellence pour la deuxième année consécutive. Une fois cette campagne terminée, Ray a subi l’opération dont il avait besoin depuis le début et s’est réhabilité pendant presque toute la saison 2015, revenant au jeu en octobre de la même année, alors que l’attaque des Argos avait commencé à s’effondrer en son absence. Mais, il n’était toujours pas à 100 % de sa forme.

Heureusement, il était pratiquement de retour à 100 %, en 2016, mais il a dû rater trois semaines en raison d’une entorse au genou et six semaines de plus à la suite d’une côte fracturée et d’un poumon partiellement affaissé lors d’une déconfiture contre Hamilton dans le cadre d’un affrontement classique de la fête du Travail.

C’est la perception de Ray au cours de ces années marquées par les blessures qui rendent son séjour à Toronto un peu trouble pour certains, ceux qui ont commencé à le qualifier de « fragile » ou de « sujet aux blessures ». Certains l’ont même qualifié de « douillet ».

Mais ces affirmations sont idiotes, car un examen plus approfondi de la détermination de Ray à travers ces blessures révèle une ténacité physique pour laquelle il devrait obtenir plus de crédit. Il a réussi 620 passes au cours de la saison 2014 avec une blessure à l’épaule. Et ces blessures aux poumons et aux côtes, en 2016, se sont très probablement produites au cours du troisième quart de ce match de la fête du Travail, mais Ray a terminé le match malgré la gravité de ces blessures.

Heureusement, pour le bien de Ray, 2017 a été une année où il est demeuré relativement en santé, et, similairement à sa première saison à Toronto, les Argos ont pris feu au bon moment, remportant une autre Coupe Grey après que Ray ait d’abord été à la tête d’une série de jeux lors de la dernière minute de jeu de la finale de l’Est ayant propulsé son équipe au match de championnat. Et, une fois de plus, il a été nommé joueur par excellence de la division Est, un troisième honneur du genre en carrière.

Ce match de la Coupe Grey, disputé dans des conditions hivernales, aurait été une fin plus appropriée pour Ray que ce qui l’attendait l’année suivante, alors qu’il s’est de nouveau gravement blessé lors du deuxième match de la saison des siens, une fois de plus contre Calgary. Cette fois, il n’y aurait pas de retour au jeu. Plusieurs ont été soulagés de voir Ray ne pas tenter de donner un autre souffle à sa carrière après cette blessure, reconnaissants de ses performances au fil des ans et reconnaissants que l’un des plus grands de tous les temps ne mette plus sa santé à long terme à l’enjeu.

Le séjour de Ricky Ray à Toronto a été marqué par une étonnante transaction avec Edmonton, par deux conquêtes de la Coupe Grey et par des records d’équipe en ce qui a trait aux verges par la passe, aux passes complétées, aux passes de touché, au pourcentage de passes complétées et à la cote d’efficacité du quart-arrière, sans oublier ceux pour le nombre de matchs d’au moins 300 verges par la passe (32) et d’au moins 400 verges par la passe (sept).

Et, oui, il a été marqué par ces occasions trop fréquentes où il se tordait de douleur sur le gazon, une autre blessure sabordant ce qu’aurait pu être sa carrière s’il était resté en bonne santé un peu plus longtemps pendant son séjour dans l’uniforme des Torontois.

Mais ces blessures ne racontent qu’une partie de l’histoire. Ce sont la détermination et la résilience qui offrent une image plus complète de la deuxième portion de la carrière digne d’une admission au Temple de la renommée du football canadien de Ricky Ray, à Toronto.

D’après une chronique de Don Landry publiée sur CFL.ca.