21 juin 2022

Ray a connu des saisons dignes des plus grands à Edmonton

LCF.ca

EDMONTON – Ce fut l’un de ses moments marquants dans l’histoire de la Ligue canadienne de football (LCF). La nouvelle a eu l’effet d’un tremblement de terre, et s’en est suivi un tsunami de réactions et d’émotions.

Ricky Ray a été échangé d’Edmonton à Toronto le 12 décembre 2011, quelque trois semaines après la fin de la saison d’Edmonton. Cette transaction a marqué la fin d’un séjour de neuf ans de Ray dans l’uniforme vert et doré d’Edmonton. Elle a aussi mis un terme immédiat aux débats quant aux qualifications de Ray pour occuper le poste de quart-arrière numéro un d’Edmonton.

Quelque 11 ans après la transaction, il est quasi impossible de penser, aujourd’hui, que Ray avait des détracteurs à Edmonton – il s’agissait sans doute d’une minorité des partisans, dont les mots résonnaient plus fort que les autres. On remettait en doute son âge (il avait 32 ans au moment de l’échange), son endurance, sa mobilité et son style de leadership.

Les réactions et les émotions qui ont suivi le départ soudain de Ray d’Edmonton ont fait oublier ces critiques presque immédiatement. Il est rare de voir une partie des partisans d’une équipe réaliser presque en direct qu’elle ne savait pas ce qu’elle avait jusqu’à ce que ça disparaisse. Nous avons été témoins de ce phénomène le 12 décembre 2011.

Aujourd’hui, avec deux autres conquêtes de la Coupe Grey à son curriculum vitae au cours de son séjour à Toronto et en tant que principales têtes d’affiche de la cuvée 2022 du Temple de la renommée du football canadien, l’eau semble avoir coulé sous le pont, du moins pour Ray.

L’annonce de l’échange de Ray a surpris les partisans d’Edmonton, une transaction qui a mis fin à un chapitre de neuf ans de l’histoire de l’organisation (La Presse Canadienne)

« Mon opinion est la même; ç’a probablement été une bonne chose pour moi et pour Edmonton », a dit Ray lors d’une visioconférence la semaine dernière.

« J’ai senti qu’il s’agissait d’un nouveau départ à ma carrière. J’ai eu la chance de me joindre à Toronto, de faire partie de cette organisation et de jouer pour mes entraîneurs de l’époque… C’est une grande partie de ma carrière comme joueur de football, et j’ai bâti des relations que je n’oublierai jamais. »

« Je me sens très chanceux. Quand on parle de la LCF, de son histoire, de ses championnats, Edmonton et Toronto sont les deux clubs au sommet de la liste. D’avoir eu la chance de faire partie de ces franchises et d’avoir eu un petit d’impact au sein de celles-ci est très spécial à mes yeux. »

Le passage de Ray à Edmonton a été marqué par plus de hauts que de bas, mais, comme il l’a souligné lors de la visioconférence, les neuf ans qu’il a passés dans la capitale albertaine l’ont aidé à se préparer pour le deuxième chapitre de sa carrière, à Toronto.

Il est passé de conduire un camion de croustilles en 2001, entre ses années de football universitaire avec l’Université Sacramento State, à évaluer ses options chez les professionnels. Il est atterri à Edmonton en 2002, comme quart-arrière numéro quatre, et grâce à une blessure au partant de l’époque, Jason Maas, il a fini par guider son équipe jusqu’au match de la Coupe Grey. Edmonton n’a pas remporté le trophée cette année-là, mais le club a vengé sa défaite aux mains du quart-arrière Anthony Calvillo et des Alouettes de Montréal l’année suivante.

« Soudainement, je me retrouve à Edmonton, quatrième quart-arrière sur la charte des positions de l’équipe, dans un nouveau pays, et dans un nouveau style de football », s’est souvenu Ray.

« Honnêtement, je voulais seulement m’accrocher, réussir à percer la formation de l’équipe et rester au même endroit pendant un an, pour voir si je pouvais apprendre et si j’étais en mesure de jouer dans cette ligue. »

« De mon passage à Edmonton, je me souviens évidemment des grands moments : gagner la Coupe Grey, être échangé, faire partie d’une équipe ne réussissant pas à se qualifier pour les éliminatoires pour la première fois en 34 ans », a dit Ray en riant légèrement.

« Il y a eu des bons et des mauvais moments au cours de mon séjour à Edmonton. Mais je pense souvent à mes années là-bas et aux gens que j’y ai rencontrés. Passer du temps avec les joueurs dans le salon des joueurs. Nous jouions au racquetball parfois avec les séances d’entraînement et les réunions d’équipe… Les moments que nous avons passés ensemble après les matchs. »

« J’ai vraiment aimé mon passage à Edmonton, parce que quand je suis arrivé là-bas, nous comptions sur un formidable groupe de vétérans qui nous ont vraiment montré ce que ça signifiait de faire partie de la franchise d’Edmonton, ce que l’on attendait de nous. Ce sont ces moments dont je me souviens et auxquels je pense, plutôt que les hauts et les bas. Il y a plusieurs choses auxquelles je peux penser qui me font apprécier mon passage à Edmonton. »

La finale de l’Ouest, en 2011, fut le dernier match de Ray à Edmonton. Ray avait déjà accompli des exploits dignes d’un membre du Temple de la renommée du football canadien, puis il a disputé huit saisons avec les Argonauts de Toronto (La Presse Canadienne)

Ray a quitté Edmonton après ces neuf ans comme, déjà, un grand de l’histoire de la LCF. Il occupait le neuvième rang de l’histoire de la LCF pour les verges par la passe avec 40 529 au moment de la transaction. Sa cote d’efficacité du quart-arrière de 96,1 était la plus haute parmi tous les quarts-arrière ayant franchi le cap des 30 000 verges par la passe. Il avait gagné la Coupe Grey à deux reprises, et il avait été élu joueur par excellence de la Coupe Grey de 2005. Il était digne d’être admis au Temple de la renommée du football canadien dès qu’il a mis les pieds à Toronto en 2012, ville où son curriculum vitae n’a fait que s’améliorer. Ray a pris sa retraite en ayant remporté la Coupe Grey à quatre reprises, un record pour un quart-arrière partant.

« Je me sens si chanceux. Pourquoi moi? Parfois, je me le demande », a-t-il dit. « Pourquoi ai-je été aussi chanceux de faire partie d’équipes championnes et d’avoir reçu cet appel pour être admis au Temple de la renommée? »

Parmi les hauts et les bas de sa carrière, au cours de laquelle il a remporté des Coupes Grey et a parfois raté les éliminatoires, Ray semble tout vivre de la même manière. Son comportement constant est quelque chose que d’anciens coéquipiers et que d’entraîneurs mentionnent encore comme modèle à suivre dans la manière de gérer la pression au football professionnel.

Quand on lui a demandé si ce qui se passait à l’intérieur de lui était similaire à l’image qu’il projetait, Ray a ri.

« Je ressentais plusieurs émotions. Mais, pour moi, c’était facile. C’était ma personnalité au naturel. Quand je suis nerveux ou quand je suis concentré, je suis vraiment discret. Je semble très calme, même si, en dedans, ça se bouscule dans ma tête », a-t-il dit.

« Il faut faire avec des pensées négatives, avec des doutes. C’est arrivé plus d’une fois au cours de ma carrière. Je donnais peut-être l’impression que rien de m’affectait, mais c’est tout simplement ce que je projetais. Pour moi, ma personnalité faisait que c’était ce que je projetais. »

« D’autres joueurs comme Jason (Maas) étaient complètement à l’opposé. Jason gérait mieux ses émotions en les démontrant. J’avais l’impression de mieux jouer quand je gardais la même attitude et quand j’essayais d’être cohérent et d’être la même personne, chaque jeu et chaque jour. Même si j’avais toujours des doutes, j’essayais toujours de développer cette confiance en soi que chaque athlète essaie d’acquérir, de m’entraîner et de me mettre dans des situations où je devais essayer de me le prouver. »

Pendant neuf ans à Edmonton et pendant sept autres à Toronto, Ray l’a prouvé maintes et maintes fois. Il accèdera au Temple de la renommée du football canadien comme l’un des grands de l’histoire du sport, incontestablement.

D’après une chronique de Chris O’Leary publiée sur CFL.ca.