Repêchage
Tour
-
9 août 2022

Peut-on comparer les Bombers de 2022 aux Lions de 2005?

Kevin Sousa/LCF.ca

TORONTO – Il y a une énorme bataille présentement pour gagner l’attention et le cœur des partisans de la Ligue canadienne de football (LCF) d’un bout à l’autre du pays.

Dans un coin, on retrouve le quart-arrière des Lions de la Colombie-Britannique Nathan Rourke, qui est passé de grand quart-arrière canadien à meilleur quart-arrière au Canada, peu importe sa nationalité.

Dans l’autre coin, on retrouve les doubles champions en titre de la Coupe Grey, les Blue Bombers de Winnipeg, qui n’ont toujours pas été vaincus cette année.

Au cours du premier mois de la campagne, on ne parlait que de Rourke et des Lions, alors que la formation de la Colombie-Britannique a amorcé son calendrier régulier avec une fiche de 3-0, marquant 137 points grâce à une attaque aérienne digne de celle d’un jeu vidéo dont le niveau de difficulté de l’adversaire se situe à « très facile ». Winnipeg a affiché un dossier de 4-0 en juin, mais trois de ces quatre victoires avaient été remportées par un écart total de 10 points.

Puis est venue la Semaine 5, au cours de laquelle les Blue Bombers ont ravi le titre « d’histoire la plus intéressante dans la LCF » aux Lions à la suite d’une convaincante victoire de 43-22. Tout à coup, l’attention des partisans du circuit est passée des rives du Pacifique à Winnipeg, où les Blue Bombers effectuaient l’une des plus brillantes défenses d’un titre de l’histoire de la Ligue.


 
Certains soutenaient que le club de l’entraîneur-chef Mike O’Shea était chanceux, et que Zach Collaros n’était qu’un quart-arrière moyen, capable de montrer de belles choses en fin de match pour aider les siens à soutirer une victoire. Ces murmures sont désormais chose du passé.

C’est ce qui arrive quand vous battez les Stampeders de Calgary deux fois en 15 jours et quand vous battez les Alouettes de Montréal par 15 points, sur la route, seulement cinq jours après avoir quitté Calgary. Les grandes équipes sont capables de connaître un mauvais match de de gagner quand même. Les Blue Bombers ont été victimes de trois revirements en première demie la semaine passée. Néanmoins, ils n’ont jamais perdu par plus de trois points, et ils menaient même 7-3 à la mi-temps.

Mais juste quand l’on pensait que les Blue Bombers allaient être l’histoire à surveiller au cours des prochaines semaines, Rourke a connu une première demie de 386 verges et de cinq touchés par la passe contre Edmonton samedi dernier. Soudainement, tout le monde se demande s’il pourra battre le record de 48 passes de touché en une saison de Doug Flutie, une marque établie en 1994. Attendons au moins que Rourke ait disputé une demi-saison dans la LCF, puisqu’il n’y a qu’une seule équipe qui a disputé neuf matchs jusqu’à présent, et ce sont les Blue Bombers.

Vous pensez que le reste de cette chronique traitera de la possibilité du club de Collaros de terminer l’année sans défaite? Vous vous attendez à ce que l’on fasse référence à la seule équipe invaincue de l’histoire de la LCF, les Stampeders de Calgary de 1948 (12-0), ou que l’on lève notre chapeau à l’édition de 1981 d’Edmonton (14-1-1) ou à l’édition de 2016 de Calgary (15-2-1)?

Eh bien non… Nous traiterons plutôt de la dernière équipe à avoir amorcé la saison régulière avec une série de victoires semblable à celle de Winnipeg : les Lions de 2005, qui ont amorcé la campagne avec une fiche de 11-0.

Il y a plusieurs similitudes entre l’édition de 2005 de la Colombie-Britannique et l’édition de 2022 des Blue Bombers. Bien que cette version des Lions n’eût pas remporté la Coupe Grey deux fois en deux ans, elle avait gagné plusieurs matchs au cours de ses trois précédentes saisons, remportant en moyenne 12 parties par campagne entre 2002 et 2004, et accédant au match de la Coupe Grey en 2004.

La Colombie-Britannique comptait sur le quart-arrière de 32 ans Dave Dickenson, un ancien joueur par excellence de la LCF. Winnipeg compte cette année sur Zach Collaros, âgé de 33 ans et lui aussi un ancien joueur par excellence de la Ligue. Il faut donner l’avantage aux Lions en ce qui a trait aux receveurs, alors que Dickenson pouvait lancer le ballon à des joueurs tels que Geroy Simon (1322 verges), Jason Clermont (1042 verges) et Ryan Thelwell (1034 verges). Mais sans rien enlever à Brent Johnson, Ryan Phillips et Barrin Simpsons, les Blue Bombers comptaient sur la meilleure unité défensive.

Les Lions de Dickenson ont remporté leur 10e victoire de suite grâce à un spectaculaire gain de 61-27 aux dépens des Renegades d’Ottawa. La Colombie-Britannique, à l’aide, notamment, des six revirements provoqués par sa défense, menait 61-13 avec quatre minutes à jouer. Puis on avait eu un avant-goût de leur descente la semaine suivante, alors qu’ils avaient tout juste vaincu les Alouettes de Montréal 27-26. Les Montréalais avaient dominé la rencontre, mais les Lions avaient réussi à recouvrer trois échappés des Alouettes, et ils ont été sauvés par une passe incomplète du quart-arrière Anthony Calvillo lors d’un converti de deux points, en fin de match, qui aurait donné la victoire à l’équipe de l’entraîneur-chef Don Matthews.

Plutôt que d’y aller avec un converti d’un point pour créer l’égalité et disputer une prolongation, les Alouettes ont parié et ont perdu. Ce match avait aussi mis sous les projecteurs le plus gros problème des Lions, en 2005 : leur protection du quart-arrière. Malgré leur impressionnant début de saison, la Colombie-Britannique occupait le dernier rang du circuit pour les sacs accordés, et Dickenson avait été victime de sept sacs lors de cette victoire par un point contre Montréal.


 
Peut-être que la question qu’il faut se poser à propos des Blue Bombers de 2022 est celle-ci : qu’arrivera-t-il à la suite de leur premier revers? En 2005, les Lions avaient baissé pavillon par la marque de 37-20 devant Ricky Ray et Edmonton lors de la Semaine 14. À la suite de leur début de saison parfait, la Colombie-Britannique avait encaissé des défaites de 28-19 contre la Saskatchewan, de 44-23 contre Winnipeg et de 46-44 contre Montréal, avant de finir la saison en force avec une victoire de 41-1 aux dépens des Blue Bombers. Les Lions ont perdu contre Ray en finale de l’Ouest, et, soudainement, tout le monde s’est mis à oublier ce début de saison de 11-0 de la formation de l’entraîneur-chef Wally Buono en 2005.

Difficile d’imaginer qu’une telle fin de saison attend O’Shea, Collaros, Willie Jefferson et les autres membres de cette formidable équipe. Mais nous jouons au football, et tout peut arriver dans ce sport.

Après leur revers aux mains d’Edmonton, personne au sein de la formation des Lions, en 2005, ne savait ce qui allait arriver. À la suite de ce match, les membres des médias écrivaient que la Colombie-Britannique souhaitait retrouver son intensité, et que ses joueurs étaient ravis d’avoir la chance de rebondir dès la semaine suivante.

Donc oui, comme à peu près tout le monde, nous sommes curieux de voir jusqu’où se rendra cette série de victoires. Et si le club réussit à se rendre à 13-0, la grande question sera de savoir s’il pourra être la première organisation à terminer la campagne avec une fiche parfaite de 18-0. Mais peut-être que la question la plus intrigante est de voir comment les Blue Bombers réagiront à la suite d’un match où leurs rivaux auront marqué plus de points qu’eux.

Jusqu’à ce moment, la grande bataille se poursuivra. Qui l’emportera : le jeune quart-arrière Nathan Rourke, ou les éprouvés Blue Bombers?

D’après une chronique de Matthew Cauz publiée sur CFL.ca.