Jean-Francois Massé/Université de Sherbrooke
SHERBROOKE – Pendant un bon moment, Anthony Vandal a dû se demander pourquoi il avait invité un grand groupe d’amis et de membres de sa famille – une trentaine d’entre eux, selon lui – pour regarder le repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF) dans le restaurant d’un ami à Sherbrooke, au Québec, mardi.
Alors que la soirée avançait, des noms noircissaient le tableau. Mais pas celui de Vandal.
Oubliez les deux derniers paragraphes, en fait : de la manière dont le dernier espoir sélectionné lors du repêchage 2023 de la LCF parle de ses proches, on a la nette impression que la soirée aurait été belle, quoi qu’il arrive. Après tout, le natif de Sorel-Tracy, au Québec, était entouré de personnes qui lui sont chères.
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Le joueur de ligne offensive de l’Université de Sherbrooke Anthony Vandal a attendu toute la soirée de voir son nom apparaître sur le tableau du repêchage. Aujourd’hui, il entend bien faire bon usage de son opportunité avec les Argonauts de Toronto (Jean-François Massé/Université de Sherbrooke)
« J’ai payé le souper pour tout le monde », a confié le produit du Vert et Or de Sherbrooke âgé de 25 ans, admettant que la facture s’est élevée à 700 dollars.
« C’est une petite somme quand on pense à tout le temps et à toute l’énergie que ces gens ont mis pour me soutenir, pendant toutes ces années », a-t-il ajouté.
« C’était donc tout simplement une façon pour moi de les remercier. Ce n’est que de l’argent. »
L’imposant joueur de ligne offensive s’attendait à être choisi en milieu de repêchage. Il ne se faisait aucune illusion sur le fait d’être sélectionné plus tôt, ne prêtant que très peu d’attention à la télévision lors de la diffusion des deux premiers tours. Vandal se sentait bien, il se sentait reconnaissant, et il était convaincu de voir son nom apparaître très bientôt sur le tableau. Il a donc discuté avec désinvolture avec ses invités lorsque le commissaire Randy Ambrosie est apparu à l’écran pour annoncer les noms de ceux qui ont été choisis en premier.
Alors que la soirée avançait et que les choix étaient effectués, le nom de Vandal n’apparaissait pas sur le tableau de repêchage. S’il en était contrarié, il le cachait bien, pense-t-il. De plus, il continuait d’espérer que son nom soit le prochain à apparaître. Comme l’un des personnages historiques qu’il admire – Winston Churchill –, Vandal a persévéré, même à l’heure la plus sombre.
« Quand j’ai vu que je n’allais pas être l’un de ces choix à ce moment-là », a dit Vandal à propos des quatrième, cinquième et sixième tour, « j’ai commencé à me poser quelques questions. J’ai commencé à angoisser. »
Puis… boum! Avec le 72e et dernier choix du repêchage 2023, grâce aux Argonauts de Toronto, Vandal a couronné une belle soirée avec ses proches avec de bonnes nouvelles.
« Tout le monde a explosé de joie », a imagé Vandal en parlant du moment où sa sélection est devenue officielle.
« C’était un bon moment avec tout le monde qui m’est cher », a-t-il poursuivi. « Quand c’est arrivé, j’étais très heureux que tout le monde soit là pour célébrer avec moi. »
Lorsque vous êtes un espoir très convoité, lorsque votre nom fait partie du top-10 ou même du top-20 à l’approche du repêchage, le rang auquel vous êtes sélectionné peut avoir une grande importance. Mais pour un espoir moins prisé, cela n’a pas tellement d’importance. Pour Vandal, le simple fait d’obtenir un laissez-passer pour lui permettre de continuer à faire ses preuves est ce qu’il y a de plus important, même s’il est passé à un choix de ne pas apparaître sur le tableau du repêchage de la LCF.
« J’ai été choisi », a dit celui qui prépare actuellement son mémoire de maîtrise en intervention et changement organisationnel. « C’est la seule chose que je voulais. Je voulais être repêché pour avoir l’opportunité de jouer au football professionnel. En ce moment, c’est là où j’en suis. »
« Tout, dans les semaines à venir, est entre mes mains », a-t-il dit, sachant que si le rang où il a été choisi ne dépendait pas de lui, le reste l’était. « Je peux contrôler mes performances sur le terrain. J’ai eu ma chance de jouer. Je vais montrer aux Argos qu’ils ont fait le bon choix. »
Mesurant six pieds et trois pouces et pesant 290 livres, Vandal ne cesse de s’améliorer en tant que joueur de ligne offensive depuis qu’il a commencé à jouer à l’adolescence. Au cours de son séjour à l’Université de Sherbrooke, il a été nommé sur l’équipe d’étoiles du RSEQ trois fois. La saison dernière, il a été nommé sur la deuxième équipe d’étoiles de U SPORTS, un honneur national enivrant.
Vandal s’inspire de joueurs comme Kristian Matte et Laurent Duvernay-Tardif dans sa quête de devenir un joueur complet sur le terrain et en dehors de celui-ci (Jean-François Massé/Université de Sherbrooke)
Tout en travaillant pour améliorer son jeu – un certain nombre d’observateurs de la LCF croient qu’il devra passer de bloqueur à garde chez les professionnels – Vandal conservera quelques modèles en tête lorsqu’il se rendra sur le terrain avec les recrues de la formation torontoise dans une semaine.
« Pour moi, c’était toujours le football et l’école », a expliqué Vandal, exprimant son admiration pour Laurent Duvernay-Tardif, l’ancien joueur de ligne offensive de l’Université McGill qui a remporté un Super Bowl avec les Chiefs de Kansas City avant de suspendre sa carrière de footballeur et de mettre son diplôme en médecine en pratique pour devenir un travailleur de première ligne pendant la pandémie de COVID-19.
« Deux choses importantes pour moi », a poursuivi Vandal. « Laurent a fait la même chose. Il n’a jamais abandonné l’école. C’était un très bon joueur sur le terrain. C’est donc une bonne personne à suivre et dont je peux m’inspirer. »
Le garde des Alouettes de Montréal Kristian Matte est un autre joueur que Vandal admire.
« Il se présente à toutes les séances d’entraînement et à tous les matchs; il fournit toujours le même effort », a dit Vandal. « Je me suis vu dans son jeu », dit-il, ayant vu Matte jouer pendant ses propres années à se développer comme joueur de football.
« C’est aussi un grand leader », a ajouté Vandal.
Ce qui nous amène à Churchill, le personnage historique légendaire avec qui Vandal dit qu’il aimerait s’asseoir pour prendre un repas, s’émerveillant de la ténacité de Churchill et de sa capacité à inspirer. « Comment a-t-il réussi à garder les gens motivés et à gérer toute cette pression? »
« J’aime vraiment sa ténacité, sa résilience », a dit Vandal à propos du politicien auréolé par son action lors de la Seconde Guerre mondiale qui a un jour dit « nous ne nous rendrons jamais ».
« N’abandonnez jamais », a dit Vandal, en faisant référence aux jours et aux semaines, peut-être même aux années à venir, dans ce qu’il espère être une longue carrière dans la LCF.
Le dernier joueur repêché faisait peut-être aussi référence à sa soirée précédente, lorsque ses attentes ont été mises à l’épreuve alors qu’il offrait un repas au restaurant à ses proches, quel qu’en soit le coût.