
MONTRÉAL – La Ligue canadienne de football (LCF) nous présente du football au plus haut niveau, en mettant de l’avant les meilleurs talents que le Canada a à offrir. Il est gratifiant de voir notre pays développer, avec de plus en plus d’expertise, des joueurs de chez-nous qui ont un impact dans la LCF.
Mais la question est toujours soulevée quant à la situation au poste de quart-arrière. En effet, parmi les neuf quarts pressentis pour être les partants de leur équipe respective, tous sont américains. C’est un phénomène qui ne date pas d’hier : depuis Russ Jackson, qui a amorcé 137 rencontres dans les années 50 et 60, aucun passeur canadien n’est arrivé à s’imposer comme partant dans la LCF, à l’exception de Nathan Rourke, en 2022, avec les Lions de la Colombie-Britannique.
Le vent serait-il en train de tourner ? Avec l’avènement de quarts canadiens comme Tre Ford, espoir de premier plan des Elks d’Edmonton, et Rourke, qui est présentement dans la NFL, certaines portes semblent s’ouvrir pour les quarts qui ont pour bannière l’Unifolié.
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C’est ce qu’espère Jonathan Sénécal, quart vedette des Carabins de l’Université de Montréal, qui participe présentement au camp d’entrainement des Alouettes de Montréal, dans le cadre du programme de stage pour quart-arrière de la LCF.
Jonathan Sénécal participe présentement au programme de stage pour quart-arrière de la LCF / AlouettesdeMontreal.com
Après la victoire des siens lors de la Coupe Vanier, en novembre dernier, le natif de Mirabel profite du camp des Oiseaux pour peaufiner ses habiletés et apprendre auprès des meilleurs. Celui qui sera admissible au repêchage 2025 de la LCF se dit inspiré par les récents succès de ses homologues canadiens.
« On a moins d’exposition que les joueurs aux États-Unis. Il faut juste qu’on se fasse donner une chance. Tu vois des quarts canadiens comme Tre Ford, qui saisissent leur opportunité; c’est certains que ça va aider les prochains », mentionne-t-il après l’entrainement des Alouettes, mercredi, sous le chaud soleil de Saint-Jérôme.
Sénécal est certainement à l’avant-plan de cette prochaine génération de quart-arrières canadiens, lui qui, depuis son temps au Collège André-Grasset, est considéré comme le meilleur passeur québécois, et canadien, de surcroît, de sa génération.
Plus d’opportunité? Techniques d’entrainement? Talent naturel? Qu’est-ce qui explique la supériorité de Sénécal par rapport à la majorité des quarts canadiens, qui plafonnent au niveau universitaire? Pour le principal intéressé, le secret est la bonne vieille ardeur au travail.
« J’ai une excellente éthique de travail, je veux toujours en faire plus. C’est quelque chose dans ma carrière qui m’a différencié. Je suis aussi athlétique pour un quart universitaire canadien. C’est un atout qui élève mon jeu par rapport aux autres quarts. »
Ne prenons toutefois par cette confiance en soi pour de l’arrogance. Sénécal, qui a remporté en 2023 le trophée Hec Crighton, remis au joueur de football universitaire canadien par excellence, constate depuis maintenant deux semaines les différences flagrantes entre le football universitaire et celui joué dans la LCF.
« En voyant la rapidité et la grosseur des gars (au camp des Alouettes), je sais qu’il y a des trucs sur lesquels je dois travailler. Je suis prêt à le faire et ça ne sera pas un problème », affirme celui qui a récolté 2215 verges de gains par la passe en 2023.
À Saint-Jérôme, Sénécal assume pleinement son rôle d’observateur, tentant d’assimiler le plus d’informations possible auprès du quart Cody Fajardo et de l’entraîneur des quarts, Anthony Calvillo.
Jonathan Sénécal (#2) profite de l’expérience de Cody Fajardo (#7) et Caleb Evans (#5) / AlouettesdeMontreal.com
« J’ai beaucoup appris : le niveau de jeu (dans la LCF), la préparation des gars pour les pratiques. Je suis en mode observation pour ramener ces choses-là avec moi. »
Sénécal se dit d’ailleurs très admiratif de Fajardo, qui a été nommé joueur par excellence de la dernière Coupe Grey.
« Sa préparation est impressionnante. Son anticipation et sa compréhension du jeu aussi. Tout ce qu’il fait et qui fonctionne bien, c’est certains que je vais le ramener avec moi aux Carabins », explique-t-il.
Joueur vedette des Carabins – sa photo format géant accueille d’ailleurs les visiteurs à l’entrée du Cepsum – Sénécal se retrouve dans le bas de la chaine alimentaire à Saint-Jérôme, phénomène qu’il apprécie.
« Je vois à quel point je dois travailler fort pour être en mesure de me rendre là un jour. Le camp m’a vraiment démontré que, oui, tu peux être un bon joueur au niveau universitaire, mais quand tu arrives au niveau professionnel, ce n’est vraiment pas la même affaire! »
Ayant déjà atteint les plus hauts sommets du football universitaire canadien, autant collectivement qu’individuellement, on pourrait être tenté de croire que Sénécal amorcera sa dernière saison universitaire chez les Carabins avec comme principal objectif sa préparation pour le repêchage 2025 de la LCF. Sa réponse?
« J’anticipe beaucoup plus notre saison. J’anticipe beaucoup plus la Coupe Vanier que le repêchage, ça va de soi. »
Jonathan Sénécal sera-t-il un quart partant dans la LCF dans les années à venir? Seul le temps nous le dira, mais si on s’en fit à cette dernière réponse, il est clair qu’il possède déjà les qualités de meneur d’hommes requises pour occuper un de ces neuf postes tant convoités.