Chad Hipolito/LCF.ca
MONTRÉAL – Tout le monde en Colombie-Britannique peut pousser un soupir de soulagement; la séquence de défaites des Lions est désormais chose du passé.
Les Lions ont joué leur meilleur match de football depuis un bon moment, et les acquisitions du mois d’août – dont je parle pratiquement chaque semaine – ont eu un impact dans ce match-là.
Les deux premiers matchs du quart-arrière Nathan Rourke ont été un peu plus difficiles, lui qui peinait à prendre son rythme, mais je ne pense pas qu’on était inquiet en Colombie-Britannique. On savait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il s’acclimate à la formation des Lions, et, dès samedi, il a été très bon contre Ottawa.
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Oui, il a lancé trois passes de touché. Mais c’est en regardant le match dans son ensemble qu’on peut vraiment apprécier son niveau de jeu. Son calme m’a beaucoup impressionné. Plusieurs fois, il n’a pas eu le choix d’y aller avec une passe très précise, alors que la pression s’amenait sur lui. Et, chaque fois, il a quand même réussi à compléter ses passes. Pensons simplement à sa deuxième passe de touché, vers Alexander Hollins : il avait pratiquement un joueur sur le dos, mais il a fait preuve de calme afin de trouver son receveur tout seul dans la zone des buts.
Ce jeu-là, en plus, a donné trois possessions d’avance à la Colombie-Britannique, et, à partir de ce moment-là, l’équipe n’a jamais regardé derrière. Et contrairement à la semaine passée, alors qu’ils avaient marqué dès leurs deux premières séquences et avaient ensuite été victimes de deux revirements – ce qui avait cassé leur rythme et leur avait, éventuellement, coûté le match, les Lions ont marqué des points dès leurs premières séquences… et ils ont marqué des points lors des trois séquences suivantes. Donc cinq séquences de suite à marquer des points en début de match, dont quatre touchés. Difficile de demander mieux comme première demie!
Parlant des acquisitions du mois d’août : Mathieu Betts a aussi un impact sur le dénouement de la partie de samedi. Je ne suis pas en train de dire qu’il était partout sur le terrain à son premier match, mais il a réussi à mettre de la pression sur le quart-arrière Dru Brown du ROUGE et NOIR, et il a réussi son premier sac de la saison. Le compteur est en marche pour Betts, un joueur dont les Lions avaient cruellement besoin – les tranchées, ce n’était pas nécessairement la force des Lions depuis le début de la campagne.
Et l’autre joueur qui m’a impressionné du côté de la Colombie-Britannique, c’est William Stanback. À Montréal, on le voyait comme un joueur unidimensionnel : efficace au sol, mais plutôt absent dans l’attaque aérienne. À ce stade-ci de sa carrière, ce n’est pas nécessairement un aspect qu’on s’attendait à ce qu’il développe.
Cette année, il connaît une bonne campagne au sol, mais il est une grosse cible pour le jeu par la passe des Lions. Personnellement, je trouve qu’il s’est renouvelé. Je pensais que sa carrière était en déclin, mais il faut admettre qu’il donne du très bon football aux Lions.
Du côté d’Ottawa, ne craignons pas les mots : le ROUGE et NOIR a joué un mauvais match. Mais ça ne sert à rien d’appuyer sur le bouton panique, surtout considérant que Toronto a aussi échappé de son match, et donc qu’au classement, ça a limité les dégâts. Je veux quand même souligner la performance de DeVonte Dedmon, comme spécialiste des retours de botté, qui a réussi deux très longs retours de bottée, dont un en début de match qui amenait le ROUGE et NOIR directement dans la zone des Lions. Résultat de ces deux longs retours? Aucun point. Ottawa n’a même pas été capable de tenter un placement.
Donc, un match décevant pour Ottawa, mais le club aura l’occasion de se reprendre.
NE JAMAIS MISER CONTRE LES BLUE BOMBERS
Encore cette année, la plupart des observateurs, moi y compris, se sont fait avoir. Cette fois, c’est par les Blue Bombers. Avec un début de saison de 2-6, on ne donnait pas cher de la peau de Winnipeg en 2024.
Certains disaient même qu’il fallait procéder à un changement d’entraîneur au terme de la saison. L’équipe manquait de punch en attaque. La défense n’était pas intimidante et peu robuste, du moins, pas autant que lors des dernières saisons.
Mais, aujourd’hui, les Bombers sont au sommet dans l’Ouest. Ils ont leur destin entre les mains. Ils pourraient même accueillir des matchs éliminatoires. Ce qui serait tout un exploit considérant ce à quoi ressemblait l’équipe en début de saison. On dit souvent que la « vraie » saison débute lors de la fin de semaine de la fête du Travail. Les Bombers avaient un bon test pour amorcer cette « vraie » saison-là. Oui, les Roughriders sont en train de dégringoler au classement en ce moment, mais ce n’est pas sans donner de bonnes batailles à leurs adversaires. D’ailleurs, ils ont été d’un coup jusqu’à la toute fin de la partie de dimanche. Ils ont dominé la deuxième demie 19-6 au chapitre des points marqués.
Il faut donner crédit à Winnipeg, qui a réussi à s’adapter à ce qu’elle avait sous la main et à faire des trouvailles intéressantes cette saison, en attaque. Les Bombers ont perdu les services de Dalton Schoen pour toute la campagne très rapidement, et Kenny Lawler a raté beaucoup de matchs en début d’année. Il y a d’abord eu l’émergence d’Ontario Wilson, puis, il y a quelques semaines, on a mis sous contrat Lucky Whitehead, qui avait déjà joué à Winnipeg, avant un séjour en Colombie-Britannique.
En ce moment, surtout depuis le retour de Lawler, on ne parle pratiquement plus de Schoen, qui était pourtant considéré comme l’un des meilleurs receveurs de la Ligue. C’est tout l’inverse en Saskatchewan, où l’absence d’AJ Ouellette fait mal. Pendant un certain temps, on s’est bien débrouillé, sans lui, chez les Riders, mais là, je pense que son absence fait une différence, alors que l’identité qui colle à la peau de Ouellette manque présentement aux Riders.
La Saskatchewan est passée près de gagner son match contre Winnipeg, donc pas question de paniquer; il reste énormément de football à jouer d’ici la fin de la saison. Et vu le classement dans la division Ouest, on peut dire que tous les clubs ont leur destinée entre leurs mains.
LES ARGONAUTS SE TIRENT ENCORE DANS LE PIED
Tantôt, on a parlé du retour au jeu de Nathan Rourke.
Un autre quart-arrière, Chad Kelly des Argonauts, disputait son deuxième match cette saison. À son retour, la semaine dernière, il avait bien bougé le ballon, mais il n’avait pas été en mesure de finir ses séquences par des touchés. Ça n’avait pas été trop grave pour les Argos, puisqu’ils avaient réussi à gagner le match. Cette semaine, je l’ai trouvé un peu meilleur, mais je ne crois pas qu’il a encore atteint sa pleine vitesse de croisière. Encore une fois, il a démontré qu’il pouvait faire bouger le ballon, il a lui-même couru avec celui-ci à certaines occasions, et il a fait des jeux importants pour aller chercher des premiers essais.
Mais les Argos se devaient de battre les Tiger-Cats, puis pour une deuxième fois cette année, ils ont perdu contre leurs rivaux de l’Ontario. Je ne pense pas que les Ticats parviendront à rattraper les Argos au classement. Mais on pensait que Toronto allait lutter pour le premier rang de la division Est cette année, et, en ce moment, ils doivent avant tout se battre pour une place en éliminatoires. Et quand on va analyser le tout, à la fin de la saison, les deux matchs échappés contre Hamilton pourraient faire la différence.
Depuis le début de la campagne, on parle du fait qu’on ne peut pas donner une vraie opinion sur les Argos tant que Chad Kelly n’était pas de retour. Je pense qu’à partir de la semaine prochaine, on ne pourra plus parler de la rouille, et du fait qu’il effectue un retour au jeu en pleine saison. Kelly obtiendra un troisième départ, et, comme on l’a vu pour Rourke, je m’attends à ce qu’il prenne son envol lors de ce match.
En marquant des touchés lors de leurs trois premières séquences, les Ticats ont rapidement pris l’option sur le match. Mais le reste de la rencontre n’a pas été spectaculaire pour le quart-arrière Bo Levi Mitchell et pour l’attaque de Hamilton. Il était même temps que le match se termine, parce que Toronto était en train de venir de l’arrière.
Mais c’est une grosse victoire morale pour les Tiger-Cats. Comme le mentionnait Félix Galli dans une entrevue avec le joueur de ligne défensive québécois David Ménard, la chicane est loin d’être prise dans le vestiaire à Hamilton. Et j’ai tendance à croire Ménard : les Ticats ont vu l’occasion de planter une épine dans les pieds des Argonauts, lundi, et ils ont réussi à le faire. Il est agréable de voir que cette équipe-là n’a pas complètement abandonné.
On a eu droit à la première apparition de Taulia Tagovailoa dans la Ligue canadienne de football (LCF), lundi. Je suis content qu’on lui ait donné l’occasion d’aller sur le terrain, de pouvoir se mouiller un peu. On le sait, les Ticats, à moins d’un miracle, ne participeront probablement pas aux éliminatoires. Et, vu son âge, ce n’est probablement pas Bo Levi Mitchell qui guidera l’équipe au cours des prochaines saisons.
On a eu l’occasion de voir, l’an dernier et un peu cette année, Taylor Powell. Là, on a eu l’occasion de voir Tagovailoa.
J’ai hâte de voir si l’un d’eux sera considéré comme le futur de l’équipe. Mais à ce stade-ci, selon moi, du côté de Hamilton, même si, mathématiquement, ce n’est pas terminé, je pense qu’il faudrait se mettre tout de suite en mode 2025, c’est-à-dire faire des expériences afin de savoir quels éléments pourraient faire partie de l’avenir du club ou non.
UN RETOUR À LA GLOIRE POUR LES ELKS
Une quatrième victoire en cinq matchs pour Edmonton.
Après avoir échappé le match à Montréal la semaine dernière, les Elks auraient pu s’écrouler et relier aux oubliettes leur récente séquence de trois victoires. Mais, finalement, ils ont connu un bon match.
Depuis un certain temps, c’était l’attaque au sol qui permettait à Edmonton de connaître du succès, que ce soit avec Javon Leake, avec Kevin Brown ou avec Justin Rankin. En fin de semaine, oui, le jeu au sol a connu un match honnête, mais, pour peut-être la première fois de la saison, c’est vraiment le quart-arrière McLeod Bethel-Thompson qui est allé chercher ce match-là. Il a été la locomotive de l’équipe.
Je me souviens des premiers matchs de l’année, on disait toujours que Bethel-Thompson faisait bien, mais qu’il y avait une ou deux petites erreurs qui coûtaient le match à son équipe. Edmonton perdait d’ailleurs des matchs très serrés en début d’année.
Cette fois-ci, Bethel-Thompson a connu un presque sans faute. Il n’a commis aucune erreur majeure, il a terminé sa soirée avec 487 verges par la passe, il a lancé des passes de touché, et il a permis à trois de ses receveurs d’aller chercher au moins 112 verges sur des réceptions. D’ailleurs, difficile de ne pas parler de Tevin Jones, qui a connu encore un match au-delà des 200 verges sur des réceptions, et qui a marqué deux touchés.
Quand les Alouettes ont libéré Jones pour faire une place à Charleston Rambo au camp, on se demandait lequel allait ressortir du lot. Et si l’expérience Rambo n’avait pas fonctionné à Montréal, aurait-on regretté d’avoir laissé partir Jones? Je pense qu’on a droit à un rare cas dans la LCF où les deux joueurs ont finalement réussi à connaître du succès, et où les deux équipes, au final, sont contentes : Jones est le receveur numéro un d’Edmonton, et Rambo est tout aussi efficace et coûte moins cher à Montréal, ce qui a libéré de la place sur la masse salariale et qui a permis à l’équipe de récemment mettre des joueurs sous contrat.
Avec le classement serré dans l’Ouest, je suis sceptique quant au potentiel de Calgary de participer aux éliminatoires. Oui, parfois, les Stampeders jouent un bon match, mais ils enchaînent rarement les bonnes performances. Si le club veut penser à la Coupe Grey, ce qui veut dire gagner trois matchs éliminatoires, je ne suis vraiment pas sûr que cette équipe peut y parvenir.
Le quart-arrière Jake Maier n’est pas l’homme de la situation selon moi. Depuis qu’il est partant, on n’a vu à peu près aucune progression dans son jeu. Je pense que son avenir, dans la LCF, est comme réserviste. Mais après la campagne, disons que ça s’arrête au premier tour ou qu’on rate tout simplement les éliminatoires, je pense qu’on va passer à autre chose, selon moi. Je me demande même si, à Calgary, on ne va pas peut-être penser à procéder à un changement d’entraîneur-chef. Ça fait plusieurs années que Dave Dickenson est là. Je pense que c’est un bon entraîneur, mais est-ce que le message commence à un peu moins passer à Calgary? Et il a un peu raté son coup avec l’expérience de Jake Maier.
Donc je me demande quel est l’avenir à Calgary. Les dirigeants auront de grosses décisions à prendre. Surtout que l’on voit, dans l’Ouest, que les autres équipes se sont toutes améliorées au cours des dernières années. Du côté des Stampeders, qu’est-ce qui fait en sorte qu’on n’est pas capable de passer au prochain niveau? L’organisation devra se poser bien des questions en vue de la saison 2025.
Propos recueillis par Guillaume Tremblay-St-Gelais.