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9 septembre 2024

Bourbonnais : À force de jouer avec le feu, les Alouettes se sont brûlés

La Presse Canadienne

MONTRÉAL – En commençant lentement en attaque, les Alouettes ont joué avec le feu à presque tous les matchs depuis le début du mois de juillet. Et pour la première fois, vendredi, ils se sont brûlés.

Mais ce réveil tardif de l’attaque des Alouettes n’est pas la seule faiblesse de l’équipe qui a été exposée la semaine passée.

L’équipe a été incapable de freiner le demi offensif des Lions William Stanback, qui a été un vrai train pendant tout le match. Ça fait longtemps qu’on a remarqué les difficultés des Alouettes contre la course; j’en ai glissé un mot plusieurs fois dans mes chroniques. Vendredi, Stanback leur a vraiment servi une leçon d’intensité, lors d’un match qui marquait les retrouvailles entre son ancienne équipe et lui.

Même s’il est âgé de 30 ans maintenant, il peut encore bien se déplacer. Puis, en plein cœur du mois de septembre, il possède encore le même niveau d’énergie qu’en début de saison. Je ne pensais jamais dire ça à ce point-ci de la saison, mais Stanback est probablement le meilleur porteur de ballon de toute la Ligue. Je pense que le touché qu’il a marqué en fin de semaine en a vraiment la preuve – quelle course spectaculaire!

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Une autre faiblesse qui a été exposée est la protection du quart-arrière Cody Fajardo, qui a vraiment fait défaut pendant le match. Fajardo a été victime de quatre sacs, et il a commis un échappé.

Mais au-delà des sacs, c’est vraiment la force des impacts qu’il a reçus qui me préoccupe. Parfois, je voyais les plaqués et je me demandais comment il faisait pour se lever et revenir sur le terrain par la suite, parce que ça avait l’air de cogner fort derrière la ligne de mêlée du côté de Montréal.

En défense, les Alouettes se sont fait avoir deux fois par des faufilades du quart qui se sont finalement transformées en très longs jeux. On ne peut pas parler d’une vilaine habitude, parce que ce n’est pas quelque chose qui est arrivé fréquemment depuis le début de la saison, mais ce sont deux jeux qui ont fait extrêmement mal aux Alouettes. Et celle de Rourke, en fin de match, est vraiment venue clouer le cercueil des Montréalais.

Mais il y a aussi bon dans le match pour les Alouettes.

Ils ont trouvé le moyen de ramener le pointage serré, et ils ont eu leurs chances de revenir dans le match, même s’ils ne sont pas parvenus à compléter la remontée. La défense a provoqué quatre revirements, dont trois interceptions aux dépens de Rourke. C’est aussi la première fois que les Alouettes réussissaient trois sacs depuis la semaine 6.

Du côté des Lions, ce n’est pas compliqué : l’équipe vient de battre coup sur coup les deux meilleures formations de la division Est. De façon assez convaincante en plus.

Donc, même le dernier mois et demi a été plus difficile, les Lions semblent s’être replacés, et même s’ils ne sont pas au premier rang de l’Ouest aujourd’hui – parce qu’ils ne détiennent pas de bris d’égalité avec Winnipeg –, ils ont démontré qu’ils étaient une puissance de Ligue, et qu’ils devront être pris au sérieux d’ici la fin de l’année.

UN REVIREMENT DE SITUATION QUASI IMPENSABLE


C’est incroyable de voir ce que Mike O’Shea a fait avec les Blue Bombers. Il y a quelques semaines, on se demandait si c’était peut-être sa dernière année à la barre de l’équipe, et s’il n’était pas temps de passer à autre chose à Winnipeg.

Aujourd’hui, son équipe est au premier rang de l’Ouest, et il est l’entraîneur-chef le plus victorieux l’histoire des Blue Bombers. Il est aussi un candidat logique au titre d’entraîneur-chef de l’année, en raison du travail qu’il a effectué avec son équipe. Winnipeg a commencé l’année avec une grosse série de défaites, mais si les éliminatoires commençaient aujourd’hui, l’équipe profiterait d’une semaine de congé et accueillerait la finale de l’Ouest.

Le quart-arrière Zach Collaros a bien protégé le ballon. C’était primordial, parce qu’on était peut-être à un revirement près de voir la victoire basculer du côté des Roughriders. La preuve, c’est que le quart-arrière de la Saskatchewan, Trevor Harris, a été victime de deux interceptions, dont la première, tôt dans le match, qui a donné un positionnement avantageux aux Bombers puis qui a donné un touché, et la deuxième, à la fin du match, qui a mis fin aux espoirs des Riders, tout simplement.

En ce moment, je ne dirais pas que Harris joue du mauvais football, mais les Riders ont besoin d’un meilleur apport de ce dernier pour gagner. Ils ont besoin que leur meneur soit le meilleur joueur du club. Il me fait beaucoup penser à McLeod Bethel-Thompson des Elks en première moitié de saison : il joue bien, mais il commet une ou deux petites erreurs qui nous empêchent de dire qu’il connait un grand match, et, au final, son équipe perd le match.

Si on prend l’équipe dans son ensemble, les Riders de 2024 ressemblent beaucoup aux Riders de 2023. L’an dernier, dans la dernière ligne droite de la saison, la Saskatchewan avait joué son pire football, et l’équipe avait raté les éliminatoires, après s’être complètement écroulée. Le club va-t-il rater les éliminatoires encore cette année? J’en doute, mais la manière dont il joue en ce moment n’est vraiment pas encourageante.

LE ROUGE ET NOIR ENVOIE UN MESSAGE


Je pense qu’on peut le dire haut et fort : Ottawa est une équipe supérieure à Toronto.

Ça fait trois matchs que le quart-arrière Chad Kelly est partant; on ne peut plus utiliser l’excuse de la rouille dans son cas. Il devrait avoir pris son rythme. Les autres quarts-arrière qui ont raté des matchs avaient leur pris leur rythme après deux parties, et Kelly doit être évalué selon les mêmes standards.

Le ROUGE et NOIR a été sans complexe, samedi.

Le demi défensif Damon Webb a retourné deux interceptions pour des touchés en première demie, une première depuis 2015 du côté d’Ottawa, qui menait 31-3 à la mi-temps. La défense a complètement pris d’assaut Kelly. Elle a réussi six sacs, quatre interceptions – dont les deux de Webb mentionnées ci-dessus –, et du début à la fin de la rencontre, on l’a dérangé dans le champ arrière.

Je pense que, d’ailleurs, Toronto doit commencer à se poser des questions. Moi, ce match-là, pour Chad Kelly, m’a beaucoup fait penser à la finale de l’Est, l’an passé, contre les Alouettes. On sait que Kelly est un quart-arrière talentueux, mais quand la chaîne débarque, quand il fait face à de l’adversité, on dirait que ç’a un effet boule de neige dans son jeu. L’an dernier, il n’a pas été testé souvent. Son équipe a terminé avec une pièce de 16-2. Quand il a eu son plus gros test lors des éliminatoires et qu’il a été victime d’une interception retournée pour un touché dès la première séquence de la finale de l’Est, ça avait complètement cassé son jeu, et il n’avait pas été le même pendant tout le reste de la partie.

C’est quelque chose de similaire qui est arrivé en fin de semaine. Son échantillon comme partant dans la LCF est petit, alors on ne peut pas vraiment parler de tendance : ce n’est pas arrivé souvent qu’il ait dû faire face à de l’adversité. Mais c’est sûr qu’à partir de maintenant, on va commencer à porter plus attention à ça. Quand il est victime d’un revirement rapidement, ou quand il se fait frapper fort rapidement, sera-t-il toujours déboussolé comme ce fut le cas lors de ces deux matchs-là?

Les Argos doivent arrêter de penser rattraper Montréal au classement. Maintenant, ils devraient commencer à penser aux équipes de l’Ouest, parce que ce sont elles qui forment la plus grande menace pour Toronto en vue des éliminatoires, en raison de la règle du croisement. La manière dont les Argos jouent en ce moment, c’est une possibilité, que le club doit envisager.

CALGARY A JOUÉ LE TOUT POUR LE TOUT


Toute la semaine, selon ce que j’entendais dans les entrevues réalisées à Calgary, j’avais l’impression que les Stampeders jouaient vraiment le tout pour le tout cette semaine.

Le club venait de perdre trois matchs de suite et ne jouait pas bien. Les entraîneurs ont pris la décision de clouer le quart-arrière Jake Maier sur le banc et d’essayer de provoquer des étincelles en donnant un premier départ à Logan Bonner. Les Stamps retrouvaient aussi les services de Dedrick Mills, leur demi offensif numéro un, qui a raté le mois d’août au complet.

On se disait que les Stamps allaient peut-être nous surprendre. Finalement, ça a été un échec total.

Bonner a lancé cinq interceptions. Plus le match avançait, plus ça semblait difficile pour lui sur le terrain. Donc, on a complètement raté notre coup du côté de Calgary. Les Stamps ont atteint la zone payante à leurs deux premières séquences en attaque, notamment grâce à une pénalité, mais Bonner a lancé sa première interception de match dans la zone payante, et ils n’ont jamais remis les pieds à l’intérieur de la ligne de 20 verges des Elks pour le reste du match. Cette interception-là a semblé briser l’attaque de Calgary.

Si on fait abstraction de cette séquence au premier quart, il ne s’est pas passé grand-chose d’un côté comme de l’autre, en attaque. Mais une fois que les Elks ont trouvé leur erre d’aller au deuxième quart, ils ont pris le contrôle du match, et ils ont vraiment appuyé sur l’accélérateur pour ne plus voir les Stamps dans leur rétroviseur. Les Elks sont rentrés au vestiaire avec une avance de 23-6 à la mi-temps, une avance importante, mais pas insurmontable, quand tu as une équipe qui a une grande force de caractère et quand tout le monde est sur la même longueur d’onde et vise un objectif précis.

Mais Calgary ne semble pas être ce genre d’équipe cette saison. La confiance semble très fragile, et malheureusement, à ce point-ci de la saison, après la fin de semaine de la fête du Travail, une équipe ne peut pas se permettre d’avoir cette fragilité-là, encore moins un club comme les Stamps, qui est en retard au classement.

Personne n’a été vraiment surpris de voir Edmonton gagner. Mais ce que j’ai aimé, c’est qu’après le match de la semaine dernière, où les Elks ont été forcés de passer le ballon à outrance, on est revenu à la recette qui avait fait le succès de l’équipe au cours des semaines précédentes, c’est-à-dire courir avec le ballon : 213 verges au sol dans le match de samedi pour Edmonton, soit plus du double que les verges au sol de Calgary.

Edmonton a maintenant gagné cinq de ses six derniers matchs, et les éliminatoires sont bel et bien à la portée de l’équipe. C’est une bonne nouvelle, parce que, je le répète, elle ne méritait pas de perdre ses cinq premiers matchs, et elle aurait dû en gagner quelques-uns, ce qui lui aurait permis d’être dans une meilleure position au classement qu’en ce moment. Donc, je suis content de les voir remonter dans l’Ouest.

J’aimerais souligner en terminant que le receveur Eugene Lewis a encore connu un bon match pour Edmonton. Sans dire qu’il a tout cassé, je pense qu’il joue son meilleur football depuis quelques semaines, ou, du moins, son meilleur football depuis qu’il est arrivé à Edmonton.

Propos recueillis par Guillaume Tremblay-St-Gelais.