VANCOUVER – C’est incroyable de penser à ça, n’est-ce pas? Il y a à peine six mois, Janarion Grant était un joueur de football sans équipe. Les Blue Bombers de Winnipeg, son équipe des quatre saisons précédentes, n’avaient pas réussi à conclure une entente avec le joueur étoile de 30 ans lors de la période des joueurs autonomes en février.
En fait, Grant n’avait signé de contrat avec aucune équipe jusqu’à ce qu’il rejoigne les Argonauts de Toronto en mai dernier, après le début des camps d’entraînement.
Ce dimanche, lors de la 111e Coupe Grey à Vancouver, Grant et les Argos croiseront à nouveau le fer avec les Blue Bombers. Grant arrive fraîchement couronné du titre de joueur par excellence sur les unités spéciales de la LCF, un prix qui lui a été remis jeudi soir.
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Après quatre saisons brillantes en bleu et or, Grant a réalisé une autre campagne exceptionnelle, cette fois avec les Argos, retournant trois dégagements et un botté d’envoi pour des touchés, lors de la saison régulière, puis ajoutant un spectaculaire touché sur un dégagement de 71 verges lors de la victoire en finale de l’Est contre les Alouettes de Montréal la semaine dernière.
« Pas de rancune, ce n’est que de l’amour, » a déclaré Grant à propos de son ancienne équipe qu’il affrontera ce dimanche.
« Peu importe l’adversaire devant moi, je dois essayer de leur rendre la vie impossible, » a-t-il ajouté d’une manière douce et posée.
Voici trois raisons pour lesquelles Janarion Grant a connu une première saison aussi spectaculaire à Toronto.
ÊTRE CAPABLE DE SE FRAYER UN CHEMIN
Demandez au coordonnateur des unités spéciales des Argos, Mickey Donovan, ce que Janarion Grant peut faire, et vous obtiendrez bien plus que ce qui est évident à l’œil nu; Grant est doté de mouvements imprévisibles et de la vitesse nécessaire pour s’échapper.
En plus de son explosivité, Grant a une capacité exceptionnelle à comprendre le trafic qui se déroule devant lui rapidement.
« Janarion fait un excellent travail pour reconnaître où ses blocs se mettent en place et les points de levier que nous essayons d’attaquer et d’exploiter chez nos adversaires, » a expliqué Donovan cette semaine. « Comprendre cela à pleine vitesse, alors qu’il prend la verticalité, c’est quelque chose d’unique chez lui. Tous les retourneurs n’ont pas ça. »
Le talent de Grant est une chose, et c’est un ingrédient très important pour faire fonctionner le jeu de retour des Argos. Mais, selon Donovan, ce n’est pas tout.
« Nous avons des repères sur nos retours que tout le monde connaît, » explique l’entraîneur adjoint de troisième année. « Des choses que je pointe sur certains retours qui aident les gars sur le terrain — pour qu’ils sachent où nous essayons de frapper, en fonction de certains leviers et de la profondeur du botté. »
« Tout se met en place différemment chaque retour, et on ne sait jamais où ça va tomber. Mais quand les gars comprennent ça, et que les douze joueurs travaillent ensemble, il fait rapidement ses lectures, il sait ce qu’il doit chercher et comment tout traverser. »
EN PLEINE COHÉSION AVEC SON ENTRAÎNEUR
Quand on lui demande si Grant a dû changer complètement sa façon de jouer après avoir été embauché par les Argos, Donovan a commencé à parler de compromis. Si Grant est dans un nouvel univers en 2024, Donovan devait aussi s’adapter. Il venait de passer deux saisons à être le coordonnateur d’un autre excellent spécialiste des retours de botté, Javon Leake, qui est parti pour les Elks d’Edmonton lors de la période des joueurs autonomes.
« Ça va dans les deux sens, » explique Donovan. « Je pense que Leake est un retourneur différent de Janarion, et la façon dont j’avais tout mis en place pour lui était probablement un peu différente. Et Leake effectuait les retours différemment. »
« Janarion est différent, et j’ai dû m’adapter à lui. Dans le bon sens. »
Pour Grant, cette adaptation s’est faite en douceur, et il a accepté que lui et Donovan mettent de l’eau dans leur vin et, qu’ensemble, ils bâtissent un projet.
« On se met tous les deux à fond et je vois ce que je vois, il voit ce qu’il voit. On apprend l’un de l’autre. »
Au fur et à mesure que les deux se sont mieux connus, les ajustements sont venus, l’harmonie s’est installée, et les résultats ont rapidement suivi.
Grant a retourné un dégagement pour un touché contre la Saskatchewan lors de la semaine 5, un botté d’envoi retourné pour un touché contre Montréal la semaine suivante et encore un touché sur un retour de dégagement contre Hamilton lors de la semaine 7. C’était trois touchés lors de trois semaines consécutives. Puis, lors de la semaine 10, il y a eu un touché sur un retour de 86 verges contre Calgary, puis, la semaine dernière, il a été la source d’une montée d’adrénaline en finale de l’Est, alors que les Argos tiraient de l’arrière face aux Alouettes 16-7, à la fin du deuxième quart.
« J’assimilais sa façon de jouer, pour qu’après, je lui offre mes commentaires. » a expliqué Donovan. « Mais en aucun temps, je ne voulais pas trop le changer », a ricané l’entraîneur en expliquant sa philosophie.
ÉCHOUER N’EST PAS UNE OPTION POUR LES BLOQUEURS
Sur les retours de dégagement et de botté d’envoi, les bloqueurs des Argonautes sont aussi motivés que ceux de n’importe quelle autre équipe. Mais ils doivent aussi composer avec un entraîneur qui prend les blocs manqués très personnellement. Pas pour lui, mais pour Grant.
« Quand je le vois se faire frapper assez fort, et si c’est un de nos gars qui a perdu son bloc, ils vont l’entendre sur la ligne de côté, » a expliqué Donovan. « Et ils comprennent. Ils ne veulent pas qu’il prenne ces coups non plus. Ça touche une corde sensible chez moi. »
« Parce qu’à mes yeux, nous sommes là pour le protéger. »
Donovan est fier de ses joueurs d’unités spéciales, estimant qu’il a une brigade pleine d’énergie et dotée de cette personnalité protectrice qu’il partage lui-même.
« Je pense qu’ils ont tous cet engagement, que peu importe ce qu’on dessine, peu importe ce qu’on leur demande, ils le font du mieux qu’ils peuvent. Et ils donnent tout ce qu’ils ont. »
Une grande partie de cela peut être attribuée à Grant. La façon dont il se comporte, a dit Donovan, a fait de lui un atout précieux pour les Argos, et un joueur très apprécié.
« Professionnel, » a dit Donovan de Grant. « Il vient au travail, il veut être génial pour ses coéquipiers, il donne tout ce qu’il a, ne parle pas beaucoup. Mais les gars l’adorent et moi aussi. »